Québec: Des policiers pour la dernière messe à St-Grégoire-de-Montmorency
Encore une fermeture d’église au Québec
Québec, 3 août 2011 (Apic) De nombreux fidèles ont manifesté dimanche 31 juillet contre la fermeture de leur lieu de culte à l’église St-Grégoire-de-Montmorency. Ils avaient répondu à l’appel de la Corporation de sauvegarde de ce lieu de culte situé dans le District de la Chute-Montmorency, appartenant à la ville de Québec. Les policiers mobilisés pour la circonstance ont empêché les manifestants de pénétrer dans l’église, qui doit être désacralisée, faute d’un nombre suffisant de fidèles et de moyens financiers disponibles.
Brandissant des affiches, les protestataires désiraient montrer à la Fabrique de la paroisse et au diocèse de Québec leur mécontentement devant la fermeture de leur lieu de culte. Les quatre paroisses du secteur – Ste-Marguerite de Boischatel, St-Louis de Courville, St-Thomas de Villeneuve et St-Grégoire de Montmorency – avaient été regroupées en 2001 sous le nom de Paroisse Bienheureuse Marie Catherine de St-Augustin. Depuis 2009, les paroissiens savent que les églises de St-Thomas de Villeneuve, Ste-Marguerite Marie de Boischatel et Saint-Grégoire de Montmorency seraient fermées au culte, en principe en 2010. La fermeture de ce lieu de culte était devenue inévitable en raison de la chute du nombre de fidèles.
Vaine mobilisation
Vers 9h30 dimanche, une centaine de manifestants se sont massés devant l’église avec des affiches et des slogans. Certains voulaient pénétrer à l’intérieur de l’église pour démontrer leur colère, mais des policiers leur ont barré la route. Les autorités religieuses ont aussi tenté de fermer la porte aux manifestants afin de célébrer la messe dans le calme. Après négociation avec les policiers et les manifestants, les portes sont finalement demeurées ouvertes durant la cérémonie.
Le Comité de sauvegarde reproche au diocèse son manque d’écoute devant ses revendications. «On aurait aimé être plus consultés, souligne Jean-Guy Robitaille, vice-président du Comité. Ça fait deux ans que le Comité de sauvegarde s’est mis en branle pour essayer de sauver l’église. On a fait des projets qu’on a envoyés au diocèse. Mais malheureusement, ils ne prennent même pas la peine de donner des accusés de réception à nos propositions».
Mgr Paul Lortie, évêque auxiliaire de Québec, qui présidait cette dernière messe, souligne pour sa part que le diocèse avait écouté la population dans ce dossier délicat et qu’il y avait eu plusieurs rencontres des évêques et des comités, à la fois au niveau de la région et du diocèse, pour examiner toutes les facettes du problème.
La désaffectation des lieux de culte au Québec, un véritable «tsunami culturel»
L’église pourrait être transformée en un projet social, communautaire ou culturel, mais la décision en revient au diocèse de Québec. Selon le professeur Luc Noppen, titulaire de la Chaire de Recherche du Canada sur le Patrimoine urbain à l’Université du Québec à Montréal (Uqam), les pratiquants représenteraient à peine 3 % de la population totale qu Québec. D’autres sources avancent le chiffre de 10%, alors qu’il y a un demi-siècle, le Québec était entre une province catholique. Pour le professeur Noppen, à travers le Québec, le mouvement de désaffectation des lieux de culte équivaut à un véritable «tsunami culturel». Le fameux «catholicisme culturel» — où l’on se disait catholique non pratiquant, tout en demandant baptêmes et funérailles religieuses — commence à s’étioler et serait en voie «d’exculturation» dans la jeune génération québécoise.
Entre 1957 et 2000, le taux de fidèles allant à la messe le dimanche est tombé de 88 % à 20 %. Chez les jeunes, le phénomène est plus accentué encore: parmi les 18 à 34 ans, en 2000, il y avait 5 % de pratiquants seulement. Pratiquement dans tous les diocèses, l’âge moyen des prêtres dépasse les 70 ans et la relève ne vient pas. (apic/rvm/com/be)