En quittant Radio Vatican après 26 ans, le Père Lombardi dresse son bilan
Le Père Federico Lombardi, qui s’apprête à quitter la direction générale de Radio Vatican en raison de la réforme des médias en cours dans le petit Etat, tire son bilan après 26 ans de présence. Dans une intervention sur les ondes de la «radio du pape», le 24 février 2016, le jésuite italien adresse différents messages au personnel de la radio et au Secrétariat pour la communication, qui englobera à terme les différents médias du Vatican.
Celui qui a été aussi à la tête du Centre de télévision du Vatican (CTV) de 2001 à 2013 et qui reste pour l’heure directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, confie que s’il a cherché à honorer tous ses devoirs, c’est à Radio Vatican qu’il s’est toujours senti «chez lui». Interpellé sur ses meilleurs souvenirs, il évoque les 40’000 lettres de remerciement reçues d’Ukraine après la chute du régime soviétique.
Accusée de provoquer la leucémie
Mais il ne manque pas non plus d’aborder certains points négatifs, comme les accusations de pollution électromagnétique visant le centre émetteur de Santa Maria di Galeria, situé à une vingtaine de kilomètres de Rome. Au début des années 2000, Radio Vatican a été poursuivie en justice après des cas de leucémie dans la région. «Il était dur d’être accusés – de façon certainement injuste – de faire du mal, jusqu’à tuer les enfants», se souvient le Père Lombardi.
Le «porte-parole» du Vatican revient aussi sur son plus grand regret: avoir été empêché d’ouvrir une section radiophonique en langue haoussa, à l’attention du Nigeria. Sans mentionner ouvertement la Secrétairerie d’Etat ou le Conseil cardinalice pour l’étude des problèmes organisationnels et économiques du Saint-Siège, il déplore qu’on lui ait imposé de suspendre le nouveau programme, une «très grave déception» pour les Nigérians.
Au service des chrétiens opprimés et des pauvres
Au cours de cette longue intervention, il redit son souci des populations les plus vulnérables: «Dans l’ADN de Radio Vatican (…) il y a toujours eu le service des chrétiens opprimés, des pauvres, des minorités en difficulté, plutôt que la sujétion absolue à l’impératif de l’optimisation de l’audience». Dans un message à peine voilé au Secrétariat pour la communication dirigé par Mgr Dario Edoardo Viganò, le Père Lombardi souhaite que la réforme des médias du Vatican n’oublie pas de tenir compte des pauvres.
Si la réforme est à ses yeux bienvenue, le jésuite de 73 ans met en garde contre les coupes budgétaires: «il ne faut pas croire que l’on peut faire beaucoup plus et mieux en investissant moins de ressources.
Mise en garde contre les coupes budgétaires
La communication coûte et continuera à coûter, mais il est juste et nécessaire de continuer à investir dedans, sinon la réforme sera cantonnée à un environnement «trop étroit». «Une réduction pour faire des économies, ajoute-t-il plus loin, serait en réalité un vrai appauvrissement de la communication vaticane».
Une page se tourne
Alors que le Père Lombardi considère que Radio Vatican est «plus qu’une radio», «un important centre de production d’informations», le regroupement prochain avec le CTV lui semble «tout à fait naturel». Mais il estime quand même qu’un des défis de la réforme en cours est «d’intégrer et de coordonner les divers organismes des médias sans appesantir et compliquer». Se voulant rassurant pour le personnel inquiet, il espère à l’avenir la stabilité de l’embauche et la réévaluation des niveaux de salaire.
Après 15 ans comme directeur des programmes, le Père Lombardi avait pris la direction générale de la «radio du pape» en 2005. Une mission traditionnellement confiée depuis plus de 80 ans aux jésuites. Il ne sera pas remplacé, son successeur étant un laïc nommé responsable légal par intérim. Avec son départ, c’est donc une page qui se tourne, même si le pape François «a manifesté son désir que les jésuites continuent un service dans le domaine de la communication», confie le directeur sortant pour qui cela reste «une question ouverte». Il rend hommage à la Compagnie de Jésus qui a accepté de porter cette responsabilité au prix de certains sacrifices. (cath.ch-apic/imedia/ak/be)