Japon: Nagasaki désigné comme haut lieu de pèlerinage catholique
En commémoration de martyrs chrétiens du 16ème siècle
Tokyo, 19 juin 2012 (Apic) La Conférence des évêques catholiques du Japon a désigné haut lieu de pèlerinage national, le 10 juin dernier, le site de Nishizaka à Nagasaki. C’est sur cette colline qu’en 1597, 26 chrétiens furent crucifiés.
A l’occasion de leur assemblée annuelle de février 2012, les évêques catholiques du Japon avaient annoncé leur intention de faire de Nishizaka un centre de pèlerinage national. Ils ont officialisé cette annonce le 10 juin 2012. Désormais, les pèlerins auront la possibilité de mettre leurs pas dans ceux des martyrs canonisés en 1862. Une route partira de Kyoto et passera par Osaka, Hiroshima et Fukuoka pour arriver à Nagasaki, avec dans chacun des cinq diocèses traversés, des haltes relais prévues.
Les crucifixions des 26 chrétiens, dont trois enfants, furent les prémices d’une suite innombrable de martyrs qui ne cessa qu’en 1873. On ne connaît pas leur nombre exact mais des dizaines de milliers sans aucun doute. Certains historiens avancent même le chiffre de 300 000.
Les chrétiens comme ennemis de l’Etat
La condamnation à mort des vingt-six martyrs de Nagasaki ne fut pas le résultat d’un simple mouvement de rage de la part de Toyotomi Hideyoshi, l’un des grands unificateurs du Japon. A la fin du XVIe siècle, les conversions au christianisme de certains seigneurs de fiefs importants le gênaient beaucoup car l’adage Cujus regio ejus religio ›tel prince, telle religion’ se vérifiant aussi au Japon, elles étaient suivies de nombreuses conversions au sein de la population. Ces seigneurs n’allaient-ils pas se soustraire au nouveau pouvoir centralisateur et prendre en main les destinées du pays ? Hideyoshi avait donc publié dès 1587, un édit d’expulsion des missionnaires accompagné d’une interdiction du christianisme. Pour des raisons d’intérêts commerciaux internationaux, ces édits n’entrèrent pas immédiatement en vigueur et n’eurent pas d’effets immédiats. Ce n’est que dix ans plus tard, à la suite des vantardises d’un marin espagnol, qu’Hideyoshi, convaincu de la traîtrise et de la dangerosité des chrétiens, en fit arrêter vingt-six dans la région de Kyôto et d’Osaka et, en plein hiver (1597), ordonna de les emmener à Nagasaki pour les crucifier sur une hauteur de la ville, face à l’occident.
Encordés et exhibés pour l’exemple sous les yeux de la population des villes traversées, ils marchèrent et, sauf un passage en bateau sur la Mer intérieure, ils parcoururent une distance de près de 1 000 kilomètres en plein mois de janvier, un des mois les plus froids de l’année dans cette région.
Importance des pèlerinages au Japon
Avec le temps, cette colline de Nishizaka s’est transformée en un quartier d’habitation mais une portion relativement importante de terrain a été sauvegardée et transformée en jardin public. On y prie devant un émouvant monument où les vingt-six martyrs sont représentés bien droits, alignés et hiératiques. Attenant à une chapelle moderne, un musée abrite de nombreux souvenirs de l’époque des persécutions.
Un missionnaire qui a longtemps vécu au Japon souligne que les Japonais aiment les pèlerinages. En France, celui de Chartres ou en Espagne, celui de Compostelle, attirent régulièrement des dizaines et des dizaines de Japonais, chrétiens ou non. Au Japon, le pèlerinage bouddhiste des 88 temples de l’île du Shikoku, qui dure au moins un mois, est très couru. Jusqu’à présent, les chrétiens japonais devaient se contenter de petits pèlerinages locaux. Ils vont désormais pouvoir mettre leurs pas dans ceux des martyrs et s’imprégner de leur courage et de leur foi jusqu’à Nagasaki,.
Présente au Japon depuis 1549, date de l’arrivée sur l’archipel nippon de saint François Xavier, l’Eglise catholique rassemble moins de 1 % de la population japonaise, environ 0,5 % de catholiques japonais et 0,5 % de catholiques étrangers, migrants venus d’Asie du Sud-Est ou d’Amérique latine pour la plus grande part. (apic/eda/rz)