Devant une ONG juive, le pape invite à faire mémoire de la Shoah

«Où est ton frère?» Le pape François a exhorté à se laisser «provoquer par cette question», en recevant au Vatican une délégation de l’ONG juive de défense des droits de l’homme, le 30 mai 2022. Il a invité à faire mémoire «de la Shoah et de tant d’autres atrocités», durant cette audience.

Devant les membres de l’organisation juive de défense des droits de l’homme B’nai B’rith International, qu’il connaissait déjà en tant qu’archevêque de Buenos Aires, le pontife argentin s’est inquiété des «dangereux extrémismes» qui sévissent dans le monde, voyant dans la pauvreté matérielle, éducative et spirituelle, «le plus grand facteur de risque».

Cultiver la mémoire du passé

Pour lutter contre les «perspectives particularistes et nationalistes», le pape a invité à cultiver la mémoire du passé, «de la Shoah et de tant d’autres atrocités». Et de ramener ses hôtes à la «mémoire spirituelle commune» aux juifs et aux chrétiens, avec le premier acte de violence de l’humanité, celui de Caïn tuant son frère Abel.

«Nous ne pouvons pas substituer le rêve divin fait d’un monde de frères par un monde d’enfants uniques violents et indifférents», a affirmé le pape François, exhortant à «briser le cercle de la violence» et à «commencer à protéger l’autre». «On ne peut se trouver soi-même sans chercher son frère, on ne peut pas trouver l’Éternel sans embrasser le prochain», a-t-il ajouté.

Dialogue «judéo-catholique»

«J’ai toujours eu à cœur de promouvoir et d’approfondir le dialogue entre catholiques et juifs, depuis tout jeune parce qu’à l’école j’avais des camarades juifs», a confié l’évêque de Rome en conclusion. En 2012, il avait accueilli une commémoration de B’nai B’rith dans son diocèse de Buenos Aires.

L’organisation créée en 1843 aux États-Unis est régulièrement reçue au Vatican. Elle y est venue notamment en 2015 sous le pontificat de François, en 2011 sous celui du pape Benoît XVI et en 1996 avec Jean Paul II.

Lors d’une audience générale en janvier dernier, pour la Journée internationale de la mémoire des victimes de l’Holocauste, le pape François avait appelé à cultiver chez les nouvelles générations «la conscience de l’horreur de cette page noire de l’histoire». (cath.ch/imedia/ak/gr)