En Asie, le catholicisme connaît une croissance fulgurante
Alors que le pape François s’apprête à visiter le sud-est asiatique, l’Église catholique est en plein essor sur le continent. Même dans les pays où les catholiques sont une toute petite minorité, l’Église a un impact important sur la culture et la société.
En Corée du Sud, le nombre de catholiques est passé, en 70 ans, d’environ 200’000 à plus de quatre millions. Ce pays, dans lequel se dérouleront les prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), constitue l’une des principales ‘success stories’ du catholicisme en Asie.
Environ un catholique sur neuf vit aujourd’hui sur ce continent. Les catholiques asiatiques ne représentent pourtant qu’environ 3% de la population d’un continent qui abritera bientôt près de cinq milliards d’êtres humains. Les ‘géants’ asiatiques ne sont pas les pays possédant les plus grandes communautés catholiques. Ceux-ci sont environ 1,5% en Inde, moins de 0,5% en Chine, près de 3% en Indonésie, 0,2% au Bangladesh, 0,7% au Pakistan, et moins de 1% au Japon. L’Église est beaucoup plus présente aux Philippines (80% de la population), en Corée du Sud (11%), au Vietnam (7,4%), ainsi qu’au Timor Leste (plus de 90%), que le pape François visitera en septembre.
Des chrétiens malmenés
La vie catholique en Asie se présente dans une grande diversité – tout en étant confrontée à des difficultés politiques, religieuses, théologiques et culturelles extrêmement variées. Les principaux problèmes auxquels sont confrontés les catholiques en Asie sont la montée des courants fondamentalistes islamiques, par exemple en Malaisie, en Indonésie ou au Pakistan, ainsi que la répression étatique, note Alexander Brüggemann, de l’agence CIC. Mais la répression existe également en Inde, et dans les républiques populaires communistes de la Chine ou du Vietnam, où la pression est plus le fait du gouvernement que de la population.
En Chine, les catholiques, dont le nombre est estimé à douze millions, vivent dans un climat de tension, alors qu’ils sont divisés entre l’Association patriotique, proche du régime, et les chrétiens dits «clandestins», qui n’acceptent que l’autorité de Rome. Les persécutions ont été particulièrement violentes pendant la Révolution culturelle (1966-1976). Les papes Benoît XVI (2005-2013) et François (depuis 2013) ont tenté, avec un succès controversé, de surmonter progressivement les divisions par la voie de la négociation.
Bien que le christianisme soit né en Orient et soit attesté en Inde depuis le quatrième siècle, cette religion est souvent considérée comme en Asie comme «étrangère». Des erreurs commises dans le travail missionnaire de l’époque coloniale et dans l’inculturation ont encore des effets aujourd’hui. A la période postcoloniale, les chrétiens de nombreux pays d’Asie ont été stigmatisés pour leur proximité avec les anciens conquérants. Souvent, les catholiques sont considérés comme des étrangers, voire comme une secte exotique venue d’Europe.
L’Église en voie d’implantation
L’Église catholique représente quoiqu’il en soit une force socio-politique importante dans certains États. En Corée du Sud, pendant le régime militaire des années 1970 et 1980, les évêques ont été parmi les critiques les plus virulents des dysfonctionnements politiques dans le pays.
Aux Philippines, pays marqué par le catholicisme, le cardinal Jaime Sin (1928-2005) a contribué à lancer la «révolution du rosaire», une révolte non violente contre la dictature Marcos en 1986. Aujourd’hui encore, dans l’archipel, l’Église catholique est une force politique non négligeable. Il en va de même au Timor oriental, où les dirigeants ecclésiastiques ont joué un rôle décisif dans la libération de l’occupation indonésienne (1976-2002).
Depuis la Seconde Guerre mondiale surtout, les petites églises missionnaires ont franchi de nombreuses étapes difficiles sur leur chemin vers une église locale acceptée. Aujourd’hui, la plupart d’entre elles disposent d’évêques et d’ecclésiastiques locaux. Et même dans les pays où les catholiques continuent de n’être guère plus qu’un phénomène marginal, ils se distinguent souvent par un grand engagement social, culturel et caritatif qui a un impact important sur la société.
Les problèmes rencontrés par les catholiques asiatiques, n’empêche pas que le continent connaisse le taux de croissance de fidèles le plus élevé au monde. Selon les derniers chiffres du Vatican, les catholiques en Asie seraient ainsi aujourd’hui plus de 153,3 millions, connaissant une augmentation annuelle de 1,49 million. (cath.ch/cic/ucanews/arch/rz)