L'abbé Gilbert Perritaz est décédé le 31 mars 2020 | © Claude Haymoz/La Gruyère
Suisse

Décès de l'abbé Gilbert Perritaz, prêtre-écrivain proche des «petits»

L’abbé Gilbert Perritaz est décédé le 31 mars 2020, à l’Hôpital fribourgeois (HFR), dans sa 90e année. Prédicateur apprécié, écrivain et chroniqueur à succès, il est toujours resté extrêmement proche de ses racines paysannes et des «petites gens».

Denis Clerc, ancien conseiller d’Etat fribourgeois, disait de Gilbert Perritaz qu’il était «un des seuls curés qui parlent vraiment français», confie Jean Ducrest à cath.ch. Le politicien relevait ainsi le don particulier du prêtre pour retenir l’attention des fidèles dans ses homélies. Des textes particulièrement soignés et préparés, assure le Fribourgeois Jean Ducrest, un catholique engagé. Ami de longue date de l’abbé fribourgeois, il a suivi ce dernier dans ses ultimes instants. Par téléphone, vers la fin, les visites ayant été interdites à cause du coronavirus à l’EMS gruérien d’Humilimont, où le prêtre résidait depuis longtemps.

Fantassin du bon Dieu

Jean Ducrest se souvient avoir toujours été impressionné par les capacités intellectuelles de Gilbert Perritaz. L’ayant côtoyé sur les bancs d’école, il témoigne de sa très grande facilité d’apprentissage. «Il était toujours premier de la classe».

Le prêtre fribourgeois a mis ses nombreux talents, notamment pour l’écriture, au service de ses homélies. «Tout le monde écoutait avec attention ses sermons, qui étaient très bien écrits et très profonds. C’était presque du Chateaubriand», se rappelle Jean Ducrest. Hors de l’église, Gilbert Perritaz avait connu un grand succès de librairie avec ses deux ouvrages L’infanterie du bon Dieu (2003), et Entre diable et bon dieu (2012). Il tenait également une chronique très appréciée dans le journal La Gruyère, sous le pseudonyme féminin de «la Louise du perchoir».

Haro sur les conservateurs qui régnaient sur le canton

Il était ainsi devenu petit à petit une figure connue dans le canton de Fribourg et en Suisse romande. Des personnes haut placées venaient le trouver.

Au-delà de son «immense générosité» et de sa gentillesse, l’abbé Perritaz n’hésitait pas à dénoncer l’ordre social de son époque, marqué par le conservatisme, aussi bien dans le milieu politique que dans l’Eglise. Jean Ducrest se souvient d’un fameux discours du 1er août, à la suite duquel l’abbé avait été houspillé par un politicien conservateur local. L’un des ses textes dans le bulletin paroissial du secteur de la Part-Dieu lui avait également valu d’être poursuivi en justice par une conseillère d’Etat.

Le souci des «misérables»

«C’était un prêtre d’avant-garde, affirme Jean Ducrest. Avec toujours un ou deux pas d’avance sur la vie de l’Eglise». Gilbert Perritaz voyait les changements du monde et l’hypocrisie de la société avec une grande clarté et une profonde honnêteté intellectuelle. Une audace qui n’a cependant jamais été «exagérée», mais qui lui a tout de même valu quelques inimitiés et provoqué des retards dans sa carrière sacerdotale, note Jean Ducrest.

Malgré sa popularité, l’abbé gardait une modestie et une humilité chevillées au corps, assure son ami d’enfance. «Il fuyait la mondanité, il allait toujours d’abord vers les petites gens». Né dans une famille paysanne et nombreuse du village de Villarlod (FR), Gilbert Perritaz gardait un fort enracinement auprès du petit peuple, les travailleurs de la terre, les ouvriers. Il était très préoccupé par l’injustice sociale. Les Misérables de Victor Hugo étant l’un de ses livres fétiches. Ces chroniques dans La Gruyère portaient aussi le souci de parler au plus grand nombre.

«Il ne cherchait jamais les honneurs, assure Jean Ducrest. Il s’asseyait toujours à la table de derrière». Et le catholique fribourgeois de souhaiter: «En arrivant de l’autre côté, le Seigneur va certainement lui dire: viens t’asseoir à côté de moi!»

L’Eucharistie et le dernier adieu seront célébrés le vendredi 3 avril 2020 en l’église d’Echarlens, dans la stricte intimité, en raison des directives fédérales sanitaires en lien avec la pandémie du Covid-19. (cath.ch/rz)

Homélie de l’Abbé Gilbert Perritaz, à l’Etablissement médico-social d’Humilimont, Marsens, le 4 juin 2006

Les nominations de l’abbé Gilbert Perritaz

Vicaire à la paroisse St-Pierre de Fribourg, de 1958 à 1963,

vicaire à la paroisse de Châtel-St-Denis, de 1963 à 1969,

vicaire à la paroisse de Nyon, de 1969 à 1970,

auxiliaire à la paroisse St-Jean de Vevey, de 1970 à 1973,

curé de la paroisse de Vuippens, de 1973 à 1986,

administrateur de la paroisse d’Echarlens, de 1978 à 1986,

curé de la paroisse de Sâles, dès 1986,

curé in solidum puis prêtre auxiliaire au sein du secteur regroupant les paroisses de Bulle, La Tour-de-Trême, Riaz, Sâles, Vaulruz et Vuadens, de 1988 à 2008. RZ

L'abbé Gilbert Perritaz est décédé le 31 mars 2020 | © Claude Haymoz/La Gruyère
2 avril 2020 | 14:37
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Décès (250), Diocèse de LGF (93), Fribourg (616)
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