Décès de l'abbé Edmond Gschwend, pionnier de l'œcuménisme à Genève
L’abbé Edmond Gschwend, prêtre de l’Eglise catholique romaine de Genève (ECR), est décédé le 3 mars 2020, dans sa 89e année, communique le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Il avait été une cheville ouvrière du dialogue œcuménique à Genève.
«Un chercheur de la foi». C’est ainsi qu’Yves Brun décrit Edmond Gschwend. L’enseignant genevois connaissait le prêtre depuis les années 1950 et l’a accompagné dans ses derniers instants.
Ils avaient été une première fois réunis grâce au scoutisme. Ils étaient tous deux engagés dans les «routiers», à Genève. Edmond Gschwend est ensuite parti étudier au séminaire, à Fribourg. Dans les années 1970-1980, Yves Brun, engagé dans les milieux paroissiaux, a retrouvé son camarade à l’occasion des camps de montagnes organisés pour les jeunes. Le prêtre genevois y était aumônier. «C’était une sorte d’évangélisation par la montagne, se souvient Yves Brun. Nous avons fait quelques sommets ensemble, avec les jeunes».
Partisan d’une Eglise «vers les périphéries»
Mais l’enseignant catholique et le prêtre se sont surtout fréquentés dans le cadre de la première «communauté de base» créée à Genève à la fin des années 1960. Cette communauté était inspirée des expériences réalisées dans le contexte de la théologie de la libération, en Amérique du Sud. Une théologie qui touchait beaucoup Edmond Gschwend. La communauté genevoise avait également la particularité d’être œcuménique. Un élan vécu dans la ferveur de l’après Vatican II. Un groupe centré sur la célébration, alternée entre prêtres et pasteurs. L’Abbé Gschwend y avait célébré il y a encore deux ans.
Une «communauté de base» qui était un vivier d’interactions interconfessionnelles. «Un immense cheminement spirituel y a été effectué dans la démarche d’un partage de la même foi», souligne Yves Brun. Pour ce dernier, le prêtre avait un «souhait profond d’une vraie reconnaissance d’une confession par l’autre». Et il avait la vision d’une Eglise qui «doit sortir de ses paroisses, pour aller à la rencontre de personnes qui ne se sentent plus concernées «.
Outre un grand théologien, toujours en recherche, Yves Brun décrit un prêtre volontaire, sachant manier l’humour, parfois comme un outil pour taquiner l’Eglise et sa hiérarchie. S’il n’était pas, selon l’enseignant, «très à cheval sur les dogmes» et plutôt en «marge» par rapport au clergé traditionnel, il saluait en François un pape «qui fait bouger les choses».
«Mettre l’Evangile en rapport avec nos vies»
Une soif de compréhension et de réflexion théologique confirmée par Jean-Pierre Zurn. Le pasteur genevois, à présent à la retraite, a assuré pendant huit ans, avec Edmond Gschwend, la co-direction de l’Atelier œcuménique de théologie (AOT), dans la ville du bout du lac. Le prêtre faisait partie de ce groupe de théologiens protestants et catholiques qui, dans les années 1970, «ont senti le besoin de revoir les idées acquises au catéchisme, et de faire de la théologie vivante», explique Jean-Pierre Zurn. «Pour lui, c’était un privilège d’être enseignant à l’AOT, principalement parce qu’il se rendait compte que le fait de confronter ses idées à celles des autres faisait évoluer sa théologie». Une préoccupation qui rejoignait son engagement de vie consistant à «mettre l’Evangile en rapport avec nos vies», souligne Yves Brun.
L’Eucharistie et le dernier adieu seront célébrés en l’église Saint-Joseph de Genève, le lundi 9 mars 2020, à 10 heures. (cath.ch/rz)
Edmond Gschwend a été:
vicaire à la paroisse Ste-Jeanne-de-Chantal de Genève, de 1956 à 1967,
aumônier cantonal des Équipes Notre-Dame, dès 1965,
curé de la paroisse de Chêne-Bourg, de 1967 à 1983,
archiprêtre de l’archiprêtré St-Pierre-aux-Liens, de 1971 à 1983,
curé de la paroisse de la Visitation de Meyrin, de 1983 à 1996,
aumônier de la pastorale familiale pour le canton de Genève, dès 1996,
enseignant et co-directeur de l’Atelier oecuménique de théologie – Genève (AOT), de 1996 à 2004,
prêtre auxiliaire à la paroisse Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus de Genève, dès 1997,
RZ