Les Épiceries Caritas doivent s’adapter à la lutte des prix
En Suisse, plus d’un demi-million de personnes sont pauvres et doivent compter le moindre franc. Il faut donc offrir à ces gens une possibilité de se procurer une alimentation équilibrée et saine à un prix raisonnable. C’est ce que rappelle Bruno Bertschy, président de la coopérative des Épiceries Caritas.
La Suisse compte 20 Épiceries Caritas, sans compter le magasin mobile dans le canton de Vaud. Les personnes touchées par la pauvreté peuvent y trouver des denrées alimentaires et des produits quotidiens à des prix qui défient toute concurrence. Mais les épiceries Caritas se trouvent devant de nouveaux défis, explique Bruno Bertschy, président de la coopérative.
L’année 2017 montre une nouvelle augmentation notable de la demande. Le chiffre d’affaires est nettement supérieur, même si les chiffres définitifs ne sont pas disponibles. Cela montre à l’évidence que l’offre de Caritas est plus nécessaire que jamais.
Les habitants de Suisse n’ont pas tous le même pouvoir d’achat. Le but des Épiceries Caritas est de permettre aux personnes pauvres d’augmenter leur marge de manœuvre financière et sociale. En permettant d’augmenter leur liberté et leur autonomie, elles contribuent à renforcer leur sentiment de dignité.
Pas de produits gratuits
C’est aussi la raison pour laquelle Caritas n’envisage pas de distribuer de produits gratuits. ” Les Épiceries Caritas ne fonctionnent pas sur le modèle de la charité, et tout à fait volontairement. Nous proposons le même assortiment qu’un supermarché normal, avec une variété et un flux d’articles permettant la liberté de choix. Nous évitons ainsi à nos clients le stress et la discrimination», note Bruno Bertschy.
Avec l’arrivée des hard-discounters allemands, le prix de l’alimentation a nettement baissé dans le commerce de détail, admet le président des épiceries Caritas. Il faut rappeler cependant que dans le même temps, le budget des personnes précaires a diminué lui aussi. Cela s’explique notamment par les réductions des prestations sociales dans plusieurs cantons. «Notre objectif reste donc de continuer d’offrir des produits à des prix encore plus bas que les discounters. Les Épiceries Caritas doivent s’adapter à la lutte des prix.»
S’adapter aux nouvelles conditions du marché
Cette baisse des prix a aussi un impact sur le fonctionnement des épiceries Caritas. «La recette des ventes des denrées alimentaires ne suffit pas, et de loin, à couvrir les coûts de nos magasins. L’exploitation d’une épicerie dépend des donations et des subventions. Et nous faisons tout pour renforcer et approfondir nos partenariats avec l’économie», relève Bruno Bertschy. Il est de moins en moins facile pour la coopérative et les Caritas régionales de gérer une Épicerie Caritas.
Lorsque le nombre de personnes qui s’approvisionnent dans les Épiceries Caritas augmente, le chiffre d’affaires progresse, mais il faut aussi augmenter les stocks de produits. «Nous travaillons en ce moment à adapter notre concept, qui a bien fonctionné, aux nouvelles conditions du marché.»
Caritas souhaite ainsi que ses épiceries deviennent non seulement des lieux où l’on peut faire ses courses à prix réduit, mais aussi des lieux de rencontre. «Les clients n’ont souvent pas les moyens d’aller prendre un café au bistrot, ils doivent pouvoir s’attarder un peu dans les magasins, entendre les dernières nouvelles et partager un moment. C’est important pour les gens qui sont dans une situation sociale difficile», conclut Bruno Bertschy. (cath.ch/com/mp)