Ecologie: le diocèse de Sion veut encourager plutôt que culpabiliser
L’évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey, a donné rendez-vous à la presse dans l’église de Salins, sur les hauteurs de Sion le 2 décembre 2022. Entouré du curé de la paroisse, de son représentant auprès de EcoEglise, et du lauréat du «Prix Laudato si’» 2022, l’évêque de Sion a souhaité donner un coup de projecteur sur les initiatives écologiques menées dans le diocèse.
«Sept ans après sa parution, Laudato si’ est toujours une boussole pour notre monde!», a lancé Christian Thurre, diacre permanent et représentant de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, auprès du réseau romand EcoEglise.
Encourager plutôt que culpabiliser
Énumérant, entre autres, le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la crise énergétique, Christian Thurre, «plutôt que d’ajouter une couche de noirceur sur le tableau bien sombre de l’état de notre monde», a préféré rappeler ce qui se fait de concret dans le diocèse de Sion. A Salins, l’heure était à la pédagogie.
Il a évoqué «ces petites pépites d’espérance» trouvées dans «son tamis d’orpailleur», parmi lesquelles se trouve la création, en 2020, d’EcoEglise, le Réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création. Le diacre a également cité un projet de jardin partagé créé dans le secteur de Martigny à partir d’un verger appartenant à la Maison du Grand-Saint-Bernard. Il évoque aussi la Saison de la création qui thématise l’écologie en Eglise et s’achève le 4 octobre, jour de la Saint François, la création du «Prix Laudato si’» qui récompense une initiative dans le cadre de l’écologie intégrale décrite dans Laudato si’.
Christian Thurre préfère les petits pas: «Il faut se mettre en route, sensibiliser et encourager, comme le souhaite l’évêque, plutôt que culpabiliser». Il compte prendre son bâton de pèlerin et visiter chaque paroisse pour exposer le thème de l’écologie et expliquer ce qu’est EcoEglise (voir encadré) et rappeler que l’on commence avec des petites réalisations, admettant que l’écologie fait des débuts timides dans l’Eglise catholique en Romandie. Il a prévu une rencontre avec Dorothée Thevenaz-Gygax, son homologue, représentante pour l’écologie de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. «C’est un début», concède-t-il avant de passer la parole à Vincent Broccard.
Le jeune porte-parole de l’association «Les amis de la Crête» a reçu avec ses amis le premier «Prix Laudato si’» pour le projet de transformation d’un terrain de 900 m2 en écolieu. Quelque 17 jeunes ont installé des citernes d’eau, des ruches en apiculture naturelle, rénové la guérite située sur ce terrain dont ils ont mis une partie en permaculture.
«Notre mot d’ordre est ‘laboratoire’. Nous nous donnons le droit et le temps de tester les choses… et l’opportunité de l’échec comme source d’apprentissage», ajoute le jeune homme. Il est fier de guider les journalistes sur le terrain situé en amont de la paroisse, malgré le froid mordant de décembre, et de montrer les réalisations déjà effectuées.
Économiser l’énergie avant de la produire
Un peu plus tôt, en ouverture de cette rencontre avec la presse qui se voulait très didactique, l’abbé François Roten, le curé des Agettes, de Bramois et de Salins, était fier de présenter l’église Saint-François de Sales fraichement rénovée. «Il ne suffit pas de produire de l’énergie, mais il faut savoir l’économiser!», a lancé le curé en préambule de sa démonstration. Il a insisté sur l’optimisation du chauffage électrique: «Avant les travaux, notre facture d’électricité s’élevait à un peu plus de 16’000 francs. Aujourd’hui, lâche-t-il après un temps de silence, nous sommes tombés à 6’500 francs!»
L’amélioration du temps de chauffage de l’église, piloté par ordinateur avec l’aide d’algorithmes et d’une sonde discrètement installée sous la tribune, a permis une sérieuse économie de temps et de puissance de chauffage, et donc d’électricité, «tout en gardant le même confort, sourit-il, grâce aux convecteurs installés sous les bancs, dans le chœur et le plancher». Une cinquantaine de spots LED ont avantageusement remplacé les éclairages anciens très gourmands en énergie.
L’abbé Roten a aussi évoqué l’église des Agettes, chauffée à air pulsé, où une modification du système de gestion de température a fait économiser un des deux pleins de mazout annuels. Trois programmes adaptés aux saisons permettent une telle économie.
Interprétation fautive de la Genèse
Pour l’aspect théologique, Mgr Jean-Marie Lovey a rappelé l’interprétation fautive du texte de la Genèse (1, 28). «On a pensé que l’homme avait tout pouvoir sur la création et qu’il pouvait l’exploiter à discrétion». Dans la crise actuelle qui secoue la planète, l’Eglise ne s’est pas tenue en dehors de la réflexion, a souligné l’évêque de Sion. Il a cité l’encyclique Laudato si’ que le pape François a publié en 2015. «La spiritualité de François d’Assise nous conduit à œuvrer pour établir des liens de fraternité avec tout le monde créé. On est dans un rapport très différent de celui de dominateur à dominé ou pire, d’exploitant à exploité».
Pour Mgr Lovey, la question écologique ne renvoie pas au seul souci des générations futures, «mais elle provoque à une conversion personnelle». «Il y a là quelque chose de central et de fondamental dans la parole de l’Eglise sur le sujet de l’écologie».
«Nous n’allons pas promulguer des recommandations, ni effectuer des contrôles dans les paroisses mais nous faisons appel à la responsabilité de chacun», a assuré l’abbé Pierre-Yves Maillard, le vicaire général du diocèse. (cath.ch/bh)
EcoEglise, pour la Suisse romande
En réflexion depuis 2019, «EcoEglise», le réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création, a vu le jour en octobre 2020. L’association a été co-fondée par les associations «A Rocha» pour la protection de l’environnement, «Oecu Eglises pour l’environnement», créée outre Sarine en 1986, le laboratoire de la transition intérieure de «Action de Carême» et «Stop pauvreté». Elle bénéficie du soutien des Églises catholique, réformée et évangélique. «EcoEglise est une adaptation pour la Suisse romande de Eco Church en Angleterre et du label «Eglise verte» en France.»», explique Lara-Florine Schmid.
Le principe est de mettre les paroisses en réseau et de les accompagner dans la transition écologique. Les communautés font un éco-diagnostic en répondant à 90 questions en ligne à travers cinq grands chapitres: célébrations et enseignement (spiritualité), les bâtiments, le terrain, le mode de vie et l’engagement local et global. Le résultat permet de situer les paroisse sur le chemin de le transition écologique et de suggérer des actions à accomplir. La plateforme met également à disposition 35 fiches conseil pour mieux gérer les ressources. BH