Devant le clergé bolivien le pape fustige la «spiritualité du zapping»

Santa Cruz, 09.07.15 (cath.ch-apic) Le pape François a fustigé la «spiritualité du zapping» et ceux qui ont un «cœur blindé» face à la douleur des autres sans savoir «entrer en contact», le 9 juillet 2015, depuis Santa Cruz de la Sierra. Au cours de cette deuxième journée en Bolivie, le pape s’est exprimé devant le clergé local, critiquant aussi ceux qui font de leur «identité une question de supériorité».

Dans le grand gymnase de l’école Don Bosco de Santa Cruz, le pontife argentin, habitué aux expressions choc a ainsi alerté, devant quelque 4000 religieux, prêtres, séminaristes et consacrés, contre la tentation de vivre une «spiritualité du zapping». «Elle passe et repasse, mais rien ne reste, ce sont ceux qui courent après la dernière nouveauté, après le dernier ›best seller’ mais ne réussissent pas à entrer en contact, à entrer en relation, à s’impliquer», a-t-il constaté.

«La compassion n’est pas du zapping, a repris le pape, ce n’est pas d’étouffer la douleur, au contraire, c’est la logique même de l’amour». Et le pontife d’inviter prêtres et religieux à ne pas «passer sans s’arrêter», «sans écouter la douleur de nos gens, sans nous enraciner dans leurs vies, dans leur terre». «C’est la tentation de voir la douleur comme quelque chose de naturel, de s’habituer à l’injustice», a-t-il ajouté, mettant en garde devant «un cœur blindé, fermé, qui a perdu sa capacité d’étonnement».

Le pape a fustigé les «fonctionnaires de Dieu»

Le chef de l’Eglise catholique a aussi fustigé l’attitude de ceux qui ne veulent pas se laisser déranger par «le cri de l’autre» et qui lui disent «tais-toi». «C’est le drame de la conscience isolée, a-t-il déploré, de ceux qui pensent que la vie de Jésus est seulement pour ceux qui se croient aptes et ont finalement un mépris profond pour le peuple de Dieu». Et le pape de regretter que les prêtres ou les évêques ne cessent de «gronder» leurs fidèles, et de fustiger «les fonctionnaires de Dieu».

Dans une ambiance joyeuse, le pape François a truffé son intervention d’anecdotes personnelles, déclenchant des éclats de rires et des applaudissements dans la foule. Il était arrivé un peu plus tôt dans le gymnase de l’école salésienne, salué par des chants, avant d’écouter le témoignage d’un prêtre, d’une religieuse et d’un séminariste. Le pape devait ensuite participer à la 2e Rencontre mondiale des mouvements populaires au parc des expositions Expo Feria, en présence du président Evo Morales. (apic/imadia/bh)