Dans un article retiré, le cardinal Müller accuse le pape «d’hérésies»
Le site catholique conservateur américain LifeSiteNews a publié une interview du cardinal Gerhard Müller dans lequel il accuse le pape François de commettre des «hérésies». L’article a été retiré après quelques heures.
L’interview du cardinal Müller serait apparu sur le portail américain LifeSiteNews le 8 novembre 2023. Le document aurait été supprimé du web quelques heures plus tard, affirme katholisch.de. Le site allemand assure néanmoins avoir consulté le texte et l’avoir conservé dans son intégralité.
LifeSiteNews est connu comme l’une des tribunes de prédilection des contempteurs du pape. Le site a notamment l’habitude de donner la parole à Mgr Carlo Maria Vigano. L’ancien nonce apostolique aux Etats-Unis y a entre autres publié une lettre en 2020 accusant le pape François d’avoir couvert les abus sexuels commis par l’ancien cardinal américain Theodore McCarrick.
Le cardinal Müller, également coutumier des critiques envers le pape François, s’exprime régulièrement sur le site américain. Mais l’Allemand serait allé, dans l’interview «éphémère» du 8 novembre, «particulièrement loin», commente katholisch.de. Selon le site allemand, le retrait de l’article pourrait ainsi être dû à la crainte des répercussions.
L’accueil des LGBTQ+ au cœur des critiques
L’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) y affirmerait que le pontife a «déjà prononcé de nombreuses hérésies matérielles», bien qu’il ne se soit pas engagé dans ce que l’on appelle les «hérésies formelles». Le cardinal explique que l’hérésie matérielle se réfère à quelque chose de «matériellement incorrect» à propos d’une vérité de foi, mais qu’elle serait commise sans en avoir conscience. «L’hérésie formelle» relèverait de la «volonté personnelle». Elle surgirait lorsque quelqu’un professe une idée contraire à la foi, tout en étant conscient que c’est le cas.
Pour le cardinal Müller, le fait que François ne se soit pas engagé dans ce second type d’hérésies lui permettrait «de ne pas perdre sa charge de pontife pour l’instant». Le prélat allemand prévient toutefois que «l’enseignement contre la foi apostolique priverait automatiquement le pape de sa charge».
Il semble que l’ancien préfet de la CDF ait principalement en tête l’attitude du pape argentin envers les personnes LGBTQ+. Le fait de recevoir de telles personnes et d’être photographiées avec elles constitue, pour le cardinal allemand, «une hérésie matérielle». «Pourquoi n’a-t-il pas reçu dernièrement un père, une mère et leurs cinq enfants?», se demande Gerhard Müller.
Mise en doute de la «papauté» de François
Dans l’interview, le cardinal s’en prendrait également à son successeur à la CDF, le cardinal Victor Manuel Fernandez. Selon le prélat allemand, l’ouverture de la communion aux personnes divorcées et remariées serait un «cas limite d’hérésie formelle» de sa part. L’Allemand affirme au passage que les changements «modernes» dans l’Église sont typiquement introduits par la «voie pastorale» et non par un enseignement direct.
Dans le texte provisoirement visible sur LifeSiteNews, il va jusqu’à interroger la validité de l’élection de Jorge Bergoglio. L’intervieweur du site américain évoque notamment la théorie selon laquelle des accords illicites auraient été passés lors du conclave de 2013 entre les électeurs progressistes du pape. «Il est difficile de juger [si l’élection était invalide], mais en fin de compte, il a été clairement élu par la majorité et, après tout, il n’y avait pas d’objections qualifiées à la procédure», souligne Gerhard Müller. «Et même s’il y avait des lacunes… elles ont simplement été corrigées de facto par l’exercice [de la fonction]», assure-t-il. Pour le bien de l’Eglise, le cardinal allemand, exhorte toutefois à ne pas soulever actuellement la question «car cela serait un énorme désastre». (cath.ch/katholisch.de/ag/rz)