Une église gréco-catholique unie à Rome (à gauche) à côté d'une église orthodoxe, en Roumanie | © Jacques Berset
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Dialogue entre orthodoxes et catholiques: Moscou rappelle l'obstacle «uniate»

Alors que la session plénière de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Eglise orthodoxe et l’Eglise catholique romaine a adopté un document qui fait avancer le dialogue entre catholiques et orthodoxes, Moscou rappelle la persistance de l’obstacle «uniate».

La Commission, qui a siégé du 15 au 22 septembre 2016 à Chieti, en Italie, a approuvé le document commun «Synodalité et primauté pendant le premier millénaire: Vers une compréhension commune au service de l’unité de l’Eglise».

Pendant les séances, les participants ont discuté du thème de la poursuite du dialogue. Le chef de la délégation de l’Eglise orthodoxe russe, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou (DREE), a proposé de consacrer le prochain stade du dialogue au thème de la synodalité et du primat dans les Eglises d’Orient et d’Occident durant le second millénaire.

L’»uniatisme», pierre d’achoppement pour l’Eglise orthodoxe russe

Dans ce cadre, estime le patriarcat de Moscou, «il serait nécessaire de poursuivre la discussion sur l’’uniatisme’ en tant que phénomène apparu après le schisme de 1054 et demeurant jusqu’à aujourd’hui une pierre d’achoppement dans les relations orthodoxes-catholiques».

L’»uniatisme», terme considéré comme péjoratif par les gréco-catholiques, a longtemps servi à désigner les Eglises orientales rattachées à Rome. Il désigne les fractions de ces Eglises qui ont rompu avec leur Eglise «mère» orthodoxe et sont entrées en communion avec l’Eglise catholique.

Le métropolite Hilarion a rappelé qu’en 2000, pendant la session de Baltimore, aux Etats-Unis, la Commission mixte aurait dû discuter le thème des conséquences ecclésiologiques et canoniques de l’uniatisme.

Les divergences demeurent

Cette discussion, rappelle Moscou, devait s’inscrire dans la poursuite du travail commencé dans les années 1990 avec l’adoption, en 1993, du document de Balamand, au Liban, condamnant l’uniatisme. Un autre projet de document sur le même thème avait été élaboré à Ariccia, en Italie, en 1998. Cependant, souligne le chef du DREE, «la session de Baltimore n’avait pu terminer ses travaux à cause de divergences d’opinion entre les participants catholiques et orthodoxes, de même qu’à l’intérieur des deux parties».

Selon le métropolite Hilarion, «lorsque les travaux de la Commission mixte ont repris après une interruption de six ans, il a été proposé de reprendre la discussion de la question du primat et de la synodalité dans l’Eglise». L’Eglise orthodoxe russe a approuvé cette proposition, à condition que les conséquences ecclésiologiques et canoniques de l’union seraient aussi abordées avec les thèmes de la primauté et de la conciliarité.

Le problème de l’’uniatisme’ reste d’une «brûlante actualité»

Cependant, en 10 ans, de 2006 à 2016, la Commission n’est pas revenue une seule fois sur ce thème. «La logique de notre dialogue exige qu’afin d’achever le travail sur le document consacré à la primauté et à la synodalité dans l’Eglise pendant le premier millénaire, nous passions à l’examen de la question de la synodalité et de la primauté dans les Eglises d’Orient et d’Occident au second millénaire».

Pour l’Eglise orthodoxe russe, il faut se pencher sur le schisme de 1054, ainsi que sur le problème de l’’uniatisme’, qui est à ses yeux central pour le second millénaire. «Je suppose que les problèmes qui nous séparent seront discutés, constate le métropolite Hilarion, et que nous n’arriverons pas à un accord sur chacun de ces points. Cependant, l’objectif de notre dialogue n’est pas de parvenir à un accord sur les questions sur lesquelles nous nous entendons déjà, mais de discuter des problèmes qui nous séparent. Le thème de l’’uniatisme’ est l’un de ces problèmes, et d’une brûlante actualité».

Offenses et «attaques injustes»

Et le métropolite Hilarion d’attirer l’attention des membres de la Commission mixte sur des actions «inadmissibles d’un point de vue chrétien» qu’il affirme menées par la direction de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne: «Il ne s’agit pas seulement de critiques, mais d’offenses et d’attaques injustes. Nous devons nous rendre compte qu’à l’intérieur de nos Eglises, il y a des gens qui mettent des obstacles sur notre route. Nous devons garder cela à l’esprit lorsque nous pensons à l’avenir de notre dialogue!»

L’archimandrite Irénée Steenberg, membre de la délégation de l’Eglise orthodoxe russe, souligne pour sa part qu’il sera difficile à l’Eglise orthodoxe russe de poursuivre le dialogue orthodoxe-catholique «si la question des conséquences ecclésiologiques et canoniques de l’uniatisme restait sans solution». Il a néanmoins été décidé de laisser le choix du thème des prochaines séances à l’examen du Comité de coordination de la Commission mixte, qui se réunira en 2017. (cath.ch-apic/mospat/be)

Une église gréco-catholique unie à Rome (à gauche) à côté d'une église orthodoxe, en Roumanie | © Jacques Berset
26 septembre 2016 | 15:05
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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