Déclarations sur l'homosexualité: un «déplorable malentendu», regrette Mgr Huonder

Coire, 03.08.2015 (cath.ch-apic) Dans une conférence à l’occasion du Forum Deutscher Katholiken qui s’est achevé dimanche 2 août 2015 dans la ville allemande de Fulda, l’évêque de Coire, Mgr Vitus Huonder, a déclenché une vive polémique en condamnant l’homosexualité. Dans un communiqué publié le 3 août, il regrette un «malentendu» et affirme ne pas avoir voulu «rabaisser» les homosexuels.

Dans son allocution de 50 minutes à Fulda le 31 juillet au soir, qui a lui a valu des applaudissements d’un public à la sensibilité conservatrice, Mgr Huonder a cité deux versets bibliques tirés du livre du Lévitique condamnant très clairement l’homosexualité. L’évêque de Coire entendait vouloir «remettre dans la bonne direction la question de l’homosexualité du point de vue de la foi». Devant le tollé provoqué par ces citations dans les médias et sur les réseaux sociaux, Mgr Huonder a pris position lundi 3 août 2015, en parlant d’un «déplorable malentendu».

Des citations polémiques tirées du Lévitique

L’évêque de Coire avait notamment mentionné, dans son exposé intitulé «Le mariage, cadeau, sacrement et mission», le Lévitique (Lv 18,22): «Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination» et le verset (Lv 20,13: «Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux». De nombreux médias ont insisté durant le week-end sur ce passage parlant de la mise à mort des homosexuels.

Mgr Huonder rappelle que dans son exposé portant essentiellement sur le mariage du point de vue chrétien, il n’a voulu en aucune manière rabaisser les personnes homosexuelles. Quand il s’agit d’homosexualité, note-t-il, il se range tout à fait derrière le catéchisme de l’Eglise catholique (de 1992), qu’il a également cité dans son exposé, à savoir les numéros 2357, 2358 et 2359, portant sur la chasteté et l’homosexualité. (Voir encadré).

Il souligne que les paroles du catéchisme sont pour lui la base de l’amour pastoral également envers les personnes de tendance homosexuelle tel qu’il l’a souligné lors de sa conférence à Fulda et «elles valent pour l’ensemble des pasteurs de note Eglise, dans l’unité de la foi».


Genèse d’une polémique:


L’évocation faite par Vitus Huonder
suscite la polémique sur les réseaux sociaux. Le hashtag #Huonder révèle une condamnation quasi unanime et indique la trajectoire de cette information qui, de twitter, s’est répandue dans l’ensemble de la presse suisse.


Le site LGBT allemand queer.de est parmi les premiers à retranscrire les propos de Mgr Hounder dans la matinée du 1er août et à la diffuser sur son fil twitter:


Ils seront repris et diffusés en Suisse romande par le magazine LGBT 360° qui  évoque le «public ravi» devant l’évocation de la «mise à mort des homo»:


A la suite de cette publication, les réactions s’enchainent:

https://twitter.com/Oli3979/status/628111852950716417


Le Temps consacre un article à ce sujet dans l’après-midi du 2 août:


Un article commenté par un certain nombre d’internautes:


De nombreuses réactions concernent une lecture fondamentaliste de l’Ancien Testament. Ici, Lv 21, 16-23 qui mentionne l’interdiction à l’infirme de «s’approcher pour présenter de la nourriture à son Dieu». «(…) il ne viendra pas près du rideau et ne s’avancera pas vers l’autel: il a une infirmité, il ne doit pas profaner mes lieux saints, car je suis le Seigneur qui les sanctifie.» «Que pense #Huonder de cela?», s’interroge Luca Strebel.


Pour certains internautes enfin, l’évocation de Lv 20, 13 rappelle un événement tout-à-fait actuel: l’assassinat de la jeune homosexuelle «Shira Banki», tuée par un juif extrémiste jeudi dernier lors de la Gay Pride de Jérusalem.

https://twitter.com/ivinfo/status/628106218767314944

 


Encadré:

L’homosexualité dans le catéchisme de l’Eglise catholique

2357: L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Ecriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que «les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés» (CDF, décl. «Persona humana» 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.

2358: Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.

2359: Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne. (apic/pp/be)

Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire
3 août 2015 | 13:43
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
Fulda (1), Homosexualité (149), Huonder (11), Lévitique (1)
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