Fribourg: Ouverture le 13 mai du Symposium sur le christianisme en Mésopotamie
Des premiers chrétiens en terre d’Irak à nos jours
Fribourg, 12 mai 2011 (Apic) Les chrétiens d’Irak vivent sur les terres de Mésopotamie depuis les débuts du christianisme. Alors qu’ils étaient encore plus d’un million il y a trois décennies, ces dernières années, ils quittent en masse leur terre natale sous les coups de boutoir de groupes extrémistes islamiques. Préoccupée par le sort de ce christianisme des origines, la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg organise les 13 et 14 mai à Fribourg un symposium sur le christianisme en Mésopotamie des origines à nos jours.
Les travaux portent sur l’héritage de la religion mésopotamienne pour le christianisme, les Eglises de langue syriaque, et l’œcuménisme dans l’Irak d’aujourd’hui.
La Faculté a signé en juillet dernier une convention avec le Pontifical Babel College de Bagdad, qui a trouvé refuge à Arbil-Ankawa, au Kurdistan irakien. Dépendant du patriarcat de Babylone des chaldéens à Bagdad, le Babel College for Philosophy and Theology est la seule institution de formation théologique de niveau académique dont disposent les chrétiens d’Irak. Sept professeurs du Babel College – dont son recteur, Mgr Jacques Isaac, interviendront vendredi et samedi à Fribourg pour présenter la riche diversité des cultures d’Irak et de ses Eglises chrétiennes, qu’elles soient chaldéennes, syriaques ou autres.
Des exposés seront également présentés par des intervenants de l’Université de Fribourg. Le symposium sera ouvert vendredi matin par le Père Guido Vergauwen, recteur de l’Université, et le professeur Mariano Delgado, doyen de la Faculté de théologie, ainsi que par le professeur Franz Mali, président du groupe de travail pour la collaboration entre la Faculté de théologie de Fribourg et le Babel College d’Ankawa.
Des chrétiens en butte aux attaques des fondamentalistes
Les professeurs du Babel College donneront des conférences qui ne traiteront pas uniquement de thèmes historiques concernant les racines chrétiennes de leur culture ou les antiques cultures fascinantes de la Mésopotamie. Ils parleront également de leur propre expérience des récentes guerres et des agressions qu’ils subissent encore actuellement.
La première partie du Symposium traite de «l’héritage de la religion mésopotamienne pour le christianisme». Simo Parpola, professeur d’Assyriologie à l’Université d’Helsinki, parlera des fondations assyriennes de l’ancienne chrétienté syriaque. Le professeur Franz Mali parle de «la naissance du christianisme en Mésopotamie et le développement des Eglises», tandis que Hikmat Bashir Majid Al-Aswad, directeur du Musée de Mossoul et professeur au Babel College, évoque le «symbolisme de la croix dans l’ancienne Mésopotamie». Gazwan Baho, également du Babel College, aborde la question de la création entre la Sainte Bible et la mythologie mésopotamienne. Le Père dominicain Hans Ulrich Steymans, professeur au Département d’Etudes Bibliques de l’Université de Fribourg, parle «des visages féminins suppliants – de Mami à Marie».
Saïd Elias Saïd donne une conférence sur «Germe d’une théologie biblique orientale, Aphrahate le Sage. IV siècle», tandis que Franz Mali parle de «la naissance du christianisme en Mésopotamie et le développement des Eglises». Le professeur Nineb Lamassu, de l’Université de Cambridge, présente la langue syriaque et l’identité des Eglises orientales, tandis que samedi, le Père dominicain Samir Marroghi parle de «la spiritualité syriaque dans l’Eglise de Mésopotamie». Vincent van Vossel, du Babel College, présente quant à lui l’art et l’iconographie de l’Eglise en Irak. Mgr Jacques Isaac parle de la question de «la Sainte Vierge dans la liturgie chaldéenne», et Suha Rassam des aspects œcuméniques de l’Eglise d’Irak d’aujourd’hui. Salim Saka, du Babel College, présente l’organisation et la fonction de l’Eglise en Irak, et finalement le Père Yousif Thomas Mirkis, supérieur des dominicains à Bagdad, clôture la partie académique du symposium en parlant de la diffusion de la Bible en Irak depuis 1984, sous le régime de Saddam Hussein.
Encadré
Près d’un millier de chrétiens – et parmi eux un évêque et 5 prêtres – ont été assassinés en Irak depuis l’invasion américaine de 2003, selon l’archevêque chaldéen de Kirkouk. Mgr Louis Sako mentionne encore le fait que 52 églises ont également été attaquées durant cette période. Consciente de cette tragique réalité, la Faculté de théologie de Fribourg veut montrer sa solidarité en développant une collaboration scientifique avec le Babel College (*). Elle est engagée depuis 2007 aux côtés de la minorité chrétienne d’Irak.
Encadré
Dès son origine, le christianisme s’est répandu vers l’Orient et a poussé ses racines en Mésopotamie, cela déjà pendant les premières décennies de son existence. A partir de l’époque de Constantin, l’Empire perse – dont le zoroastrisme était religion d’Etat -, soupçonnait les chrétiens d’être des collaborateurs de l’ennemi politique byzantin détesté. Même après la conquête arabe, les chrétiens continuèrent de subir des torts et à être décimés. Le christianisme est toujours resté une religion minoritaire dans la région, cela jusqu’à nos jours.
L’été dernier, une convention a été signée pour permettre une collaboration plus étroite entre la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg et la Faculté de théologie du Babel College for Philosophy and Theology, une institution du patriarcat catholique de Babylone des chaldéens à Bagdad. Ce symposium invite à découvrir la riche histoire des chrétiens en Mésopotamie – aujourd’hui l’Irak – et leur situation de plus en plus dramatique. Il s’agit d’encourager la collaboration entre les deux Facultés, notamment par l’échange d’étudiants et étudiantes et de scientifiques engagés dans l’enseignement et la recherche. L’Université de Fribourg a envoyé une délégation fin octobre 2009 au Nord de l’Irak. (apic/be)