Vatican: Mgr Filoni appelle à renouveler le dialogue entre le Saint-Siège et Pékin
Espoir d’une nouvelle phase des rapports bilatéraux avec la Chine
Rome, 26 octobre 2012 (Apic) Le cardinal Fernando Filoni a lancé le 25 octobre un appel afin de renouveler le dialogue conflictuel entre le Saint-Siège et la Chine. Le préfet de la Congrégation romaine pour l’évangélisation des peuples souligne que le Saint-Siège espère une nouvelle phase des rapports bilatéraux avec la Chine.
«La résolution des problèmes ne peut se faire à travers un conflit permanent», souligne le cardinal Filoni dans un article publié par la revue «Tripod», éditée par le Centre de recherche «Holy Spirit Study Centre» du diocèse catholique de Hongkong.
Mgr Filoni, dans sa contribution, confirme «la valeur, l’opportunité et l’actualité» de la lettre adressée par le pape Benoît XVI aux catholiques chinois en 2007. Ce texte pontifical – relève le cardinal Filoni le 25 octobre 2012 – n’avait pas comme but primaire une finalité politique. La lettre – «toujours valide» – visait plutôt à manifester publiquement ce qu’était l’attitude du Siège apostolique vis-à-vis de la «situation complexe» de l’Eglise en Chine, rapporte le 26 octobre Radio Vatican.
Prendre exemple sur le dialogue entre le Saint-Siège et le Vietnam
Mgr Filoni insiste également sur des obstacles qui sont apparus au cours des cinq dernières années. Il mentionne d’abord la VIIIème Assemblée nationale des représentants catholiques, organisée par les autorités de Pékin en décembre 2010, qui a «renforcé le contrôle de l’Etat sur l’Eglise». Ensuite, il relève les «lourdes interférences» des autorités civiles chinoises sur les nominations d’évêques. Enfin, il déplore l’intervention «d’évêques illégitimes» lors des consécrations épiscopales. Cette ingérence a créé «de dramatiques crises de conscience tant chez les évêques consacrés que chez les évêques consécrateurs».
Face à cette situation d’impasse, le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples se demande si n’est pas venu le temps de penser à une nouvelle manière de dialoguer, plus ouverte et à un niveau plus élevé. Il cite notamment le modèle des commissions de dialogue établies entre le Saint-Siège et le Vietnam. Alors que le XVIIIème Congrès du parti communiste chinois s’apprête à mettre en œuvre de profonds changements dans le profil de la direction politique nationale, le Saint-Siège espère une nouvelle phase des rapports bilatéraux.
L’Eglise en Chine, dans son ensemble, n’a jamais été «schismatique».
Le cardinal Fernando Filoni, dont le dicastère assure le suivi de l’Eglise de Chine, explique que depuis la publication en 2007 de la «Lettre de Benoît XVI aux catholiques chinois», les tentatives pour nouer un dialogue avec Pékin se sont heurtées à «d’énormes difficultés». Après des années d’étude, rappelle le cardinal Filoni, le Saint-Siège a acquis la conviction que l’Eglise en Chine, dans son ensemble, n’a jamais été «schismatique».
Cependant, l’Eglise en Chine «continue de subir cette déchirante division entre ceux qui n’avaient pas accepté de compromis avec les autorités et leur contrôle politique de l’Eglise, et ceux qui l’avait accepté ’par calcul existentiel’. Ces profondes blessures de l’Eglise ne parviennent pas à cicatriser, en grande partie à cause d’interventions extérieures». C’est pourquoi, poursuit Mgr Filoni, dans le cas particulier de l’Eglise en Chine, toute tentative visant à favoriser la réconciliation ecclésiale implique également, de manière réaliste, la nécessité d’un dialogue entre le Saint-Siège et le pouvoir politique chinois.
Le cardinal Filoni cite parmi les signaux préoccupants les plus récents, le cas de Mgr Daquin, évêque auxiliaire de Shanghai, privé de liberté parce que, le jour de son ordination épiscopale, il avait exprimé vouloir se consacrer entièrement à son ministère pastoral. Il avait par conséquent renoncé à ses charges au sein de l’Association patriotique – l’instance contrôlant la partie «officielle» de l’Eglise en Chine.
«Quand la liberté religieuse est violée ou sévèrement limitée, ne revient-il pas à l’Eglise toute entière, et donc en premier lieu au Saint-Siège, de défendre les droits légitimes des fidèles chinois, en donnant une voix à ceux qui en sont privés ?», écrit le cardinal.
Réaffirmant avec force qu’un Chinois n’a, en aucune manière, à renoncer à sa culture ou à son identité nationale dès lors qu’il embrasse la foi catholique, le cardinal appelle les autorités chinoises à ne plus se montrer sourdes aux appels de ceux de leurs concitoyens qui sont catholiques et qui souhaitent vivre leur foi comme n’importe quel autre catholique.
Encadré
En dépit des analogies indubitables et multiples entre les politiques religieuses de la Chine et du Vietnam (une même inspiration marxiste, le contrôle général exercée par certaines instances d’Etat sur la vie spirituelle des diverses communautés religieuses, le rôle joué par les Bureaux des Affaires religieuses), un point fondamental différencie, au moins dans le domaine du catholicisme, le cas vietnamien du cas chinois, rappelle «Eglises d’Asie» (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP).
Depuis la création de la République démocratique du Vietnam en 1954, les autorités politiques vietnamiennes ont toujours admis l’existence de rapports spéciaux entre la communauté catholique vietnamienne et le Saint-Siège, même si elles désiraient les contrôler. Ces rapports particuliers avec Rome étaient déjà mentionnés dans les premières directives signées de Hô Chi Minh en 1956.
La Chine, en revanche, tient un tout autre langage sur ce point, au nom de la doctrine de «l’autonomie» en matière religieuse (autonomie de gouvernement, de finance, de pratique du culte). Il convient de noter aussi qu’il n’existe pas, au Vietnam, d’équivalent de l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC). Le Comité d’union du catholicisme, fondé en 1983, est en effet un organisme de nature toute différente. Si l’APCC est au sommet effectif de l’organisation ecclésiale, le Comité d’union au Vietnam est quant à lui en marge de l’Eglise, restant une organisation politique qui ne prétend pas exercer une autorité quelconque à l’intérieur des structures ecclésiales. (apic/radvat/eda/be)