La cathédrale catholique de Baoding, dans la province chinoise du
Hebei | wikimedia commons BabelStone CC BY-SA 3.0
International

Disparu depuis 17 ans, Mgr Su est-il toujours l'évêque de Baoding?

L’accord provisoire conclu entre la Chine et le Saint-Siège en 2018 portant notamment sur la nomination des évêques continue de déployer des effets plus ou moins inattendus, dévoilant la complexité de la situation des catholiques chinois. La famille et les fidèles de l’évêque clandestin Mgr James Su Zhimin de Baoding, dans la province de Hebei, disparu depuis 17 ans, s’inquiètent aujourd’hui de sa survie.

Mgr James Su Zhimin a été vu pour la dernière fois en 2003 par un catholique dans un hôpital de Baoding, six ans après son arrestation. Ses proches sont restés sans nouvelles de lui depuis lors, rapporte l’agence catholique ucanews.

Une figure de la résistance au communisme

Selon son neveu, Su Tianyou, les autorités de l’Etat auraient demandé au Vatican de reconnaître son coadjuteur (auxiliaire avec droit de succession ndlr) Mgr Francis An Shuxin comme évêque de Baoding. Cette démarche signifierait que Mgr Su Zhimin est bien décédé. «Mais nous espérons toujours le voir, qu’il soit vivant ou mort», a déclaré Su Tianyou en espérant que le Vatican puisse l’aider à éclaircir le mystère entourant la disparition de son oncle.

Né en 1932, James Su Zhimin a été ordonné prêtre en 1981 et nommé évêque de Baoding en 1992. Arrêté huit fois, emprisonné, assigné à résidence ou interné dans des camps de travail pendant plus de 30 ans, il symbolise la résistance acharnée au communiste. Il a été arrêté une dernière fois en 1997 alors qu’il refusait d’adhérer à l’Eglise patriotique chinoise. Les catholiques n’ont plus eu de ses nouvelles depuis, mais le considèrent toujours comme l’évêque titulaire du diocèse.

Un ancien clandestin rallié à l’Eglise patriotique

Son coadjuteur et successeur de facto, Mgr Francis An Shuxin, appartenait lui aussi à l’origine à l’Eglise clandestine. Ordonné secrètement évêque auxiliaire en 1993, il a été arrêté en 1996. Détenu pendant dix ans, il a accepté, à sa libération en 2006, de rejoindre les rangs de l’Eglise officielle et est devenu vice-président de la section locale de l’Association patriotique des catholiques chinois. En 2010, les autorités de l’État l’ont reconnu comme évêque de Baoding.

Mais selon le neveu de l’ancien évêque, la plupart des catholiques locaux considèrent Mgr An Shuxin, comme un traître qui a abandonné sa foi pour un poste. C’est la raison pour laquelle les autorités voudraient qu’il soit reconnu par le Vatican afin que les fidèles l’acceptent comme leur évêque. Pour Su Tianyou, cette décision fait partie d’un plan visant à soumettre l’Église locale. Mgr An Shuxin suivra incontestablement la ligne du gouvernement, laissant l’Eglise locale entièrement sous l’autorité de l’Etat, estime-t-il.

Une affaire entre le gouvernement chinois et le Vatican

Contacté par ucanews, Mgr An Shuxin a déclaré qu’il n’avait pas connaissance de tentatives de l’Etat pour obtenir la reconnaissance de son statut par le Vatican. Il a juré de sa fidélité à son prédécesseur: «Mgr Su Zhimin est l’évêque officiel du diocèse de Baoding et je suis son coadjuteur. J’ai beaucoup de respect pour lui. Lorsque j’ai été libéré en 2006, j’ai demandé aux responsables du gouvernement provincial où se trouvait Mgr Su, mais ils m’ont répondu qu’ils n’en avaient aucune idée». Mgr An Shuxin a précisé qu’il ignorait s’il était toujours en vie.

Lors d’une réunion avec des fonctionnaires de l’Administration nationale des affaires religieuses à Pékin, il a essayé de découvrir où se trouvait Mgr Su Zhimin. Mais on lui aurait répondu que l’affaire dépendait du gouvernement central et du Vatican.  (cath.ch/ucanews/mp)

La cathédrale catholique de Baoding, dans la province chinoise du Hebei | wikimedia commons BabelStone CC BY-SA 3.0
10 juillet 2020 | 12:08
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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