Doublement des signalements d'abus sexuels aux Etats-Unis
La Conférence épiscopale des États-Unis a publié le 31 mai 2019 son rapport annuel sur la protection des mineurs. Le document fait état d’un doublement du nombre de nouvelles allégations d’abus sexuels, notamment à la suite du lancement des enquêtes publiques et des programmes d’indemnisation indépendants dans certains États.
Entre le 31 juillet 2017 et le 30 juin 2018, 1’385 adultes ont signalé 1’455 nouvelles allégations Ces chiffres représentent un doublement par rapport à la période précédente. Ce rapport est le seizième depuis la mise en œuvre de la ‘Charte de Dallas’ par la Conférence des évêques américains (USCCB) en 2002.
Selon le document, dans les nouvelles plaintes déposées, 92% des délinquants identifiés étaient déjà morts, laïcisés, retirés du ministère ou portés disparus. La majorité des allégations concernaient la période 1960-1990, avec une concentration dans les années 1970. Le rapport attribue la hausse des dénonciations à l’adoption par le diocèse de New York de programmes indépendants de réconciliation et de compensation à l’échelle de l’État. La grande majorité des nouveaux cas signalés concernent abus très anciens.
2,6 millions de vérifications des antécédents
Vingt-six nouvelles allégations concernant des mineurs actuels ont été rapportées au cours de la l’année. Trois ont été corroborées et ont entraîné la destitution d’un prêtre du ministère actif. Sept allégations ont été qualifiées de «non fondées» et trois autres ont été qualifiées de «non prouvées». Les autres font encore l’objet de vérifications.
Les diocèses interrogés ont indiqué qu’en juin 2018, près de 500 victimes et survivants d’abus et leurs familles avaient bénéficié d’une aide et d’un soutien, en plus des plus de 1500 personnes déjà soutenues par l’Église.
Le rapport souligne les efforts continus des responsables d’Église pour prévenir de futurs cas d’abus, en enregistrant 2,6 millions de vérifications des antécédents des ecclésiastiques, des employés de l’Église et des bénévoles. Six millions et demi de personnes ont désormais été formées par l’Église aux États-Unis pour identifier les risques d’abus.
Beaucoup reste à faire
Dans sa préface au rapport, le cardinal Daniel DiNardo, président de l’USCCB, a exprimé sa «sincère gratitude» pour le courage des victimes d’abus. «Grâce à leur courage, l’aide aux victimes et aux survivants et la protection de l’enfance sont maintenant des éléments essentiels de l’Église.» Selon le cardinal, cette année a marqué un tournant dans la lutte de l’Eglise pour éradiquer les abus.
«Au cours de l’été 2018, le scandale de l’ancien cardinal-archevêque McCarrick est apparu. Après cela, il y a eu la publication du rapport du grand jury de Pennsylvanie, soulignant l’ampleur de la crise des abus sexuels dans l’État, ainsi que la découverte de situations qui n’ont pas toujours mis la les victimes au premier plan «, écrit Mgr DiNardo.
Tout en relevant les progrès réalisés dans le traitement des cas passés, Mgr DiNardo a noté que beaucoup reste à faire. Il a assuré que les évêques américains continueront d’envisager de nouvelles mesures pour une plus grande responsabilité et transparence. «Quand il s’agit de la protection des mineurs, la question doit toujours être «que peut-on faire de plus?», a-t-il conclu. (cath.ch/cna/mp)