Audrey Donnithorne est honorée pour ses efforts en faveur de la "reconstruction" de l’Eglise en Chine après la Révolution Culturelle | DR
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Décès d’Audrey Donnithorne, artisan d'unité de l’Eglise en Chine

Economiste britannique renommée, Audrey Donnithorne est décédée le 9 juin 2020 à Hong-Kong, à l’âge de 97 ans. Elle est saluée pour ses efforts en faveur de la «reconstruction» de l’Eglise en Chine après la Révolution Culturelle. En 1993, elle a reçu une médaille du Saint-Siège pour son travail au service de l’unité.

Audrey Donnithorne est née le 27 novembre 1922 au Sichuan, dans une famille d’origine britannique. Ses parents étaient anglicans, et sa mère Gladys était reconnue pour son engagement missionnaire en Chine après la Première Guerre mondiale. Leur fille, en revanche, est devenue catholique, rapporte Eglises d’Asie (EdA), agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

Passionnée inconditionnelle de la Chine et de l’Eglise en Chine, elle s’envole tôt pour l’Europe, où elle étudie l’économie à l’Université d’Oxford, puis à l’University College de Londres. Et plus tard en Australie, à l’Université nationale australienne, où elle a enseigné. Après avoir pris sa retraite en 1985, elle s’installe à Hong-Kong où elle devient membre honoraire du Centre d’études asiatiques de l’Université de Hong-Kong.

Relations avec des intellectuels chinois

Depuis Hong-Kong, elle se rend souvent en Chine continentale afin d’essayer de tisser des relations, lancer des études et former des amitiés avec des intellectuels chinois s’affranchissant du maoïsme et s’ouvrant au monde. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur l’économie chinoise, publiés alors que la Chine, dans une époque de grande ferveur réformiste, essaye de s’ouvrir à l’économie mondiale.

Durant ses voyages dans sa région natale, dans la province de Sichuan, elle a rencontré des membres de l’Eglise locale qui tentaient de s’établir à nouveau, après la Révolution Culturelle (1966-1968) et la libération de nombreux prêtres et évêques. Elle est notamment restée marquée par sa rencontre avec Mgr Paul Deng Jizhou, évêque de Jiading (Leshan), alors âgé de 80 ans, qui venait d’être libéré après 21 ans de travaux forcés. Son «appel à reconstruire» l’Eglise en Chine est né de ces rencontres.

Elle a soutenu principalement les chrétiens – qui sortaient de plusieurs décennies d’isolement – en les aidant à acquérir des manuels scolaires et en contribuant au financement des séminaristes et à la reconstruction de l’Eglise locale, après des années d’abandon forcé.

L’unité plus forte que les divisions

En tant qu’experte économiste, elle a suggéré de construire des logements près des paroisses afin de faciliter les relations et l’hospitalité entre les différents diocèses, et de fonder des petits commerces qui permettent de générer des revenus pour les paroisses les plus démunies. Beaucoup de ses projets ont été lancés avec le soutien de Caritas Hong-Kong.

Son œuvre la plus importante est sans doute d’avoir tissé des relations avec des évêques qui, bien que venant d’un passé «patriotique» et ayant été ordonnés sans l’aval du Saint-Siège, désiraient fortement se réconcilier avec le pape. Audrey a contribué à cette réconciliation, à tel point que les évêques du Sichuan ont été les premiers à reconstruire l’unité entre eux – malgré les divisions entre Eglises dites «souterraines» et «patriotiques» –, avec l’Eglise universelle et avec le Saint-Siège.

Dans les années 1990, lors d’une visite d’Audrey Donnithorne auprès de Mgr Matthew Luo Duxi, évêque de Leshan et de sa communauté, les religieuses étaient tellement pauvres que les novices devaient recopier à la main les prières et les hymnes pour les offices.

Reconstructions des églises et de l’Eglise

Dans ses rencontres avec les évêques, Audrey a offert ses conseils et son aide concernant les possibilités économiques et éducatives dans leurs diocèses, avec perspicacité et une grande capacité d’écoute. Pour son travail en faveur de l’unité, elle a reçu du Saint-Siège la médaille «Pro Ecclesia et Pontifice» (pour l’Eglise et le Pontife) en 1993. En 2008, après le séisme du Sichuan, elle a alors lancé un Fonds pour la reconstruction des églises et des propriétés catholiques du Sichuan, avec le soutien du cardinal Joseph Zen, alors évêque de Hong-Kong.

Pour cette membre honoraire des Missions Étrangères de Paris (MEP), la Chine mérite d’avoir un rôle important au sein de la communauté internationale. Elle attribue néanmoins cette importance à la créativité et à l’intelligence du peuple chinois, et non au Parti Communiste chinois.

Concernant l’Eglise en Chine, Audrey Donnithorne n’a jamais cherché à opposer les Eglises dite «souterraines» – c’est-à-dire non reconnues sur le plan légal – et «patriotiques». Elle en a soutenu l’unité. Et elle a toujours travaillé pour la liberté religieuse, non seulement pour les chrétiens mais aussi parce que pour l’économiste, la liberté de culte était une vraie source de progrès pour la société. (cath.ch/eda/gr)

Audrey Donnithorne est honorée pour ses efforts en faveur de la «reconstruction» de l’Eglise en Chine après la Révolution Culturelle | DR
12 juin 2020 | 14:06
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 3  min.
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