ENSEMBLE, c'est drôlement bien!
Fribourg, 27.09.2015 (cath.ch-apic) «Partager le bonheur de la rencontre avec des personnes différentes». Tel est le maître-mot d’»ENSEMBLE, c’est pas bête!», explique Gabrielle Luchinger, de la communauté Foi et lumière. La manifestation qui se déroule les 26 et 27 septembre 2015, à Fribourg et en Gruyère, a notamment pour but de «briser les barrières» entre la population et les personnes handicapées.
Le soleil est à la fois dans le ciel, sur les visages et dans les cœurs, le 26 septembre, à la Place Georges-Python, à Fribourg. Une clown, munie d’une brouette remplie d’accessoires fort attractifs pour les enfants, amuse les plus petits. Sous un chapiteau, gâteaux, cakes et verres de sirops sont offerts, dans une ambiance conviviale. Pendant que deux ânes nommés Apollon et Basile promènent les enfants, des personnes handicapées, assistées de membres du Centre œcuménique de pastorale spécialisée (COEPS), des communautés de L’Arche Fribourg et de Foi et lumière, proposent encore d’autres activités et services.
Tisser des liens
Les trois organismes offrant aux personnes en situation de handicap mental un accompagnement dans leur vie de foi se rassemblent pour la première fois dans cette démarche. L’objectif du premier volet d’»ENSEMBLE, c’est pas bête!» est pour les trois organisations de se faire connaître. Au-delà, le but est de risquer la rencontre, pour découvrir «qu’être ENSEMBLE c’est pas bête et c’est drôlement bien», comme le confirme à cath.ch Nathalie Jaccoud, assistante pastorale au COEPS.
Le tissage de liens entre des composantes de la société qui parfois s’ignorent est symbolisé par la création d’un patchwork géant, auquel les passants sont invités à ajouter leur touche et leur fil. «L’atelier permet de réaliser quelque chose en commun, d’abordable, qui favorise l’approche et la rencontre», souligne Fabienne Weiler, diacre réformée travaillant au COEPS, à l’origine de la démarche de tissage.
Une approche qui fonctionne, si l’on en croit Gloria, une passante qui s’est prise, avec sa petite fille, au jeu du tissage géant. Elle affirme que ce genre de manifestations peut aider à changer le regard des gens sur le handicap. «On voit ainsi que les handicapés font partie de notre monde. Il n’y a pas de raisons qu’ils restent cachés», lance-t-elle.
Faire «avec» et non pas «pour»
Christine, une bénévole qui travaille depuis sept ans au COEPS, explique qu’un des enjeux était de faire participer les personnes handicapées. «Nous voulions faire ‘avec’ ces personnes, et non pas ‘pour’, souligne-t-elle. Pour montrer que chacun a sa place dans l’Eglise et dans la société».
Nathalie Jaccoud ajoute que les diverses activités ont été conçues pour inciter les gens à s’arrêter, à partager et à échanger avec les personnes handicapées. «Il s’agit de faire prendre conscience que ces personnes ont quelque chose à nous dire, à nous transmettre, aussi au niveau de la foi».
Françoise Masson, responsable de L’Arche Fribourg relève que la manifestation invite les gens à dépasser leurs préjugés, à faire tomber leurs peurs.
«Dans leur cœur, c’est Dieu qu’on rencontre!»
Pour Gabrielle Luchinger, la rencontre entre les personnes «normales» et les personnes handicapées peut beaucoup apporter aux deux parties. Ces premières enseignent beaucoup de choses aux secondes, notamment parce qu’elles savent donner inconditionnellement leur amitié. La coordinatrice de Foi et Lumière pour les communautés de Suisse explique que le concept des balades à dos d’ânes a aussi sa part de symbole. «C’est l’animal de la Bible!», affirme-t-elle, rappelant que c’est sur cette créature, qui représente l’humilité et la douceur, que Jésus est entré à Jérusalem. «Faire la fête ensemble, c’est partager le bonheur de la rencontre avec des personnes différentes. Dans leur cœur, c’est Dieu qu’on rencontre!», lance-t-elle.
Marie-Thérèse, accompagnée depuis 30 ans au sein du COEPS, confie à cath.ch qu’elle est très heureuse de participer à l’événement. Elle passe de stand en stand et de table en table, saluant et parlant avec tout le monde, sans voir de différences…
La rencontre se poursuite le dimanche 27 septembre à la Maison du Gruyère de Pringy, près de Bulle. Les membres des trois organismes et leurs proches se retrouveront pour une célébration, un repas et un après-midi festif en famille. «ENSEMBLE, c’est pas bête!» a ainsi la volonté de combiner deux dimensions, explique Françoise Masson: publique avec la manifestation de la Place Georges-Python, plus interne et plus intime, avec la rencontre en Gruyère.
Encadré
Trois organismes pour le droit à la différence
Le COEPS
Etre présence d’Eglise auprès des personnes en situation de handicap mental, psychique et sensoriel dans le canton de Fribourg, partager leurs espérances, leur foi, leurs doutes… et surtout se laisser évangéliser par elles. Telle est la mission du Centre œcuménique de pastorale spécialisée (COEPS). 17 personnes travaillent dans le COEPS. La plupart sont des catéchistes. Il y a également une diacre réformée, un aumônier prêtre catholique, un assistant pastoral qui assure une présence d’aumônerie dans les institutions pour adultes, un documentaliste et une coordinatrice.
Le COEPS est présent dans 20 institutions pour personnes handicapées enfants et adultes. Le COEPS s’occupe de la catéchèse des enfants, les prépare aux sacrements et organise les célébrations. Au sein des institutions pour adultes, le COEPS propose des temps d’animation spirituelle ouvert à toutes les personnes de l’institution. Il anime des célébrations pour les fêtes de Noël, de Pâques et de la Pentecôte.
A l’origine de cette pastorale spécialisée, il y a un capucin, le Père Blanchard Wernly. Le Père Blanchard a commencé à mettre en place cette pastorale en 1972, mais c’est en 1976 que le COEPS est créé. Dès sa nomination par Mgr Pierre Mamie, défunt évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), le Père Blanchard reçoit le mandat de développer une pastorale œcuménique.
Foi et lumière
Foi et lumière est un mouvement oecuménique international fondé par Jean Vanier et Marie-Hélène Mathieu, qui a pour but d’accompagner les personnes handicapées dans leur vie de foi. Plus de 1’500 communautés existent dans les cinq continents et sont réparties en 51 «provinces».
En octobre 2012, les communautés de Suisse et celle du Jura français «Notre Dame de Mont Roland» ont été reconnues officiellement comme une nouvelle «province». Elles se sont données le nom de province des «Monts et Vallées sans frontières». La nouvelle province est composée de 13 communautés suisses dans les cantons du Valais, de Fribourg, du Jura, de Neuchâtel, de Genève et du Tessin, ainsi que d’une communauté du Jura français.
Une communauté Foi et Lumière rassemble entre 15 et 40 personnes (enfants, adolescents ou adultes) qui se retrouvent régulièrement dans un esprit chrétien, pour partager leur amitié, prier ensemble, faire la fête et célébrer la vie, explique le site internet de l’organisation.
Les communautés de l’Arche
L’Arche est une fédération internationale, créée en 1964 en France par Raphäel Simi, Philippe Seux et Jean Vanier. Elle est dédiée à la création et la croissance de foyers, programmes et réseaux de soutien, où des personnes avec ou sans déficiences intellectuelles vivent ensemble – dans des relations mutuelles, partageant le quotidien, construisant des communautés ensemble, indique le site internet de l’organisation. Elle regroupe actuellement 147 communautés dans 35 pays.
Chaque communauté comporte des foyers et programmes de jour, qui fonctionnent selon un modèle non-lucratif. «Notre modèle de soins est unique: les personnes ayant une déficience intellectuelle sont au cœur de L’Arche – non pas comme des clients, des patients ou des destinataires de services, mais comme des amis, des enseignants et des compagnons», assure l’organisation. (apic/rz)