Egypte: Les coptes orthodoxes célèbrent la Nativité, partagés entre des sentiments d'insécurité et d'espoir
Le Caire, 6 janvier 2015 (Apic) Les coptes orthodoxes d’Egypte célèbrent la Nativité le 7 janvier 2015, partagés entre un sentiment d’insécurité et l’espoir d’un avenir meilleur. Malgré les efforts accrus déployés par le ministère de l’Intérieur pour protéger les églises, la crainte des attentats terroristes est toujours présente dans le pays.
Les attaques sectaires ont, selon les ONG, fait plus d’une centaine de victimes depuis le 25 janvier 2011. Ce mardi 6 janvier, un policier a été tué dans une explosion près du commissariat de police de Talbeya, dans la ville de Gizeh, près du Caire. Des inconnus armés ont assassiné le même jour deux policiers qui gardaient l’église de la Vierge Marie, à al-Minya, en Haute-Egypte, selon le site internet «Al-Ahram on line».
En 2011, les terroristes s’étaient attaqués à des fidèles coptes qui assistaient à une messe pour le Nouvel An à Alexandrie. L’explosion devant l’église des Saints (Al-Kiddissine), dans le quartier de Sidi Bechr, dans la partie orientale de la métropole du Nord de l’Egypte, alors que les fidèles commençaient à sortir de la messe, avait causé la mort de plus de vingt personnes et fait plusieurs dizaines de blessés.
Attaque contre l’église de la Vierge Marie, à al-Minya
En août 2013, la ville d’al-Minya, bastion copte, était la cible d’islamistes en colère. Dizaines d’églises incendiées, magasins de chrétiens pillés, enlèvements et meurtres étaient à l’ordre du jour. Un an et demi après l’effroi, les habitants célèbrent leur Noël dans des églises qui portent encore les stigmates des attaques. Une seule est en cours de reconstruction, rapporte Jenna Le Bras, correspondante au Caire du quotidien libanais «L’Orient-Le Jour».
Dans cette ville, il y a un an et demi, trois lieux saints ont été entièrement détruits, 14 églises sur l’ensemble du gouvernorat et une cinquantaine d’habitations et de boutiques, détruits par les cocktails Molotov et pillés dans des attaques attribuées aux Frères musulmans, qui voulaient se venger du renversement de l’ancien président Mohamed Morsi. De nombreux islamistes radicaux avaient accusé les chrétiens – près de 10% de la population égyptienne -, d’avoir été derrière la destitution de leur leader.
Les coptes, avec la bénédiction du pape Tawadros II, avaient massivement soutenu l’ex-maréchal al-Sissi lors de l’élection présidentielle en mai dernier. «Ils continuent à garder espoir mais s’avouent impatients. Al-Sissi devait sonner le glas des inégalités entre musulmans et chrétiens après une année de présidence sectaire des Frères musulmans. Il n’en est rien», note Jenna Le Bras.
Le gouvernement s’est engagé à défendre les chrétiens
Interrogé par Radio Vatican, Mgr Yohanna Golta, évêque auxiliaire copte-catholique d’Alexandrie, voit une nette amélioration de la situation, notamment dans le comportement des autorités. Le ministère de l’intérieur a fourni cette année un effort extraordinaire pour soutenir les chrétiens, assure-t-il.
Malgré une atmosphère de peur et de profonde inquiétude dans les cœurs en cette période de fêtes, «le pays avance malgré toutes les difficultés, tant sur le plan économique, que sur les plans politique et intérieur». Les relations entre les citoyens, les relations entre chrétiens et musulmans, sont des relations amicales et fraternelles, insiste-t-il. «Les musulmans sont toujours des aides pour nous, il ne faut pas le nier! Musulmans et chrétiens sont très unis en ce moment, notre force, c’est l’unité entre nous, contre tout ce qui attaque l’Egypte, il y a un sentiment national fort!»
Encadré:
Cinq Eglises orthodoxes – les Eglises de Jérusalem, de Russie, de Géorgie, de Macédoine et de Serbie, ainsi que la République monastique du mont Athos et l’Eglise copte d’Egypte – utilisent encore le calendrier «julien». Ce calendrier solaire, utilisé dans la Rome antique, a été introduit par Jules César en 46 av. J.-C. Il a été employé en Europe jusqu’à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du XVIe siècle. Ces Eglises, ainsi que les gréco-catholiques – les catholiques de rite byzantin – célèbrent la Nativité du Christ le 7 janvier.
Il y a en effet treize jours d’écart entre le calendrier julien introduit par Jules César et le calendrier occidental grégorien, institué par le pape Grégoire XIII, au XVIe siècle. Le 25 décembre du calendrier julien correspond donc au 7 janvier du calendrier grégorien utilisé par la plupart des catholiques, les protestants et par un certain nombre d’Eglises orthodoxes. Ainsi en Russie et en Egypte, les festivités commencent le 6 janvier par les Vêpres de Noël, suivies d’une première Liturgie eucharistique au cours de laquelle on proclame l’Evangile de la Nativité.
Deux semaines après les coptes catholiques, les coptes orthodoxes d’Egypte fêtent Noël, le 7 janvier. Cette fête s’inscrit cette année dans un contexte de stabilité politique retrouvée, notamment avec l’élection l’an dernier du président al-Sissi, après les violences qui ont succédé au renversement de l’ancien président islamiste Mohamed Morsi. (apic/orj/radvat/be)