Des milliers d'étudiants étudient Calvin en ligne
Genève, 03.11.2015 (cath.ch-apic) «C’est une formidable vitrine pour la Faculté». Avec plus de 1’500 étudiants, le cours en ligne consacré à Jean Calvin, rediffusé ces jours par la Faculté de théologie de l’Université de Genève sur la plateforme Coursera, a de quoi réjouir Christophe Chalamet, professeur associé en théologie systématique. Certes il ne recrée pas le «buzz» de 2013 – il avait alors attiré plus de 10’000 personnes –, mais il permet néanmoins à des étudiants du monde entier de se plonger dans la pensée et l’œuvre du Réformateur de Genève.
Cette seconde édition a les mêmes traits que sa version originale, à ceci près qu’elle a été quelque peu retravaillée et complétée par quatre nouvelles séquences de cours. Structurée en cinq leçons de cinq semaines, elle aborde tour à tour la vie de Jean Calvin, sa pensée, son éthique, la diffusion et l’actualité de son œuvres à travers plusieurs séquences vidéos d’une dizaine de minutes chacune.
Une nouveauté
L’exercice s’avère parfois délicat pour les professeurs, plutôt habitués à s’adresser à un auditoire d’étudiants en chair et en os plutôt qu’à quelques techniciens derrières leurs caméras. «C’est nouveau, concède Christophe Chalamet, coordinateur du projet, et parfois contraignant».
C’est aussi un succès: lors de la première diffusion du cours en 2013, des milliers d’étudiants ont visionné les vidéos, téléchargé les documents relatifs et poursuivi la réflexion dans les forums de discussion du site Coursera. «C’est un peu plus calme cette année», reconnaît le professeur, qui situe cette baisse d’effectifs dans un manque de communication. Pour son collègue Michel Grandjean, professeur ordinaire d’histoire du christianisme, l’effet de nouveauté avait également joué en faveur de ce MOOC[1] en 2013.
Un auditoire bigarré
Pour une Faculté de 200 étudiants, ce projet a tout de même le mérite de démultiplier le nombre d’élèves qui suivent d’ordinaire ses cours de théologie. «Nous remplirions ainsi les deux plus grandes salles de l’Université de Genève», explique Michel Grandjean, qui présente de nombreuses séquences consacrées à la biographie de Calvin.
«Sur les 1’500 inscrits, un quart sont Français, ensuite viennent les Etats-Unis, le Brésil et, en quatrième position, la Suisse», explique l’historien. L’auditoire est pour le moins bigarré et cela se ressent dans les forums de discussion. Si certains étudiants ont des questions précises sur le contexte social de Calvin, d’autres s’intéressent à la Réforme aux sens large – ce qui requiert une certaines souplesse des professeurs en charge de répondre à ces interrogations variées.
Une formidable vitrine
Il reste que ce projet étend le rayonnement de la Faculté genevoise aux quatre coins du globe. «C’est une démocratisation du savoir, se réjouit Christophe Chalamet, l’occasion pour nous de partager nos connaissances avec un public très large. Et c’est aussi une formidable vitrine pour la Faculté». Au-delà du moyen de diffusion, c’est aussi la thématique qui attire des étudiants du monde entier.
Le cours revient sur la figure du célèbre Réformateur, sur sa biographie d’une part, mais également sur son œuvre et l’influence qu’elle exercera au seizième siècle et dans les siècles suivants. C’est également l’occasion d’aborder, pour les professeurs impliqués dans le projet, l’humanisme de Calvin, sa compréhension de la pensée biblique, son système théologique, son engagement social et politique. Des thèmes plus délicats sont également au programme, à l’instar de l’affaire Servet, médecin espagnol arrêté puis condamné à mort pour hérésie par le Conseil des Deux-Cents de Genève, à l’instigation de Jean Calvin.
Si ces démarches connaissent un certains succès, elles ne sont pas pour autant une alternative au système classique de formation académique. Ce cursus consacré à Calvin ne délivre d’ailleurs pas de crédits ECTS, mais plutôt une «attestation de réussite».
Il s’agit pour Michel Grandjean et Christophe Chalamet d’un complément à la formation classique, «une brique dans le mur», explique le professeur de théologie systématique. «C’est un moyen de s’adresser à la cité», ajoute Michel Grandjean. «Un truchement pour lui adresser la parole qui permet également à l’Université de se positionner dans un réseau de formation planétaire».
Révolution?
Le projet fait des émules. Forte de cette première expérience, la Faculté genevoise a d’autres MOOC en cours de développement. «J’élabore un nouveau cours en ligne sur les violences religieuses dans l’espace méditerranéen», révèle Michel Grandjean, préparant peut-être ainsi une petite révolution dans les Facultés de théologie européennes qui peinent souvent à attirer de nouveaux étudiants dans leurs murs. (apic/pp)
[1] L’acronyme MOOC signifie «Massive Open Online Course» que l’on peut traduire par «cours en ligne ouvert et massif».