Décès du cardinal tchèque Miloslav Vlk, laveur de carreaux sous le régime communiste

Le cardinal tchèque Miloslav Vlk, archevêque émérite de Prague, est décédé d’un cancer des poumons le 18 mars 2017 à l’âge de 84 ans. Dans un télégramme de condoléances à l’actuel archevêque, le cardinal Dominik Duka, le pape François a salué avec admiration la «tenace fidélité au Christ, malgré les persécutions contre l’Eglise» de ce «zélé et généreux» pasteur.

Figure de l’épiscopat est-européen, ordonné prêtre en 1968 durant le Printemps de Prague, il avait été interdit de ministère et contraint à la clandestinité pendant la période communiste. Il avait alors notamment exercé le métier de laveur de carreaux pendant une dizaine d’années, tout en exerçant son ministère clandestinement. Nommé archevêque de Prague en 1991, il a été créé cardinal par Jean Paul II en 1994. Après son décès, le collège cardinalice compte 224 membres.

Répression

Né à Lisnice, en Bohême du Sud, en 1932, Miloslav Vlk passe son enfance dans un village près de Ceské Budejovice, où il connaît le dur travail à la ferme. Il suit ensuite des études d’archiviste à Prague et obtient son diplôme en 1960. Il travaille pour différents centres d’archives dans le sud de la Bohême et devient directeur du Centre municipal des archives du district de Ceské Budejovice. Il écrit également de nombreux articles dans des revues scientifiques.

Miloslav Vlk ne peut commencer sa formation théologique qu’en 1964, à cause de la répression du régime communiste. Ordonné prêtre en 1968, il est tout de suite nommé secrétaire de l’évêque de Ceské Budejovice, poste qu’il occupe pendant trois ans. Son influence et son enthousiasme dans les activités pastorales rendent les autorités communistes méfiantes à son égard. Il est contraint par le pouvoir d’exercer son ministère uniquement dans de petits villages.

Interdit d’exercer son ministère en 1978

Après le Printemps de Prague, en août 1968, l’Etat, agacé par son influence, l’envoie dans les paroisses des montagnes de Bohême, et lui interdit d’exercer son ministère en 1978. Jusqu’en 1989, il est contraint à la clandestinité, tout en exerçant le métier de laveur de carreaux puis d’archiviste de la Banque d’Etat de la capitale tchécoslovaque.

Après la chute du Mur de Berlin en 1989, il est autorisé à exercer à nouveau son ministère. Ordonné évêque de Ceské Budejovice en 1990, il devient archevêque de Prague et primat de Bohême un an plus tard. Il est élu président de la Conférence des évêques tchécoslovaques en 1993, puis de la Conférence épiscopale tchèque en 2000.

Créé cardinal en 1994

Créé cardinal en 1994 par Jean Paul II, Miloslav Vlk a reçu de nombreux prix et distinctions, en raison de sa contribution au renforcement de la démocratie et des droits de l’homme. Il a par ailleurs joué un rôle important dans la dynamique des Eglises européennes au sein du Conseil des Conférences épiscopales européennes, dont il a été président de 1993 à 2001.

Le cardinal Vlk a quitté la tête de l’archevêché de Prague en février 2010. La vie de Mgr Vlk a été racontée, en 1994, dans un livre d’Alain Boudre, «Laveur de vitres et archevêque» préfacé par Vaclav Havel. (cath.ch/imedia/com/be)

Cardinal Miloslav Vlk
19 mars 2017 | 11:20
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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