En Grèce, la vocation des petites Églises selon le pape François
Ne pas chercher la «visibilité» mais poursuivre des «gestes simples», en mettant sa confiance dans «Dieu seul»: le pape François a formulé toute une série de recommandations pour la petite Église catholique en Grèce, lors d’une rencontre avec le clergé et les religieux de Grèce le 4 décembre 2021. Il les a invités à évangéliser sans prosélytisme, à la manière de l’apôtre Paul.
C’était le troisième rendez-vous du pape dans le pays, où il est arrivé dans la matinée en provenance de Chypre – première destination de son 35e voyage apostolique. Aux alentours de 16h20 (heure de Rome), le pape a été accueilli par des enfants scandant allègrement «Viva il Papa!» sur les marches du parvis et par des applaudissements nourris dans le vaste édifice situé dans le centre-ville de la capitale.
Dans son discours, le pontife a loué la terre grecque comme «un patrimoine de l’humanité sur lequel reposent les fondations de l’Occident». «Nous sommes tous un peu fils et débiteurs de votre pays», a-t-il dit en citant la poésie, la littérature, la philosophie et l’art helléniques sans lesquels «nous n’aurions pas pu connaître tant de facettes de l’existence humaine, ni répondre à de nombreuses questions intérieures sur la vie, l’amour, la douleur et la mort».
Moins de 1% de la population en Grèce
Devant quelque 110 représentants des communautés religieuses du pays, le chef de l’Église catholique a livré ses conseils de pasteur pour la petite communauté catholique, très minoritaire – moins de 1% de la population en Grèce.
Malgré la «fatigue» et la «frustration» d’être «une Église avec peu de ressources», le pape a invité à avoir «confiance dans la grandeur de Dieu, qui aime travailler dans notre petitesse». En effet, pour le pape argentin, «le secret du Royaume de Dieu est contenu dans les petites choses, dans ce qui, souvent, ne se voit pas et ne fait pas de bruit». Pas de «triomphalisme», ni d’«esprit de conquête», ni «la gloire des grands nombres ou la splendeur humaine», a-t-il martelé: «Tout cela est dangereux».
Loin de «l’obsession des apparences», le pape a exhorté le clergé et les consacrés: «Bénissez la petitesse et accueillez-la. Elle vous dispose à faire confiance à Dieu et à Dieu seul. Être minoritaires – et dans le monde entier l’Église est minoritaire – ne veut pas dire être insignifiants, mais parcourir la voie ouverte par le Seigneur, qui est celle de la petitesse.» En ce sens, a-t-il ajouté, une Église petite est «un signe éloquent de l’Évangile», de Dieu qui « change l’histoire avec les gestes simples des humbles».
«Evangéliser, ce n’est pas remplir un vase vide, c’est mettre en lumière ce que Dieu a déjà commencé à accomplir.»
Au fil de son discours, le pape a médité sur le discours de saint Paul à l’Aréopage relaté dans les Actes des Apôtres, modèle, selon lui, d’évangélisation qui commence par «l’accueil de l’autre»; une évangélisation qui «n’impose pas, mais propose», qui n’est pas fondée «sur le prosélytisme, mais sur la douceur de Jésus».
L’apôtre, a-t-il fait observer, ne dit pas aux Athéniens «vous vous trompez complètement», ni «maintenant je vais vous enseigner la vérité», mais il commence par accueillir leur esprit religieux. En effet, évangéliser, «ce n’est pas remplir un vase vide, c’est avant tout mettre en lumière ce que Dieu a déjà commencé à accomplir», a souligné le pape.
Le germe de la résurrection au cœur du monde
«L’Esprit Saint agit dans le cœur de l’homme, au-delà des étiquettes religieuses», a poursuivi le pape. Même lorsque les enfants «s’éloignent un peu de la pratique religieuse», l’Esprit Saint «continue de travailler», il «agit toujours au-delà de ce que l’on voit de l’extérieur», a-t-il encore affirmé. Et le pape d’inviter à «préférer l’appréhension des situations inattendues à l’habitude et à la répétition».
Dernière recommandation du pape François aux missionnaires: avoir «une passion pour l’ensemble, nous conduisant – catholiques, orthodoxes, frères et sœurs d’autres croyances – à nous écouter mutuellement, à rêver et à travailler ensemble», y compris avec les «personnes agnostiques ou athées». En Jésus, a-t-il conclu, Dieu «a semé au cœur du monde le germe de la résurrection, le droit universel à l’espérance».
Après cette rencontre, le pape jésuite allait rencontrer en privé les neuf membres de la Compagnie de Jésus présents en Grèce – et rattachés à la province de France – à la nonciature apostolique. (cath.ch/i.media/ak/cmc)