Suisse: Marquage des marchandises israéliennes produites dans les Territoires occupés
Des milieux juifs de Suisse dénoncent l’Entraide protestante EPER
Zurich, 7 juin 2012 (Apic) Diverses organisations juives de Suisse ont vivement réagi le 6 juin au soutien apporté par l’œuvre d’entraide protestante EPER à la Migros concernant le marquage des marchandises israéliennes produites dans les Territoires palestiniens occupés. L’EPER signale que les produits issus des colonies israéliennes dans les territoires occupés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est impliquent des violations du droit international.
«Pour cette raison, écrit l’œuvre d’entraide protestante sur son site internet www.heks.ch/fr, l’EPER demande aux grands distributeurs suisses de sortir ces produits de leur assortiment tout comme le font déjà certains distributeurs au Royaume-Uni et en Norvège». L’EPER salue «le premier pas courageux de Migros, qui déclarera correctement l’origine des produits en provenance des colonies israéliennes en territoires occupés dès 2013». L’EPER a également publié une annonce à ce propos dans le quotidien zurichois NZZ du 1er juin 2012.
Les territoires palestiniens occupés deviennent des «lieux spécifiques d’Israël»
La Fédération suisse des communautés israélites FSCI, la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse PJLS et l’Union Suisse des Comités d’Entraide Juive VSJF ont vivement réagi suite à l’annonce de l’EPER dans la NZZ. Ces organisations ont envoyé une lettre en date du 6 juin au président du Conseil de fondation de l’EPER pour exprimer leur «étonnement et consternation», en qualifiant les territoires palestiniens occupés de «lieux spécifiques d’Israël».
S’en prenant à l’annonce parue dans la NZZ, ces signataires déplorent que l’EPER appelle la Migros et d’autres détaillants à boycotter les marchandises produites en violation du droit international. «Dans la mesure où seul l’Etat d’Israël est cité nommément dans votre annonce, il semblerait que cet appel porte avant tout sur les produits en provenance d’Israël», écrivent-elles.
«Or, poursuivent-elles, il est bien connu que la Migros et d’autres détaillants proposent diverses marchandises provenant de régions du monde qui ne respectent pas le droit international ou les droits humains, sans signaler ce fait; nous percevons par conséquent votre focalisation sur les produits israéliens comme un positionnement purement politique».
Les signataires disent s’opposer «à cette discrimination exercée envers l’Etat d’Israël» et sont «extrêmement déçus que l’EPER, en tant qu’organisme d’entraide reconnu, contribue à l’atmosphère anti-israélienne ambiante, qui se répercute directement sur nous, les juifs de Suisse». De son côté, l’Amitié judéo-chrétienne en Suisse (CJA) reproche à l’œuvre d’entraide des Eglises protestantes de Suisse d’être «politisée» et critique par la même occasion la Migros de vouloir avertir le consommateur de la provenance de marchandises israéliennes produites dans des territoires palestiniens occupés.
Notons que la FSCI entretient des contacts informels réguliers avec les représentants des différentes communautés religieuses, notamment avec la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des évêques suisses (CES). Elle participe aux travaux tant de la Commission de dialogue judéo/catholique–romaine (CDJC) que de la Commission de dialogue protestants/juifs (CDPJ). Elle s’engage par ailleurs dans une série d’organisations interreligieuses qui traitent de questions théologiques et politiques afin de soutenir la paix religieuse et la liberté de religion. (apic/com/be)