Musulmans et chrétiens se sont rencontrés à la maison de l'Arzilier, à Lausanne (Photo:Daniel Kandaouroff)
Suisse

Ensemble, ils luttent contre la peur

Une soixantaine de musulmans et chrétiens se sont rencontrés le 24 avril 2016, à Lausanne, pour une journée de réflexion sur le thème: «Faire face à la peur. Acteurs de paix». Les participants ont amené des pistes pour faire tomber les préjugés, suite aux attentats de ces derniers mois.

Ils sont venus de toute la Suisse romande et de France voisine. Ils sont protestants, musulmans de divers pays, catholiques, ou «chercheurs» de Dieu. On compte parmi eux deux réfugiés afghans; une députée socialiste et un membre de l’Union démocratique du centre (UDC) s’y côtoient même. Eux, ce sont des personnes désireuses de mieux connaître l’autre et la foi qui l’anime. Après une première rencontre islamo-chrétienne en 2015, le mouvement chrétien des Focolari et l’association islamique et culturelle d’Ahl-el-Bayt réitèrent l’expérience à la maison de l’Arzillier.

Devenir des athlètes de Dieu

«L’idée de la rencontre d’aujourd’hui est née après les attentats de Paris en novembre 2015. Il est nécessaire que les croyants disent ce qu’est vraiment leur religion», explique Michel Vandeleene, membre des Focolari. Pour le théologien, face à des hommes qui s’entraînent pour se faire exploser, les chrétiens sont appelés à prendre position et à «devenir des athlètes de Dieu, prêts à donner leur vie pour témoigner de l’Amour».

Partager une fondue sans vin avec son voisin musulman

A sa suite, Vahid Khoshideh, membre d’Ahl-el-Bayt, souligne l’importance de ‘salam’, la paix, dans le Coran: «Parmi les 99 attributs de Dieu, Il est tout d’abord Le Clément et Le Miséricordieux», insiste-t-il. L’intervenant a condamné les actes terroristes, rappelant un verset du livre sacré: «Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes».Selon lui, les médias contribuent à attirer l’attention sur un millier de fanatiques, alors que la grande majorité des musulmans à travers le monde (1,5 milliard) vit dans la paix et le respect de l’autre.

Acteurs de paix en Suisse

Comment affronter une telle situation, et devenir concrètement des acteurs de paix en Suisse? Aux participants d’apporter leurs réponses. Autour d’un couscous marocain, chrétiens et musulmans échangent. A chaque table un modérateur encourage le dialogue et récolte les réponses qui seront présentées en plenum.

Les idées fusent : créer une journée internationale du vivre-ensemble, partager une fondue sans vin avec son voisin musulman, ou encore communiquer ses expériences aux médias. Dans chaque groupe revient la nécessité de faire un travail sur soi, pour identifier l’origine de ses peurs. Un jeune musulman ajoute: «Il est nécessaire de s’informer, de comprendre notre monde, car il y a souvent des intérêts économiques et politiques derrière les conflits religieux».

Si ces idées restent à concrétiser, l’échange permet d’évoquer des actions qui existent déjà. Comme à Payerne, l’organisation d’un rallye où des jeunes chrétiens et musulmans doivent s’entraider pour remporter le défi. Ces initiatives font écho aux témoignages entendus le matin, à l’image de deux membres d’un groupe spirituel islamo-chrétien qui se voit régulièrement en France.

Une chaîne d’information positive

«Si chaque personne parle à deux autres de ce qu’elle a vécu aujourd’hui, nous pourrons créer une chaîne et faire passer l’information», espère Vahid Khoshideh. En conclusion, les organisateurs proposent de créer une page Facebook afin de communiquer sur leur religion respective et des événements à venir.

Vu les échos positifs, la rencontre pourrait bien devenir une tradition, selon le théologien Michel Vandeleene. Les associations aimeraient être plus visibles: en projet, la tenue d’un stand par des chrétiens et musulmans sur une place publique à Lausanne. (cath.ch-apic/pc)

Musulmans et chrétiens se sont rencontrés à la maison de l'Arzilier, à Lausanne
25 avril 2016 | 15:42
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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