La ville de Soleure est le siège de l'évêché de Bâle | © wikimedia commons ch-info.ch CC BY-SA 3.0
Suisse

Deux évêques auxiliaires à Bâle: «Cela ne fonctionne plus»

La coutume veut que le diocèse de Bâle ait deux évêques auxiliaires, l’un nommé par Rome, l’autre par l’évêque. Un système qui, selon l’historien de l’Eglise Markus Ries, «ne fonctionne plus correctement depuis un bon moment».

Raphael Rauch, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Après la démission de Mgr Denis Theurillat, le 8 février 2021, le diocèse de Bâle n’a plus d’évêque auxiliaire. Markus Ries, professeur d’histoire de l’Eglise et recteur de l’Université de Lucerne explique les conditions particulières d’élection des auxiliaires dans le diocèse de Suisse centrale et les enjeux liés à la démission de Mgr Theurillat.

D’où vient la coutume selon laquelle le diocèse de Bâle a deux évêques auxiliaires: l’un nommé par le pape et l’autre par l’évêque de Bâle?
Markus Ries: Cette question est liée au Concordat sur la réorganisation du diocèse de 1828, qui prévoyait la nomination d’un évêque auxiliaire par l’évêque si les cantons d’Argovie et de Thurgovie étaient ajoutés au diocèse de Bâle. Autrefois, il était tout à fait naturel pour un évêque titulaire de nommer un auxiliaire.

Et le rattachement d’Argovie et Thurgovie s’est effectivement produit…
Les deux cantons ont été incorporés au diocèse deux ans après le Concordat. Un évêque auxiliaire aurait alors dû être nommé. Mais les gouvernements cantonaux concernés ont empêché cette nomination, pour des raisons économiques. Ce n’est qu’après le Concile Vatican II (1962-1965) que l’évêque de l’époque, Mgr Anton Hänggi (1968-1982), est revenu sur la question et a nommé un évêque auxiliaire.

Et pour le deuxième évêque auxiliaire?
Lorsque le successeur de Mgr Hänggi, Mgr Otto Wüst, a souhaité avoir un deuxième évêque auxiliaire, le Code de droit canon de 1983 était entré en vigueur. En vertu duquel, la nomination de tous les évêques auxiliaires revenait au pape.

Il y a ainsi deux formules: un évêque auxiliaire nommé par l’évêque titulaire, et un second désigné par le pape. La première partie de l’arrangement, bien que contraire au droit canonique actuel, est acceptée par le nonce apostolique selon le principe «pacta sunt servanda» (les conventions doivent être respectées). Elle ne fonctionne cependant que tant que les gouvernements cantonaux, en tant que parties contractantes habilitées à formuler des exigences, s’engagent dans ce sens.

Pourrait-il y avoir même trois évêques auxiliaires dans le diocèse de Bâle?
Certainement. La curie romaine, de facto le nonce, est aujourd’hui tout à fait libre à cet égard. La curie peut librement nommer un ou deux, ou plusieurs évêques auxiliaires, sans avoir à consulter qui que ce soit.

Concrètement comment se passe le recrutement et la nomination d’un évêque auxiliaire dans le diocèse de Bâle soit lorsqu’il est proposé par l’évêque, soit lorsqu’il est proposé par Rome?
L’expression ‘proposé par l’évêque’ n’est pas correcte. Il faut dire ‘nommé par l’évêque’. Ici le processus est semblable à la nomination d’un vicaire général (dans ce cas l’évêque désigné reçoit ensuite l’approbation de Rome, ndlr).

Pour un évêque auxiliaire nommé par le pape, le processus suit la voie ordinaire. Le nonce récolte les informations et décide. Il laisse ensuite la nomination aux collaborateurs de la curie et rend publique la décision.

Le  modèle de Bâle vous semble-t-il approprié?
Il ne fonctionne plus correctement depuis déjà un certain temps. Personne ne s’est demandé pourquoi l’évêque auxiliaire Martin Gächter (qui a démissionné en 2014, ndlr) n’a pas eu de successeur. Il avait pourtant bien des tâches à effectuer. Celles-ci auraient-elles disparu? Ou sont-elles réalisées par un clerc quelconque, – qui n’est pas évêque – ou un laïc? Qui le sait? (cath.ch/kath/rr/rz)

La ville de Soleure est le siège de l'évêché de Bâle | © wikimedia commons ch-info.ch CC BY-SA 3.0
11 février 2021 | 17:29
par Rédaction
Temps de lecture : env. 3  min.
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