Espagne: Décès du cardinal Carlos Amigo Vallejo
Le cardinal espagnol Carlos Amigo Vallejo, archevêque émérite de Séville, s’est éteint le 27 avril 2022 à l’âge de 87 ans à l’hôpital universitaire de Valladolid, des suites d’une lourde chute survenue durant une messe à la cathédrale de Madrid le 22 février dernier.
Né en 1934, Carlos Amigo Vallejo entre chez les franciscains en 1960, devenant provincial pour les frères mineurs de Saint-Jacques-de-Compostelle dès 1970, à seulement 36 ans. En 1973, il est nommé par Paul VI archevêque de Tanger, au Maroc. Il tirera de cette expérience nord-africaine un fort engagement pour le dialogue entre chrétiens et musulmans. En février 1976, il participe à Tripoli, en Libye, à un séminaire islamo-chrétien demeuré dans l’histoire comme l’une des rares occasions de contact entre le Vatican et le régime du colonel Kadhafi.
En 1982, il est nommé par Jean Paul II archevêque de Séville, poste qu’il conservera jusqu’à son 75e anniversaire en 2009. Sous son gouvernement, ce diocèse a reçu deux visites du pape polonais, dès 1982 ainsi qu’en 1993, lors du Congrès eucharistique international organisé dans la cité andalouse. Jean Paul II l’élèvera à la pourpre lors du dernier consistoire de son pontificat, en 2003.
Le long épiscopat du cardinal Amigo Vallejo en Andalousie fut caractérisé par le maintien d’un puissant catholicisme populaire, particulièrement visible lors des célébrations de la Semaine Sainte. En contraste avec d’autres régions de l’Espagne marquées par une certaine sécularisation, le diocèse de Séville a gardé un clergé relativement stable depuis 30 ans – environ 400 prêtres diocésains -, et le nombre de catholiques y représente plus de 95% de la population.
Une figure clé de la modernisation de l’Espagne
Nommé archevêque de Séville un an après le coup d’État manqué de 1981, le cardinal Carlos Amigo Vallejo incarna l’appui décisif de l’Église pour la démocratisation et de la modernisation de l’Espagne, cultivant des liens privilégiés tant avec le Premier ministre socialiste Felipe Gonzalez qu’avec le roi Juan Carlos. En 1995, il fut ainsi chargé de présider le mariage de l’infante Elena.
Dans le cadre de l’année 1992 qui fut particulièrement faste pour l’Espagne avec l’organisation des Jeux olympiques de Barcelone, l’archevêque de Séville fut impliqué dans l’organisation de l’Exposition universelle de Séville en tant que membre du Comité d’experts.
Une personnalité populaire
Après sa retraite, le cardinal Carlos Amigo Vallejo était demeuré une personnalité très active et populaire en Andalousie, un tronçon de rue de Séville ayant même été rebaptisé à son nom, un fait rarissime pour une personnalité vivante. En 2011, il avait été nommé par Benoît XVI comme envoyé spécial à Porto Rico et en République dominicaine, pour le cinquième centenaire de la fondation des premières circonscriptions ecclésiastiques des Amériques.
Alors qu’il participait le 22 février 2022 à une messe organisée à la cathédrale de Madrid pour le 25e anniversaire d’épiscopat du cardinal Carlos Osoro Sierra, le cardinal Amigo Vallejo avait été victime d’une chute qui lui avait valu une fracture du bassin et nécessité de nombreuses opérations. Son état de santé s’était fortement dégradé ces derniers jours.
Après son décès, le Sacré-Collège compte désormais 209 cardinaux, parmi lesquels 117 électeurs et 92 non-électeurs. L’Espagne demeure, loin derrière l’Italie, le deuxième pays européen le plus représenté avec six cardinaux électeurs et six non électeurs. (cath.ch/imedia/cv/bh)