Egypte: L’Eglise copte rejette le projet de loi sur la construction des églises
A l’issue de l’examen du projet de loi sur la construction des églises en Egypte, l’Eglise copte orthodoxe le rejette en l’état actuel, estimant que le gouvernement égyptien a rajouté de nouveaux amendements «inadmissibles». Elle estime que le futur texte est très proche de la loi très restrictive actuellement en vigueur depuis 1934.
L’Eglise copte estime que ces amendements représentent «un danger pour l’unité nationale». Alors que le projet de loi avait été initié pour simplifier l’édification de lieux de cultes chrétiens en Egypte, ils en compliquent et en entravent plutôt la construction sans prendre en considération les principes de la citoyenneté, a-t-elle déclaré dans un communiqué publié en fin de semaine au Caire.
Le projet de loi serait finalement accepté…
Ce projet de loi multiplie de fait les obstacles, de telle sorte que la future loi, si elle est adoptée par le parlement, ne sera pas très différente de la législation actuelle, estime l’Eglise copte. Selon l’agence de presse officielle ahramonline, l’Eglise copte serait cependant finalement arrivée à un accord avec le gouvernement concernant le projet de loi sur les églises.
En vertu de l’ancienne loi de 1934, les promoteurs d’une église doivent obtenir un permis de la Sécurité nationale, de presque toutes les administrations, y compris du ministère de l’Irrigation et des Chemins de fer, pour pouvoir être construite. Résultat: c’est à coup de décrets royaux puis présidentiels que les nouvelles églises ont pu être édifiées. Des lieux de culte insuffisants pour les neuf millions de chrétiens que compte l’Egypte, selon l’église.
Les salafistes à l’affût
A titre d’exemple, le projet de loi ne stipule pas la présence d’une cloche ou d’une croix au-dessus de l’édifice de l’église et ne mentionne pas non plus le statut des bâtiments de services annexés à l’église. «Laisser ces détails sans précision risque de donner lieu à des difficultés, surtout avec les salafistes qui se sont déjà opposés à la levée d’une croix sur une église restaurée à Minya», estime ainsi Ihab Ramzi, avocat de l’Eglise orthodoxe.
Au nombre des points rajoutés aux textes de la nouvelle loi en préparation, les critiques citent un passage qui stipule par exemple que «la superficie de (toute) nouvelle église doit être proportionnelle au nombre de chrétiens du quartier ou du village. Une mission impossible dans un pays où l’on ne dispose d’aucune statistique officielle sur les chrétiens alors que la mention de la religion est cependant obligatoire sur les cartes d’identité.
Les remarques de l’Eglise prises en considération
Les propos de l’Eglise copte ont été rejetés par Magdi Al-Agati, ministre des Affaires juridiques et parlementaires. Il rejette l’idée que ce projet de loi soit une menace pour l’unité nationale. Tandis que le Premier ministre a reçu le pape Tawadros II le 22 août dernier, «les discussions sur la loi sont toujours en cours et les remarques de l’Eglise seront prises en considération», a répliqué Al-Agati, niant que le gouvernement ait modifié le texte final accepté.
Ce revirement remet en question le sort du projet de loi sur la construction des églises. Suite à des négociations qui ont duré deux ans, trois Eglises d’Egypte (orthodoxe, catholique et protestante) avaient signé, une semaine auparavant, la mouture modifiée du projet de loi, affirmant leur accord sur les nouveaux textes, censés assouplir les procédures en vigueur.
Pressions de la diaspora copte aux Etats-Unis
Selon les statistiques officielles datant de 2011, l’Egypte compte 2’869 églises et plus de 108’000 mosquées. Des dizaines d’églises ont été incendiées en 2013 par des extrémistes musulmans au cours des incidents sanglants qui ont marqué la destitution du président islamiste Mohamed Morsi. Les édifices chrétiens détruits ont été en bonne partie reconstruits ou réparés par les forces armées égyptiennes. Mais les chrétiens égyptiens s’inquiètent du fait de la multiplication des agressions non réprimées contre des habitations chrétiennes, soupçonnées d’avoir été transformées «en lieu de culte». Les membres de l’importante diaspora copte vivant aux Etats-Unis ont commencé à faire du lobbying et ont manifesté début août à Washington. (cath.ch-apic/alahram/ibc/be)