Décès de Noël Aebischer, pionnier du diaconat permanent en Suisse romande
Noël Aebischer, le premier diacre permanent pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), est décédé le 14 février 2018, à Vevey, à l’âge de 87 ans. Ordonné en 1982, il fut notamment pendant dix ans (1981-1991) directeur de l’Ecole de la Foi à Fribourg.
Après une enfance passée à Romont où Noël est né en 1930, sa famille s’installe à Clarens dans le canton de Vaud. Titulaire d’une formation commerciale, Noël Aebischer travaille à Lausanne, Zurich, Vevey, Montreux puis pendant plusieurs années à l’Ecole hôtelière de Glion. Alors que sa voie semblait toute tracée, il est interpellé au début des années 1970 par un ami prêtre: le jeune vicaire Bernard Genoud, futur évêque de LGF (1999–2010).
Avec sa femme Josiane, il entame une formation théologique à l’Ecole de la Foi à Fribourg en vue d’un ministère diaconal. De 1973 à 1975, ils s’engagent sur ce parcours à plein temps, bien qu’ils aient quatre enfants à charge. Mgr Pierre Mamie, évêque du diocèse de Lausanne Genève et Fribourg et l’abbé Bernard Genoud demandent à des amis et à des paroissiens de compléter leurs économies pour assurer le financement du projet.
L’expérience exaltante et décapante de l’Ecole de la foi
En 1975, à la demande du Père Jacques Loew, fondateur de l’Ecole de la Foi, les Aebischer passent de l’autre côté du pupitre et deviennent animateurs de l’établissement pendant six ans. Puis, succédant au Père Loew, Noël reprend la direction pour dix ans, jusqu’en 1991. «Les trois piliers constitutifs de l’école – étude/foi, spiritualité/célébration, et communauté/mission – ont été les moteurs de notre engagement et de toute notre vie», relevait Noël pour cath.ch en 2016.
L’expérience est à la fois exaltante et décapante. L’Ecole de la Foi regroupe 100 à 150 étudiants, religieux, religieuses, prêtres, laïcs célibataires ou mariés en provenance de quatre continents. S’accueillir dans la communion avec toute cette diversité était un grand défi.
Le cheminement vers le diaconat s’est fait en couple et pas à pas, dans un long discernement. Noël est finalement ordonné en 1982, à l’âge de 52 ans. Premier diacre permanent pour le diocèse de LGF, il a tracé un sentier nouveau.
Retour à Vevey
Après l’Ecole de la Foi, Noël et son épouse s’installent à Vevey en 1990 et s’insèrent dans la pastorale paroissiale. Noël s’occupera surtout de la diaconie, c’est-à-dire du service des pauvres, des démunis et des malades. Comme il l’expliquait lui-même, il s’efforce de faire découvrir aux gens qu’il rencontre une Eglise bienveillante et miséricordieuse loin de l’image de marâtre autoritaire qu’ils ont souvent.
Il assure régulièrement les funérailles et rencontre les familles en deuil. La préparation aux mariages, aux baptêmes, et le catéchuménat, la prédication font aussi partie de ses tâches. Noël avouait que la figure du diacre, à côté de celle du prêtre, n’est pas forcément claire pour tous. «Certaines personnes ne comprenaient pas pourquoi je ne célébrais pas la messe, Je le leur ai toujours expliqué du mieux que j’ai pu.». Il continuera encore de rendre service jusqu’à ces dernières années.
Une grande qualité d’écoute
Pour son petit-fils Jérémie, la principale qualité de son grand-père était l’écoute. «Avec ses enfants et ses petits enfants, mais aussi tout les gens qu’il rencontrait, Noël offrait toute son attention et savait trouver les paroles justes. Gai, aimable, il aimait bien plaisanter et se faisait apprécier de tous.»
Pour le chanoine Claude Ducarroz, prévôt émérite de la cathédrale de Fribourg, Noël Aebischer fut un pionnier et un prophète: premier successeur du Père Loew fondateur de l’Ecole de la foi, premier diacre ordonné pour LGF et premier diacre actif en pastorale paroissiale à Vevey. Sur un plan personnel, Claude Ducarroz retient son fort enracinement dans la Bible, «c’était son ADN», sa fidélité et son amour pour l’Eglise et enfin son attention aux diverses pauvretés, matérielles, morales, spirituelles. Noël était quelqu’un qui agissait et savait entraîner et mettre en action les autres.
Sœur Marie-Gabrielle Bérard, ursuline de Sion, qui lui a succédé à la tête de l’Ecole de la foi, garde le souvenir d’un engagement total de Noël Aebischer. Il fut d’abord étudiant avec sa femme, puis animateur, gestionnaire et enfin directeur. Rigoureux dans sa gestion, il n’avait cependant absolument pas une mentalité de fonctionnaire et se donnait sans compter. Après son départ, il a d’ailleurs toujours continué à soutenir l’Ecole. (cath.ch/arch/mp)
Noël Aebischer avait participé à la réalisation d’un dossier spécial de cath.ch sur le diaconat permanent: