Deux cardinaux demandent de «punir» les évêques allemands

Les cardinaux américain Raymond Burke et allemand Gerhard Müller ont fustigé le vote favorable à la bénédiction des couples homosexuels par le chemin synodal allemand. Ils demandent un procès canonique et la destitution des évêques impliqués s’ils ne se conformaient pas à la doctrine catholique en la matière.

Début mars 2023, un texte donnant le feu vert à la bénédiction des couples de même sexe a été adopté à une écrasante majorité par le chemin synodal allemand. Alors que le document contredit une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) publiée en mars 2021 déclarant illicite une telle bénédiction, aucune réaction n’a pour l’instant émané du pape François, souligne le média italien Il Giornale.

Des critiques sont par contre venues du secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin. Quelques jours après le vote en question, le Vénitien a déclaré que «le chemin synodal (allemand, ndlr) a pris des décisions qui ne correspondent pas exactement à ce qui est actuellement la doctrine de l’Eglise». Pour le ‘numéro deux’ du Vatican, «une Église particulière, locale, ne peut pas prendre ce type de décisions, qui impliquent la discipline de l’Église universelle». Il a appelé à «une discussion (des évêques allemands) avec Rome ainsi qu’avec le reste des Églises dans le monde», afin de «clarifier les décisions à prendre».

Des péchés «contre le Christ lui-même»?

Une réponse du Saint-Siège donc plutôt modérée, en tout cas en comparaison de celle de deux cardinaux de la Curie appartenant à l’aile conservatrice: Raymond Leo Burke et Gerhard Ludwig Müller. Ce dernier a occupé le poste de préfet de la CDF, de 2012 à 2017. Sur la chaîne de télévision catholique américaine EWTN, ils ont en effet appelé à des sanctions canoniques contre les 38 évêques ayant voté le document en faveur de la bénédiction des couples homosexuels. «Il doit y avoir un procès et ils doivent être condamnés et démis de leurs fonctions s’ils ne se convertissent pas et n’acceptent pas la doctrine catholique», a notamment déclaré le cardinal allemand.

Le prélat américain a accusé les évêques allemands de s’être éloignés du Christ et de son enseignement dans l’Église. «Il s’agit de péchés contre le Christ lui-même et, de toute évidence, de la nature la plus grave», a-t-il assuré, ajoutant que le Code de droit canonique prévoyait «les sanctions appropriées» pour ce genre de cas.

Un «synodalien» à la tête du DDF?

Le Vatican répondra-t-il à l’appel des deux prélats? Ce qui est désormais désigné comme le «dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF)» est actuellement dirigé par le cardinal Luis Ladaria Ferrer, dont le mandat expire en juillet prochain, après qu’il aura passé le cap des 78 ans, en avril.

Si l’Espagnol ne prend pas le dossier en mains avant, son traitement reviendra à son successeur. Une échéance qui est évoquée depuis des mois dans les murs du Vatican. La rumeur la plus insistante, selon Il Giornale, est qu’un Allemand, Mgr Heiner Wilmer, serait favori pour prendre la place du cardinal Ladaria.

Or, l’évêque de Hildesheim, en Basse-saxe, s’est jusqu’à présent révélé être un grand partisan du chemin synodal et de son agenda ultra-progressif, affirme le média italien. Selon ce dernier, «les rumeurs sur la possible nomination de Mgr Wilmer ont semé le trouble à Rome, et plus d’un cardinal, à notre connaissance, ont exprimé au pape leur plus grande perplexité vis-à-vis du dehonien [membre de la congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, fondée par Léon Dehon en 1878, ndlr]». Si de telles rumeurs devaient se concrétiser, cela amoindrirait probablement l’impact des appels punitifs contre le Synode allemand et contribuerait à le renforcer. (cath.ch/ilgiornale/arch/ag/rz)