(photo Caritas Suisse)
Suisse

Pas de politique climatique aux dépens des plus pauvres, dénonce Caritas

La Suisse n’est pas assez active en matière de protection du climat, dénonce Caritas-Suisse. Lors d’une conférence de presse, le 4 septembre 2017, à Berne, l’œuvre d’entraide catholique rappelle que la Suisse peut et doit faire plus. Il est hors de question que les pays les plus pauvres assument majoritairement les coûts du changement climatique.

Les plus démunis des pays du Sud sont les plus durement touchés par le changement climatique: les pauvres, les personnes âgées, les femmes, les enfants, les petits paysans, les sans-terre, les habitants des bidonvilles, dénonce Caritas Suisse. Tous ces gens sont livrés sans défenses aux sécheresses, vagues de chaleur, inondations ou tempêtes. Ils manquent des ressources pour combattre les conséquences du changement climatique, ou s’y adapter lorsque c’est possible. Pour l’œuvre d’entraide des catholiques suisses, la politique climatique est étroitement liée à la politique de développement.

Non au commerce des «permis de polluer»

Les conséquences du changement climatique sont également directement liées à la question de la justice. Les pays industrialisés du Nord sont les principaux responsables du réchauffement climatique. En vertu du principe du pollueur-payeur, ils doivent payer pour les dégâts provoqués, notamment dans les pays en développement. Cela signifie évidemment qu’ils doivent faire de plus grands efforts pour limiter le réchauffement climatique, relève Caritas Suisse.

Or, le plan de réduction de la Suisse est insuffisant sur ce point, déplore Caritas Suisse. Elle veut atteindre l’objectif en supprimant seulement trois cinquièmes des émissions de gaz à effet de serre par des mesures à l’intérieur de ses propres frontières. Les deux cinquièmes restants doivent être achetés sous la forme de «permis de polluer» en partie auprès des pays en développement. Caritas refuse un tel commerce de droits d’émissions. La Suisse a les moyens d’atteindre les objectifs de réduction par sa propre action.

Un milliard par an pour le financement du climat

Pour Caritas, le financement annuel proposé par le Conseil fédéral, de 450 à 600 millions de francs, ne correspond pas à la responsabilité effective de la Suisse dans le changement climatique mondial. Caritas rejette en outre catégoriquement l’attitude du Conseil fédéral qui entend soustraire une grande partie des fonds de financement du climat au budget de la coopération au développement.

Pour financer la protection du climat dans les pays en développement, il faudra mobiliser chaque année, à partir de 2020, 100 milliards de francs. La Suisse doit contribuer pour un milliard de francs par an. Les nouveaux moyens qu’elle mobilisera pour la protection du climat doivent être additionnels. Il faut donc trouver de nouvelles sources de financement, estime Hugo Fasel, directeur de Caritas. «Depuis des années, il est ainsi question de taxer les billets d’avion en fonction de la pollution engendrée. Chaque année, plus de 40 millions de personnes voyagent à destination ou en partance d’un aéroport suisse. Une modeste taxe de 10 francs par billet permettrait de collecter plus de 400 millions de francs par année. C’est faisable.»

Caritas a résumé ses analyses et revendications dans la prise de position intitulée «Financement climatique : la Suisse doit en faire plus». www.caritas.ch/climat (cath.ch/com/mp)

(photo Caritas Suisse)
4 septembre 2017 | 11:26
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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