Francois Devaux, victime française | Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Vatican

Des victimes d'abus reçues par le comité d'organisation de la rencontre sur la protection des mineurs

«La crédibilité de l’Eglise, du Vatican et du pape est arrivée à un stade apocalyptique», a estimé le 20 février 2019 François Devaux, victime du prêtre lyonnais Bernard Preynat, présent à Rome à la veille du sommet sur la protection des mineurs dans l’Eglise. Le Français s’est exprimé à l’issue d’un échange entre une groupe de représentants de victimes d’abus par des membres du clergé et le comité organisateur du sommet. Le même jour, le film «Grâce à Dieu» qui raconte son histoire sortait sur les écrans français et suisses.

Une douzaine de personnes, hommes et femmes, venues du Chili, des Etats-Unis, d’Afrique, ou encore de France, membres d’organisations de défense de victimes, ont échangé pendant plus de deux heures avec le cardinal Oswald Gracias, le cardinal Blase Cupich, Mgr Charles Scicluna, le Père Federico Lombardi et  le Père Hans Zollner. Les membres du comité sont très reconnaissants envers ces victimes pour leur sincérité, leur profondeur et la force de leur témoignage, a rapporté le Saint-Siège après la rencontre. Cela contribuera «certainement à comprendre toujours mieux la gravité et l’urgence des problèmes qui seront affrontés au cours de la rencontre».

«C’était puissant», a déclaré spontanément à sa sortie de la réunion François Devaux, membre de l’association La Parole libérée et figure de l’affaire Preynat, parmi les participants. «Ils ont conscience de l’état d’urgence», a-t-il confié. «La crédibilité de l’Eglise, du Vatican et du pape est arrivée à un stade apocalyptique», a-t-il encore insisté avant d’ajouter : «ils sont contraints d’agir». Le même jour, le film «Grâce à Dieu», qui raconte son histoire, sortait sur les écrans français et suisses, malgré les polémiques médiatico-judiciaires .

«Le sommet de la dernière chance»

«C’est un bon premier point», a estimé pour sa part Olivier Savignac, également invité à cet échange : «être écouté par ces prélats, véritables chevilles ouvrières au Vatican sur les abus sexuels, n’est pas rien». «Chaque témoignage a été très fort. L’Eglise est au pied du mur. C’est le sommet de la dernière chance. On attend d’abord des actes de conversion des prélats qui font la loi dans leur diocèse. Nous sommes là aussi pour appeler chaque évêque à écouter les victimes.»

Les deux hommes ont jugé toutefois que le pontife s’est avéré être le «grand absent» de cette rencontre. Une déception exprimée par l’ensemble des victimes participantes selon eux. «Comment se fait-il que ceux que nous avons rencontrés nous disent : ‘je ne peux pas agir, je ne suis pas le pape’. Dans ce cas où était-il ?», s’est interrogé François Devaux.

«Une décision simple et efficace»

A l’instar de Peter Isely, fondateur du réseau de victimes Ending Clergy Abuse (mettre fin aux abus du clergé), également reçu par le comité, les deux Français ont exigé une politique de «tolérance zéro». «Tout prêtre ou tout évêque qui a couvert un prêtre déviant sexuellement n’a plus rien à faire à un poste d’orateur et derrière un autel, a lancé François Devaux, voilà une décision simple et efficace».

Il a ainsi évoqué le cas du cardinal Philippe Barbarin. Le haut prélat «a reconnu avoir replacé un prêtre pédophile [le Père Preynat, ndlr]» et «cet homme là est toujours en place», s’est indigné François Devaux. Ce dernier a alors révélé avoir remis à Mgr Scicluna un courrier en main propre exigeant de la Congrégation pour la doctrine de la foi de lancer une enquête à l’encontre de l’archevêque de Lyon.

Olivier Savignac a pour sa part apprécié que l’on ne revienne pas sur la pédophilie en elle-même mais sur le phénomène de couverture des coupables, présent dans l’Eglise. Le comité organisateur, a-t-il affirmé, souhaite travailler sur la levée du secret pontifical. Il s’agira également d’étudier les disparités culturelles pour aboutir à «une prise de conscience mondiale», a confié pendant la réunion un membre du comité organisateur. (cath.ch/imedia/ah/mp)

Francois Devaux, victime française | Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
20 février 2019 | 18:27
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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