El Salvador: «l’opposition à la canonisation de Mgr Romero était politique»
Mgr Vincenzo Paglia a vécu aux premières loges les oppositions à la canonisation du bienheureux Oscar Romero. Selon le président de l’Académie pontificale pour la vie et postulateur de la cause de l’ex-archevêque de San Salvador, le retard était d’ordre politique et a constitué «un coup de poignard» dans le cœur de l’archevêque italien.
«La béatification de Mgr Romero avait déjà été le résultat d›un grand effort, explique Mgr Vincenzo Paglia dans la revue America. Ils étaient nombreux à Rome, y compris parmi les cardinaux, a refuser qu’il soit béatifié. Ils estimaient qu’il était mort pour des motifs politiques et non religieux.»
Le président de l’Académie pontificale assure qu’il a examiné avec beaucoup d’attention les archives personnelles de Mgr Romero, représentant quelques soixante dix mille documents. «Il en est ressorti qu’il était un homme aimant profondément son peuple. Il voulait libérer ses compatriotes de l’oppression et les mener vers la compassion de Jésus».
«Transformer le monde»
La lutte de Mgr Vincenzo Paglia pour la béatification de Mgr Romero n’a pas été sans conséquences. «J’ai reçu des menaces en tant que postulateur de la cause. Mais je croyais que l’exemple de Romero était suffisamment extraordinaire et évident. Romero n’a pas vécu pour lui-même, mais pour son peuple, à l’image de Jésus. Ce témoignage est si clair que, dans ce monde globalisé, il est parvenu à toucher le cœur de millions de personnes. Et si nous voulons transformer le monde, nous devons transformer le cœur des personnes, comme l’a fait Mgr Romero.»
«Un pasteur au service des autres»
Dans l’entretien accordé à la revue America, Mgr Vincenzo Paglia a rappelé la manière dont Mgr Romero s’était impliqué dans les luttes du peuple après l’assassinat du père Jésuite Rutilio Grande. «Il [Rutilio Grande] enseignait en université mais il avait choisi de vivre dans un petit village de manière à pouvoir diffuser la théologie autour de lui. C’est ce choix qui lui a coûté la vie.»
Rappelant que Mgr Romero avait été très marqué par l’assassinat de son ami, Mgr Vincenzo Paglia a rappelé que la nuit où il a veillé le corps du père jésuite, celui qui venait d’être nommé archevêque de San Salvador deux semaines plus tôt a alors perçu que son devoir était de poursuivre le combat de Rutilio Grande. «Face au martyr de son ami, il est parvenu à la conclusion que la vie d’un pasteur n’est digne d’être vécue que si elle est vécu au service des autres.»
«Le pape veut béatifier Rutilio Grande»
Enfin, Mgr Vincenzo Paglia a tenu à rappeler le rôle fondamental du pape François dans l’avancée du processus de canonisation d’Oscar Romero. Même s’il n’a pas connu personnellement ce dernier, le souverain pontife avait en revanche rencontré à plusieurs reprises le Père Rutilio Grande. «Il souhaite que le processus de béatification de Rutilio Grande soit également mené à bien, tout comme le jeune homme et la personne âgée qui sont morts avec lui.» (cath.ch/jcg/gr)