Décès du prêtre et journaliste jésuite Albert Longchamp
Le prêtre et journaliste jésuite vaudois Albert Longchamp est décédé le 4 août 2022, à Genève, à l’âge de 80 ans. Brillant homme de plume, il a profondément marqué le journalisme catholique en Suisse romande.
«Il était un grand lecteur et un écrivain de race, mais il restait un religieux méditatif qui aimait les nuits silencieuses», écrit le jésuite Jean-Blaise Fellay dans un mot d’hommage à Albert Longchamp, qu’il a côtoyé pendant un demi-siècle.
Albert Longchamp laisse notamment en Suisse romande le souvenir de son talent et de sa passion inextinguible pour l’écriture. «Il a certainement été l’un des grands noms, pas seulement de la presse catholique, mais de la presse tout court», souligne à cath.ch un autre de ses confrères, Jean-Bernard Livio. Car sa prose était aussi reconnue dans la presse profane.
Une vocation de prêtre ouvrier
Albert Longchamp a eu une vie bien remplie. Né le 31 août 1941 à Echallens (VD) dans une famille dont le père était menuisier et la mère couturière, il est entré comme novice dans la Compagnie de Jésus en septembre 1962, alors que l’ordre était encore interdit par la Constitution suisse. «Voilà pourquoi je suis devenu jésuite, par goût de l’interdit», plaisantait-il. «J’étais au Collège St-Louis à Genève, un petit séminaire en fait, et mon intention était déjà de devenir prêtre. J’étais attiré par cette réputation de gens hors du commun, un peu francs-tireurs, critiques tout en étant liés à l’Eglise.».
Albert Longchamp a passé son bac au Collège des bénédictins d’Engelberg (OW), juste avant de poser sa candidature chez les jésuites. Il a passé du collège huppé à la grisaille de la banlieue parisienne en effectuant une période d’un an au sein du Mouvement ATD-Quart Monde, dans le bidonville de La Courneuve, avec le Père Joseph Wresinski. «Mon voeu était d’être prêtre ouvrier, mais mes supérieurs ont voulu que je devienne journaliste!»
Provincial de Suisse
Entre 1965 et 1968, il a suivi des études de philosophie à Pullach (Munich), puis en théologie à Lyon-Fourvière (maîtrise en 1974). Parallèlement, il a obtenu une licence en lettres et une maîtrise en sociologie à Lyon III.
Ordonné prêtre le 30 juin 1973, il est parti en stage à New York et au Québec. Il a prononcé ses voeux définitifs en 1978. Dès 1985, il a assumé la rédaction en chef de L’Echo illustré, devenu Echo magazine, à Genève. Un poste qu’il a quitté au printemps 2005.
En 1994, il a été nommé supérieur de la communauté jésuite de Genève. Devenu provincial des jésuites de Suisse en octobre 2005, il s’est installé à Zurich. Il y a poursuivi une collaboration occasionnelle avec l’hebdomadaire français Témoignage Chrétien (fondé dans la Résistance au nazisme par le jésuite Pierre Chaillet), où il avait fait ses premières armes de journaliste, quatre décennies plus tôt. Il y tenait un billet hebdomadaire (un commentaire de l’Evangile).
Spécialiste des médias
Pendant une décennie, il a également dirigé Foi et Développement (aujourd’hui Développement et Civilisations), un mensuel d’esprit dominicain édité à Paris. Il a également été, pendant une longue période de sa vie, à la tête de la revue mensuelle jésuite choisir, basée à Genève. Il a en outre présidé la Commission des médias de la Conférence des évêques suisses (CES) et la Fondation Maurice Zundel. Egalement membre du comité de l’Agence de presse internationale catholique (Apic), basée à Fribourg, il a enseigné l’éthique des médias à l’Université de Fribourg de 1989 à 2006.
Albert Longchamp avait à son actif plusieurs publications, dont une Petite vie de saint Ignace de Loyola, L’Eglise, qu’est-ce que c’est?, et L’honneur perdu des évêques argentins.
Dénonciateur d’injustice
Les dernières décennies de sa vie ont été marquées par des problèmes de santé. Il était notamment allé traiter un problème de dépendance à l’alcool dans une communauté jésuite du Québec, en 2009. Il avait alors entamé un chemin de reconstruction sur lequel il s’était confié dans une émission de Hautes Fréquences, en 2011. «C’était un hypersensible, quelqu’un qui prenait tout très à cœur, relève Jean-Bernard Livio. Il était particulièrement indigné par l’injustice dans le monde. Et son écriture était d’ailleurs spécialement bonne quand il s’agissait de dénoncer cette injustice».
Une image que confirme Jean-Blaise Fellay: «Il se passionnait pour les luttes du tiers-monde, mais à l’interne c’était un confrère aimable et fraternel, un homme de douceur et de délicatesse, trop délicat peut-être pour tant de combats».
La cérémonie de funérailles doit se dérouler le 7 septembre 2022 à l’église Ste-Croix de Carouge. (cath.ch/com/arch/rz)