De jeunes chrétiennes promeuvent le voile sur TikTok

Sur le réseau social TikTok, des vidéos de jeunes chrétiennes voilées font des millions de vues. Un phénomène à mettre en lien, selon des observateurs, avec la «dérégulation du religieux».

Leanna, 14 ans, explique mettre le voile pour imiter la Vierge et se sentir «plus proche de Dieu». Héléna justifie cette pratique par la volonté de «renouer avec (ses) origines espagnoles».

Deux exemples parmi des centaines d’autres de jeunes femmes chrétiennes faisant la promotion du port du voile sur le réseau social TikTok, rapporte La Croix le 6 juin 2022. Le journal français parle d’un phénomène «récent» sur l’application qui fait fureur chez les moins de 25 ans, aucune des vidéos ne datant de plus de quatre mois.

Les jeunes femmes évoquent souvent des motivations religieuses. Héléna voit dans son voile «un recommencement, une autoprotection, un renforcement dans la foi». Certaines de ces «tiktokeuses» font référence à la première épître de saint Paul aux Corinthiens (chapitre 11, verset 5): «Toute femme qui prie ou prophétise sans avoir la tête couverte fait honte à sa tête: c’est exactement comme si elle était rasée.»

«Retrouver des formes concrètes d’ascèse»,

Mais, le port du voile s’inscrit également dans une démarche esthétique. Les adolescentes échangent des conseils sur la façon de nouer le tissu tout en dansant sur les dernières musiques à la mode. Le voile est parfois accompagné de piercings, de tatouages, de teintures de cheveux originales et d’un maquillage généreux.

Simple phénomène de mode ou signe d’un retour à la religiosité? La sociologue Isabelle Jonveaux, spécialiste des religions en ligne, pointe le désir déjà observé chez les jeunes croyants de renouer avec des pratiques de foi plus rigoristes. Il s’agirait «retrouver des formes concrètes d’ascèse», de «combler» par des pratiques issues d’autres traditions religieuses un «manque de contraintes» dans le catholicisme post-conciliaire.

Une tendance dont il est difficile d’évaluer la portée et la durée, admet La Croix. Elle est à considérer également à travers le prisme de «la dérégulation du religieux dans les sociétés modernes», qui s’accompagne de l’élaboration de croyances à la carte. (cath.ch/cx/rz)