Des imams marchent contre le terrorisme, le Conseil français du culte musulman réticent
Une soixantaine d’imams, venus de France mais aussi d’autres pays européens, ont entamé samedi 8 juillet à Paris «une marche des musulmans contre le terrorisme», en s’arrêtant sur les lieux des derniers attentats djihadistes en France, en Allemagne et en Belgique.
Leur leitmotiv: ne pas associer l’islam aux actes barbares et aux assassins qui tuent au nom d’Allah. Les principales organisations musulmanes France dénoncent cette «autoflagellation».
Le bus des imams s’est arrêté lundi à 11h à Bruxelles et les leaders religieux, sur les marches de la Bourse, ont condamné les attentats commis au nom de l’islam. Le ministre belge de l’Intérieur était au rendez-vous devant la Bourse. Hassen Chalghoumi, «l’imam de Drancy», co-organisateur de la marche, a remercié le ministre Jan Jambon pour sa présence et son soutien. Il a affirmé que les terroristes «ont sali l’islam et les musulmans».
Les terroristes «ont sali l’islam et les musulmans»
Les imams ont rappelé que, selon l’islam, «celui qui tue un homme innocent, tue l’humanité toute entière.» Le rabbin Avi Tawil, directeur de l’European Jewish Community Centre à Bruxelles, a dit son rêve de voir un jour dans les rues tout le monde s’accorder par-delà les religions ou les tenues vestimentaires, avant d’être insulté par un passant qui a été neutralisé par les policiers. Les participants à la Marche des musulmans sont attendus dans la soirée du 10 juillet à Saint-Étienne-du-Rouvray, en France, où, le 26 juillet 2016, deux islamistes radicaux ont assassiné le Père Jacques Hamel dans son église.
Le but de cette marche est de réagir face à la crainte des attentats présente dans la population, une peur qui génère un sentiment de méfiance généralisée et des manifestations racistes visant les musulmans. Les organisateurs de la marche veulent intervenir dans l’espace public pour éviter les amalgames, la montée de la haine et des affrontements intercommunautaires. Ils veulent sensibiliser la population «de manière spectaculaire» en se rendant ensemble dans toutes les villes «où des assassins, au nom de l’islam, ont commis des attentats meurtriers».
Un imam controversé
Militant du dialogue entre les communautés religieuses, l’écrivain Marek Halter, juif d’origine polonaise, accompagne les marcheurs, qui se retrouveront à Paris sur le Champ de Mars lors du concert donné à l’occasion du 14 juillet.
Sur le site de la Grande Mosquée de Paris, les organisations musulmanes qui se désignent comme représentatives – le Conseil français du culte musulman (CFCM), composé notamment de membres du Rassemblement des musulmans de France (RMF), de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et de la Grande Mosquée de Paris – dénoncent l’activisme et «l’autoflagellation» des organisateurs de la marche.
Ils déplorent sans ambages l’initiative «lancée par le controversé – au sein de la communauté des pratiquants – imam Hassen Chalghoumi», qui «se lance à partir du 9 juillet dans un tour d’Europe pour prier et commémorer les victimes du terrorisme».
Des imams sans mosquée
«Lui comme les 60 imams qui l’accompagnent sont des imams sans mosquée, peste Abdallah Zekri, représentant de la Grande Mosquée de Paris au CFCM. Nous condamnons très vigoureusement les attentats terroristes. Nous n’avons pas attendu Chalghoumi pour dénoncer ceux qui manipulent l’islam à des fins politiques et terroristes. Nous avons multiplié les initiatives et le dialogue interreligieux. Le pape François nous a félicités pour nos différentes actions».
Le site officiel de la Grande Mosquée de Paris écrit encore que les actions de Chalghoumi sont financées par le Syrien Mohamed Izzat Khatab, président de La Syrie pour tous, qui a levé les fonds pour organiser la tournée européenne des imams. «Celui qui se présente comme homme d’affaires a eu maille à partir avec la justice suisse», peut-on y lire. (cath.ch/be)