Des religieuses catholiques au Forum économique mondial de Davos
Les plus de 600’000 religieuses catholiques dans le monde connaissent et partagent la vie des pauvres, elles travaillent à leurs côtés et ne s’enfuient pas à la moindre tension. Elles peuvent ainsi apporter des changements substantiels et systémiques. Telle est le message du ‘Sister Project’ présenté le 23 mai 2022 au Forum Mondial économique de Davos (WEF).
En partageant leurs expériences de travail avec les pauvres et les marginalisés et en établissant des partenariats avec des dirigeants de gouvernements et d’entreprises engagés à améliorer la vie des gens, les religieuses sont convaincues qu’elles peuvent «apporter des changements substantiels et systémiques», a déclaré Sœur Patricia Murray des sœurs de Lorette.
La secrétaire exécutive de l’Union internationale des supérieures générales (UISG) est à Davos pour le Forum économique mondial (WEF), en particulier pour participer aux événements de l’espace dédié aux Objectifs du développement durable (ODD) où les chefs d’entreprise et les représentants d’organisations non gouvernementales peuvent se rencontrer.
Le leadership courageux
Les religieuses sont confrontées aux plus grands défis de la société de manière concrète, a rappelé Sœur Patricia lors d’un débat organisé le 23 mai 2022 sur le thème du ‘leadership courageux’. «Nous avons tous vu la photo de Sœur Ann Rose Nu Tawng s’agenouillant devant les militaires en Birmanie; je pense aussi aux religieuses au Sri Lanka, qui ont protégé les manifestants qui protestaient contre les coupures d’électricité, la pénurie d’essence et de médicaments; je pense encore à la religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez, enlevée en 2017 par les djihadistes au Mali, et détenue en otage pendant quatre ans.
Il s’agit d’«exemples extraordinaires de dirigeants courageux, mais souvent, ce leadership est vécu en secret et en silence. Le leadership courageux exige l’humilité, l’ouverture à la nouveauté, l’acceptation du risque de l’échec et de la nécessité de recommencer», a souligné Sœur Patricia Murray.
L’engagement des religieuses vise de nombreux domaines tels que la santé, l’éducation, le soutien aux migrants et l’aide aux victimes de la traite des êtres humains. «Nous aspirons à un changement structurel au niveau local, national et international, avec et pour les personnes les plus oubliées et ignorées»,
«Nous ne partons pas lorsque la violence et les conflits éclatent»
Les leaders courageux ont une vision et des objectif clairs «qu’en tant que religieuses, nous tirons de notre foi et de notre vie consacrée au bien des autres», a confirmé la religieuse indienne Sœur Mary John Kudiyiruppil, qui a présenté au public de Davos des exemples concrets de projets réussis lancés par des religieuses. Il s’agit souvent de petits gestes, mais qui ont donné de grands résultats. En lien direct avec l’actualité, la religieuse a évoqué diverses actions pour la protection des femmes ukrainiennes poussées à l’exil par la guerre.
«Notre vision de l’Évangile signifie que nous voulons créer les conditions pour que chaque personne puisse mener une vie épanouie et digne», a déclaré la troisième participante au «Sister Project», Sœur Ruth Pilar del Mora. Elle a souligné que les religieuses n’excluent personne: «Nous ne partons pas lorsque la violence et les conflits éclatent».
Défendre la cause des sans-voix
Parler pour ceux qui n’ont pas de voix fait partie de notre mode de vie prophétique, a poursuivi Sœur Murray. Pour la religieuse américaine, défendre leur cause auprès des dirigeants politiques et économiques qui peuvent faire une différence dans leur vie, participe de cette même démarche prophétique.
«Beaucoup de sœurs, de prêtres et de frères qui font un travail extraordinaire pour le développement des personnes passent leur temps à chercher des financements», et à Davos «vous avez tout le monde des affaires, avec des dirigeants qui veulent vraiment faire la différence», s’est félicité Sœur Patricia.
«L’une des choses qui m’a vraiment impressionnée» est d’écouter les chefs d’entreprise parler d’un point de vue moral et spirituel, même s’»ils n’utilisent pas forcément ces mots», a-t-elle déclaré, au site Vatican News. Mais il est clair qu’il y a «un sens de la responsabilité sociale qui se développe à tous les niveaux».
Les chefs d’entreprise et de gouvernement présents dans la station touristique des Grisons, a-t-elle ajouté, sont déterminés à trouver des solutions aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique et l’accueil et l’intégration des migrants et des réfugiés.
Fournir du travail aux migrants
Le Fonds mondial de solidarité et Unilever, multinationale agro-alimentaire basée à Londres, ont parrainé une seconde discussion à Davos le 24 mai sur «La création d’emplois dans les marges: Les réfugiés, les marchés et le pouvoir des partenariats». Il a été question notamment de leur projet commun en Colombie pour soutenir les congrégations religieuses qui travaillent avec les migrants et les réfugiés pour lancer de petites entreprises et former des personnes pour les industries locales. De nombreux migrants et réfugiés n’ont d’autre choix que d’accepter la charité lorsqu’ils arrivent dans un nouveau pays, mais ils veulent travailler et subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, a souligné Marta Guglielmetti, directrice exécutive du Fonds mondial de solidarité. (cath.ch/cns/newsva/mp)