Eglise catholique américaine : 12 ans de lutte contre les abus sexuel, le risque du relâchement
Etats-Unis, 14.07.2015 (cath.ch-apic) Depuis la mise en œuvre en 2002 de la Charte de Dallas pour la protection des enfants et des jeunes, des progrès significatifs ont été accomplis dans l’Eglise catholique américaine. Dans une interview, le 13 juillet 2015 à Catholic News Service, le président du National Review Board, met toutefois en garde contre le risque d’un relâchement de la vigilance.
«Nous avons accompli des pas importants dans l’Eglise pour faire face à la question des abus sexuels, et de nombreux aspects de la Charte sont maintenant en place dans les diocèses et les paroisses. Mais nous devons nous assurer d’être attentifs aux détails de la Charte et de rester vigilants» a déclaré Francesco Cesareo, le président de l’organe de surveillance national pour la protection des enfants et des jeunes.
Cet organisme a été créé en 2002 suite aux nombreux scandales d’abus sexuels sur mineurs qui ont secoué l’Eglise catholique américaine. Ce comité formé de juristes indépendants réalise des audits annuels sur la mise en application de la Charte de Dallas dans les diocèses. Ce texte vise à travers toute une série de recommandations quatre priorités : la prise en charge des victimes, l’éducation et la prévention des abus, la création d’un environnement sûr pour les enfants et les jeunes et la dénonciation des agresseurs aux autorités civiles.
98% du personnel de l’Eglise formé
Sur son site, l’organe de surveillance national affirme que 98% des 2 millions de bénévoles, employés, éducateurs et membres du clergé de l’Eglise américaine, ont été formés à la prévention des abus sexuel et aux mesures à appliquer pour créer un environnement sûr. La quasi-totalité d’entre eux ont fait l’objet de vérifications de leurs antécédents, y compris les prêtres et les candidats à l’ordination. De plus, 4.4 millions d’enfants ont été également formés pour pouvoir reconnaître les abus et s’en protéger.
Six nouveaux cas d’abus sexuel en 2014
Le dernier rapport d’audit du National Review Board, publié en mars 2015, dénombre six victimes avérées d’abus sexuel en 2014. Le rapport souligne le sérieux de l’engagement des évêques, des paroisses, des écoles et de tous les organismes liées à l’Eglise. Cette mise en œuvre de la Charte de Dallas «aide à la restauration d’une confiance entre les fidèles et les évêques» écrit Francesco Cesareo dans la présentation de cet audit. Toutefois l’immense effort fait au cours des douze dernières années ne doit pas laisser penser que le travail est fini. «Nous devons être vigilants à tous les niveaux face à la tendance à l’autosatisfaction» déclare Bernie Nojadera, directeur du Secrétariat pour la protection de l’enfant et du jeune à la conférence des évêques des Etats-Unis.
Des diocèses refusent de participer à l’audit
Parmi les recommandations faites aux évêques, Francesco Cesareo évoque le fait que toute allégation d’abus sexuel, doit impérativement être remontée au comité diocésain en charge de ces questions. «Toute allégation doit bénéficier du même examen minutieux. Dans la listes des cas qui n’ont pas été traités correctement, nous avons souvent constaté que l’allégation n’était pas parvenue au comité diocésain». Un autre problème concerne les moyens financiers mis en œuvre pour la protection des enfants. Certains diocèses importants, comme celui de Chicago, compte une équipe de 10 personnes réparties en quatre sections pour enquêter sur les déclarations d’abus, aider les victimes, veiller à la sureté de l’environnement pour les enfants et proposer un programme de prière et de pénitence. Dans d’autres diocèses plus pauvres une seule personne est en charge de tous ces domaines. Autre problème récurrent, le fait que certains diocèses refusent de participer à cet audit. En 2014 ce fut le cas de 6 diocèses, dont 5 éparchies (diocèses de rite oriental).
Une version modifiée de la Charte de Dallas sera proposée en novembre aux évêques américains. Les modifications ont pour but de renforcer son efficacité et de clarifier ses exigences. (cath.ch-apic/cns/ce)