Des JMJ pour bâtir une Eglise «hôpital de campagne»
Au Panama du 23 au 27 janvier 2019 pour participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le pape François a invité les jeunes à prendre leur part pour bâtir une Eglise qui témoigne de «l’extrême amour miséricordieux du Père».
Lorsque le pape François avait annoncé à la fin des JMJ de Cracovie (Pologne) en 2016 que le prochain rassemblement aurait lieu au Panama, le choix avait surpris. Et pourtant pour un Souverain pontife – c’est-à-dire un bâtisseur de ponts – quoi de plus symbolique que de se rendre dans ce pays, à la fois pont entre l’Amérique du Nord et celle du Sud, et pont entre le Pacifique et l’Atlantique? Même s’il semble éloigné de tout, le Panama est ainsi le carrefour du monde.
Panama, un «hub» de l’espérance
C’est d’ailleurs ce que le chef de l’Eglise catholique a expliqué dès son premier discours sur place, devant les autorités du pays. Il avait alors appelé le pays à devenir «un hub de l’espérance, [un] point de rencontre où des jeunes provenant des cinq continents, remplis de rêves et d’espérances, vont célébrer, se rencontrer, prier et raviver le désir et leur engagement pour créer un monde plus humain». La rencontre, voilà le mot-clef du voyage.
En octobre dernier, le synode sur les jeunes avait mis en évidence que le pape argentin comptait sur les nouvelles générations pour mettre en place l’Eglise ›au style synodal’ qu’il appelle de ses vœux. Ces JMJ ont montré qu’il veut également s’appuyer sur eux pour créer une «Eglise hôpital de campagne», selon une des formules dont il a le secret. Et pour cela, il a invité les jeunes du monde entier à le rejoindre en Amérique centrale, cette région meurtrie par la violence mais oubliée de tous. Tout carrefour du monde que soit le Panama, il est également au cœur de ces ›périphéries’ chères au pontife.
Ce n’est donc pas une Eglise «plus divertissante ou plus cool” que le pape François a voulu montrer aux jeunes. Il s’agit plutôt, comme il a demandé aux évêques centro-américains, d’une Eglise qui se laisse toucher par «une réalité pleine d’espérance et de désirs, mais aussi profondément marquée par tant de blessures». Si l’Eglise peut ainsi panser les plaies, c’est qu’elle porte en elle la promesse de «l’extrême amour miséricordieux du Père». Car comme le disait saint Oscar Romero, cité par le pape latino: ›Le christianisme n’est pas un ensemble de vérités qu’il faut croire, de lois qu’il faut respecter, (…) le christianisme, c’est le Christ».
«La jeunesse est l’heure de Dieu»
Pour que cette Eglise puisse être bâtie, il est nécessaire que les jeunes prennent tous leur part. La jeunesse, a ainsi lancé le pape, n’est pas la «salle d’attente» de la vie, mais bien «l’heure de Dieu». Le Seigneur «vous appelle et vous convoque (…) pas demain, maintenant!», a-t-il exhorté. Pour le pape, la voie de l’Eglise est celle où jeunes et anciens, riches et pauvres marcher ensemble pour «témoigner en annonçant le Seigneur par le service de nos frères».
Certes, Ces JMJ – avec moins de 100’000 pèlerins internationaux – n’auront pas été les plus fréquentées. Mais pour le chef de l’Eglise catholique cela n’importe guère. Marie n’était-elle pas seule lorsqu’elle a répondu ›oui’? Et pourtant, comme le pontife l’a dit aux jeunes lors de la veillée de prière, n’est-elle pas «la femme qui a le plus influencé l’histoire, (…) l’influenceuse de Dieu»? Alors si à sa suite les jeunes veulent devenir des «influenceurs», ils doivent rentrer chez eux portés par une «force nouvelle» pour bâtir cette Eglise qui «soutient et accompagne». (cath.ch/imedia/xln/bh)