Dans quelques années, les «sans-confession» seront plus nombreux que les autres religions
Suisse: Le nombre de «sans-confession» explose à Genève
Genève, 1er juillet 2013 (Apic) Le nombre de «sans-confession» a explosé en dix ans à Genève. Ils représentent aujourd’hui le tiers de la population, rapporte le 1er juillet 2013 «La Tribune de Genève». L’Office fédéral de la statistique (OFS) n’explique pas ce phénomène. Il évoque des liens Eglises/Etat moins étroits qu’ailleurs, et une frontière commune avec la France, très marquée par la culture laïque.
Aujourd’hui à Genève, les personnes qui se déclarent «sans appartenance religieuse» représentent 35% de la population et leurs rangs ne cessent de grossir, selon le quotidien genevois. Un très gros bataillon, qui les place juste derrière les catholiques (37%), mais très loin devant les protestants (12%), les musulmans (6%) et les juifs (1%). Ces chiffres sont fournis par l’Office cantonal de la statistique et émanent du relevé structurel de 2010.
Les églises se vident, mais d’ordinaire, les comportements sociaux changent lentement. A Genève, ils prennent une vitesse vertigineuse. En 1990, les «sans-confession» n’étaient que 55’000. Puis 73’000 dix ans plus tard. Ils sont aujourd’hui 127’000, soit le tiers de la population des plus de 15 ans. En dix ans, leur nombre a crû de 75%. Dans quelques années, nul doute qu’ils seront les premiers dans ce classement confessionnel, écrit le journal.
Genève, un cas à part? Pas vraiment. A Bâle-Ville, la cité d’Erasme, les «sans-confession» représentent 42% de la population. A Neuchâtel, 38%. Avec Genève, ils forment un trio très largement en tête par rapport aux autres cantons. La moyenne nationale est à 20%. Le Jura, le Valais et Uri sont en queue de classement. Ailleurs en Suisse, cette catégorie connaît également une très forte progression. Elle a doublé en dix ans.
Aucun rapport avec le fisc
Ces déclarations d’indépendance confessionnelle n’ont rien à voir avec la peur du fisc. Ces chiffres émanent des statistiques et non pas des déclarations fiscales. A Genève, 6200 contribuables cochent la case «religion» leur permettant de payer leurs impôts ecclésiastiques. Un chiffre qui n’a que peu augmenté ces dernières années.
Quel est le profil de ces «sans confession» en Suisse? Une publication de l’Office fédéral de la statistique (OFS) permet de s’en faire une idée. Ils habitent plutôt dans les grandes villes et sont les plus représentés dans la tranche d’âge 25-44 ans. Les cadres et les professions intellectuelles sont aussi beaucoup plus irréligieux que les professions élémentaires. Le taux de «sans-confession» augmente avec le niveau de formation. La tertiarisation de l’économie contribue au phénomène.
La mobilité favorise aussi ce détachement vis-à-vis des églises. Les personnes venues de l’étranger sont plus nombreuses à se déclarer «sans confession». Les étrangers de première génération le sont davantage que ceux de deuxième génération. Toutefois, à Genève, le phénomène est inverse: les Suisses sont plus «impies»que les étrangers.
L’OFS n’explique pas le cas particulier de Genève, Bâle et Neuchâtel. Il évoque des liens Eglises/Etat moins étroits qu’ailleurs, et une frontière commune avec la France, très marquée par la culture laïque. Les raisons de la forte augmentation des «sans confession» ces dernières décennies restent en revanche impénétrables. (apic/tdg/ag/cw)