De 0 à 60%: où les femmes règnent-elles dans les Eglises cantonales?
Si les femmes catholiques ne peuvent pas devenir diacres, prêtres ou évêques, elles peuvent être élues au parlement et occuper des fonctions exécutives au sein des corporations ecclésiastiques cantonales. Et elles sont nombreuses à l’être. Petit tour d’horizon de la Suisse.
Barbara Ludwig, kath.ch – traduction adaptation Maurice Page
Qu’en est-il de l’égalité des sexes dans les Eglises cantonales en Suisse? L’enquête menée par kath.ch montre une présence assez forte dans une majorité de cantons. Dans l’ensemble, la proportion des femmes dans les organes ecclésiastiques catholiques est nettement plus élevée que dans les organes politiques. Seuls Appenzell Rhodes-Intérieures et Genève, n’ont actuellement pas de femme au sein de leur exécutif.
Les corporations ecclésiastiques sont des organes de droit civil, qui existent aux côtés de l’Église catholique romaine. Régies selon les principes démocratiques, elles sont principalement responsables des finances et de la gestion des biens et du personnel de l’Église. A noter, en Suisse romande, que le canton du Valais ne dispose pas d’une corporation ecclésiastique cantonale.
Une forte présence à l’exécutif dans dix cantons
Dans sept des 24 cantons, les femmes et les hommes sont représentés à égalité dans l’exécutif. À Berne, Lucerne, Obwald, Saint-Gall, Schwyz, Uri et Zurich, la proportion de femmes se situe entre 40 et 50 %. Dans les cantons de Bâle-Ville, du Jura et de Zoug, elles constituent même la majorité au sein du gouvernement ecclésiastique avec 60%. En Argovie, en Appenzell Rhodes-Extérieures et à Soleure, Elles occupent un tiers des sièges.
A Fribourg, dans les Grisons, à Neuchâtel, à Nidwald, à Schaffhouse, en Thurgovie et dans le canton de Vaud, la proportion de femmes se situe entre 20 et 30%. En fonction de la taille de l’instance, cela signifie qu’actuellement un à quatre sièges sont occupés par des femmes.
En queue de peloton, on trouve Appenzell Rhodes-Intérieures, Bâle-Campagne, Genève et Glaris avec un quota inférieur à 20%. Il y a une femme à Bâle-Campagne et à Glaris, et aucune à Appenzell Rhodes-Intérieures et à Genève.
A titre de comparaison, les femmes forment, en 2021, 26,6% des exécutifs des cantons.
Les hommes dominent les présidences
Même si les femmes sont bien représentées dans de nombreux organes exécutifs, les hommes dominent la présidence. Dans les trois quarts des églises cantonales, le président est un homme. Il y a une femme à la tête de Eglises cantonales de Berne (Marie-Louise Beyeler), du Jura (Corinne Berret), de Nidwald (Monika Rebhan Blättler), de Lucerne (Renata Asal-Steger), de Vaud (Marie-Denise Schaller) et de Zurich (Franziska Driessen-Reding) – donc dans un quart des organisations.
La plus forte proportion de femmes dans le parlement de l’Eglise d’Uri
Huit assemblées législatives présentent un rapport équilibré entre les sexes. A Appenzell Rhodes-Extérieures, Bâle-Campagne, Lucerne et Uri, les femmes ont plus de la moitié des sièges. Le quota le plus élevé de femmes se trouve dans le canton d’Uri, avec environ 59%. Le quota se situe entre 40 et 50% en Argovie, à Berne, à Bâle-Ville et à Zurich.
Dans sept cantons, les femmes occupent environ un tiers des sièges du corps législatif. Il s’agit de Fribourg, Genève, Jura, Nidwald, Obwald, Saint-Gall et Thurgovie. Dans les cantons de Glaris, des Grisons, de Schwyz, de Schaffhouse et de Zoug, les femmes frôlent la barre des 30%.
Aucune information n’est disponible sur la composition de l’organe législatif d’Appenzell Rhodes-Intérieures, de Neuchâtel, de Soleure et de Vaud. Dans les cantons de Soleure et de Vaud, les paroisses ou les associations paroissiales déterminent elles-mêmes le nombre de délégués qu’elles envoient à l’assemblée cantonale.
Dans les parlements des cantons suisses, on compte aujourd’hui 35% de femmes.
Aucune mesure pour promouvoir les femmes
Que font les églises cantonales pour attirer davantage de femmes? En Argovie, avec un quota d’un tiers de femmes dans l’exécutif et de 44,67% au parlement ecclésiastique, il ne semble pas nécessaire de prendre des mesures. «Nous sommes sur la bonne voie», estime le président du Conseil, Luc Humbel.
La situation est similaire à Bâle-Ville, où plus de femmes que d’hommes siègent au conseil de l’Eglise et où le quota de femmes au parlement est de 45,71 %. «Comme il y a pratiquement parité dans les deux corps, aucun effort supplémentaire n’est fait pour recruter des femmes», relève Matthias Schmitz, responsable de l’information. Les églises cantonales du Jura, de Nidwald, de Lucerne, d’Obwald, de Saint-Gall, de Thurgovie, d’Uri et de Zurich ne voient pas non plus la nécessité de prendre des mesures.
Genève veut à nouveau des femmes dans l’exécutif
À Genève, le mandat de deux femmes ayant expiré, il n’y a actuellement que des hommes au sein de l’exécutif. Cela ne devrait pas perdurer, assure la chargée d’information Silvana Basetti. «Nous voulons que des femmes soient à nouveau élues au Comité exécutif prochainement».
Plusieurs corporations indiquent qu’elles n’ont aucune influence sur la répartition des sexes au sein du corps législatif. Ce sont les paroisses qui élisent et envoient les délégués, dit-on à Berne, par exemple. Le même argument est avancé par les cantons de Bâle-Campagne, d’Obwald et de Zoug. Dans le canton de Schwyz, les citoyens catholiques sont responsables de la désignation du parlement de l’Eglise.
Autre élément, les membres du clergé qui occupent des fonctions ex officio dans les organes exécutifs et législatifs des Eglises cantonales influencent la proportion d’hommes. C’est le cas par exemple à Genève. Le vicaire épiscopal, en tant que représentant de l’évêque, est membre de droit du conseil et de l’assemblée générale de l’association Eglise catholique romaine à Genève (ECR) . Une disposition semblable existe à Zurich. Selon les statuts, au moins un membre du Conseil synodal doit appartenir à l’état clérical et être en règle générale un prêtre.
Recherche difficile de personnel
Les Eglises cantonales sont donc pas particulièrement actives pour la promotion des femmes. Dans les organes exécutifs, le fait qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme est un critère secondaire. «Lorsqu’il s’agit de pourvoir des postes de direction, les principaux critères sont la compétence professionnelle et la volonté de coopérer», explique Linus Bruhin, secrétaire de l’Eglise cantonale de Schwytz.
Le défi est de trouver parmi les femmes, ou parmi les hommes, des personnes capables et prêtes à exercer la fonction, renchérit Thomas Uhland, du service de la communication de l’Eglise du canton de Berne. Bien entendu, on veille toutefois à ce que les deux sexes soient représentés de manière aussi équilibrée que possible.
A Soleure, pour les prochaines élections de 2022, deux femmes sont en lice pour un siège au Conseil synodal. (cath.ch/kath.ch/mp)