Suisse : Les voyages en Suisse de Jean Paul II
De ›l’athlète de Dieu’ à ›l’homme de douleurs’
Fribourg, 24 avril 2014 (Apic) Au cours de son long pontificat de près de 27 ans, le pape Jean Paul II est passé quatre fois en Suisse. Deux fois pour des visites pastorales, en 1984 et en 2004, une fois à Genève aux organisations internationales en 1982 et une fois à Kloten sur la route du Liechtenstein en 1985. A chaque fois évidemment les journalistes de l’Apic étaient présents, dans des contextes et des ambiances bien différents.
15 juin 1982 à Genève
Le 15 juin 1982, lors de l’arrivé de Jean Paul II a Genève, tout le monde a en tête l’attentat dont il a été victime un an plus tôt place Saint-Pierre. « Quand il est arrivé mardi matin à l’aéroport de Genève Cointrin, les traits fatigués et un peu tendus, il paraissait préoccupé et même un peu triste, comme un ouvrier sur le chemin de son usine », note le commentateur de l’Apic.
Au Bureau international du travail (BIT) le pape « fait taire toutes les théories actuelles pessimistes de lutte des classes au nom d’une vision chrétienne du travail […] qui accorde dans l’ordre social, une place primordiale à la vie humaine et à la liberté. A près de cinquante reprises, il utilise le mot solidarité ».
Au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jean Paul II évoque la figure du Christ pour dénoncer la torture, « cette plaie vive de l’humanité ». Au CERN, le pape plaide pour instaurer des relations nouvelles entre la science et la religion. Il met en garde contre une science qui pourrait se retourner contre l’homme, en particulier la bombe atomique.
1ere visite pastorale du 12 au 17 juin 1984
Prévue initialement en 1981 et repoussée à cause de l’attentat, la première visite pastorale de Jean Paul II en Suisse a lieu du 12 au 17 juin 1984. C’est une visite marathon, comme à son habitude, avec après son arrivée à Zurich Kloten des étapes à Lugano, Genève, Fribourg, Berne, au Flueli-Ranft, à Einsiedeln, Lucerne, et Sion, où il ordonne neuf prêtres.
L’ambiance n’est pas au beau fixe, pas mal de catholiques en Suisse n’apprécient pas le pape polonais qu’ils jugent autoritaire et réactionnaire. La ferveur populaire est bien là, mais l’enthousiasme n’est pas délirant. Plusieurs rencontres ne font pas le plein. Mgr Henri Schwery, évêque de Sion, insiste lors d’une conférence de presse : « Il n’y pas de contentieux, ni entre nous, ni avec le Vatican.» «La moitié des Suisses et la moitié des catholiques aura été indifférente», note le chroniqueur de l’Apic. Jean Paul II qualifie lui-même sa visite de « grand voyage dans un petit pays, avec des problèmes typiquement helvétiques.».
9 septembre 1985 au Liechtenstein
Le 9 septembre 1985, Jean Paul II fait une brève escale à Zurich-Kloten, où il est salué par le président de la Confédération Kurt Furgler, avant d’embarquer dans un hélicoptère pour la principauté du Liechtenstein. Cette fois-ci l’ambiance est meilleure. Jean Paul Il s’adresse aux jeunes par un « Hoi zsamme ! » (Salut à tous !) typiquement alémanique. Le gouvernement du Liechtenstein lui offre un chèque de 250’000 francs en faveur de l’Eglise en détresse dans les pays de l’est de l’Europe. (Le même jour l’Apic relate l’arrestation et la condamnation en Croatie de deux jeunes jésuites). Le chroniqueur de l’Apic souligne que la messe, avec ses 30’000 fidèles, a réuni plus de participants que le nombre d’habitants de la principauté.
5-6-juin 2004 à Berne, l’avant dernier voyage à l’étranger
Près de 20 ans plus tard, le 5 juin 2004 pour son 103e et avant-dernier voyage à l’étranger, c’est un Jean Paul II très différent qui débarque à la Bern-Arena pour y rencontrer les jeunes. Homme de douleurs, tassé dans son fauteuil, il peine à s’exprimer, mais son rayonnement intense attire la foule. «La rencontre du pape avec les jeunes fait un tabac», titre l’Apic. «Comme vous, moi aussi j’ai eu vingt ans» lance le pape qui vient de célébrer son 84e anniversaire. Près de 850 journalistes sont présents. 70’000 personnes assistent à la messe le dimanche sur l’Allmend de Berne. «C’est le plus grand rassemblement catholique en Suisse depuis 50 ans», se félicitent les organisateurs.
Moins d’un an plus tard, au lendemain de la mort de Jean Paul II, le 2 avril 2005, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) lui rend hommage : « la bravoure avec laquelle il a supporté sa maladie fait de Jean Paul II un exemple d’espérance et de confiance pour beaucoup de gens frappés par la souffrance». (apic/mp)