Espagne: 2’056 victimes de pédocriminalité, selon les évêques
Au moins 2’056 mineurs ont été victimes de violences sexuelles au sein de l’Église catholique espagnole. C’est ce qu’indique la Conférence épiscopale espagnole (CEE), d’après l’estimation réalisée, à sa demande, par un cabinet d’audit dans un document publié le 21 décembre 2023. Le chiffre est vingt fois plus petit que d’autres estimations.
En février 2022, l’Église espagnole avait demandé un audit au cabinet d’avocats Cremades & Calvo-Sotelo, sur la pédocriminalité en son sein. Il était prévu que les résultats de l’étude soient publiés avant ceux de ‘l’enquête indépendante Gabilondo’, exposée en octobre 2023. Toutefois, les conclusions n’ont pu être publiées qu’à la mi-décembre. Selon les évêques de la CEE – qui citent dans leur document qu’une partie seulement de ce rapport d’audit–, le chiffre de «2’056 victimes peut être déduit» du nombre de plaintes déposées jusqu’à aujourd’hui contre des membres de l’Église.
La CEE s’est engagée à publier, à une date ultérieure, l’intégralité du rapport, qui s’intéresse aux violences sexuelles commises aussi bien par des membres du clergé que par des laïcs travaillant pour des institutions religieuses. «Aux yeux du clergé, ce rapport arrive trop tard et il ne convainc personne, en particulier ceux qui tentent d’établir la vérité quant aux victimes d’abus sexuels commis dans la sphère religieuse depuis des décennies», précise un correspondant à Radio France internationale
200’000 victimes, selon «l’enquête Gabilondo»
En octobre 2023, le rapport indépendant du «défenseur du peuple» Ángel Gabilondo, avait évalué à plus de 200’000 personnes le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles de la part du clergé catholique, soit 0,6 % de la population espagnole adulte. Un chiffre qui s’élève à 400’000 victimes lorsque sont pris en compte les abus commis de la part de religieux ou de laïcs dans des espaces religieux (soit 1,13% de la population adulte espagnole).
A la publication de ce rapport, le président de la conférence épiscopale espagnole, le cardinal Juan José Omella, avait alors déclaré que «ces chiffres extrapolés par certains médias sont des mensonges et visent à tromper». A l’inverse, la Confédération espagnole des religieux, qui regroupe les principales congrégations du pays, avait affirmé apprécier le travail effectué. Le diocèse de Vitoria, au nord du pays, avait présenté ses excuses aux victimes.
Si une partie de l’Église en Espagne a demandé pardon aux victimes, elle semble avoir encore de la peine à reconnaitre l’ampleur du fléau qui la mine. «Contrairement à la plupart des hiérarchies catholiques des pays occidentaux, l’épiscopat espagnol continue à minimiser l’ampleur de la tragédie, provoquant la colère au sein des associations de victimes», déclarent certains médias spécialisés. (cath.ch/rfi/gr)