Cyrille Fauchere, à Bramois, le 9 septembre 2015 (Photo: Bernard Hallet)
Suisse

Cyrille Fauchère (UDC/VS): «Je me range à la vision théologique du mariage: l'union d'un homme et d'une femme»

Bramois, 16.08.2015 (cath.ch-apic) Cyrille Fauchère, candidat UDC au Conseil national, n’envisage qu’une forme d’union: celle d’un homme et d’une femme et prône la défiscalisation des allocations familiales. Pour le conseiller municipal de la ville de Sion, une bonne intégration passe par le tissu associatif.

Cath.ch: Certains proposent de mettre sur un même pied d’égalité, les différentes formes de communautés de vie, indépendamment de leur statut, même si l’institution du mariage est conservée.

Cyrille Fauchère: Il n’y a aucune forme d’égalité entre le mariage comme l’entend l’Eglise catholique et, par exemple, le partenariat enregistré. Il en résulte ce que certains appellent l’inégalité. Je ne suis pas d’accord, un seul modèle d’union existe aux yeux de la loi: c’est le mariage, ou l’union civile que je reconnais volontiers. De cette union découlent des droits. J’estime que tous les modèles annexes se sont développés en contradiction avec le droit. Le pacs existe, je peux vivre avec mais je ne vais pas plus loin.

Cath.ch: Cela signifie que le mariage ne peut pas être ouvert aux personnes de même sexe?

C.F.: Non puisqu’il existe la forme juridique du partenariat enregistré. D’un point de vue théologique, le mariage unit un homme et une femme. Il reproduit le modèle, voulu par Dieu, de la création à travers l’amour et l’union charnelle d’un homme et d’une femme. D’un point de vue juridique, le mariage a été pendant longtemps le noyau social à travers lequel ont pu se développer la société et les individualités. En se basant sur le mariage homosexuel, il est impossible de poursuivre le développement du noyau sociétal et, théologiquement, l’Eglise l’interdit. Je me range à la vision catholique du mariage.

Cath.ch : Tout le monde n’est pas catholique, l’évolution du droit ne doit-elle pas suivre l’évolution de la société?

C. F.: Je ne suis pas d’accord. La société est aussi le fruit d’un héritage d’une tradition judéo-chrétienne. Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, on vivait dans une société de chrétienté et cet héritage a donné le droit du travail, les jours fériés, etc. que nous connaissons aujourd’hui. La doctrine sociale de l’Eglise a modelé notre société, elle a permis à des courants comme le socialisme d’émerger. Arrêtons de vouloir systématiquement renier cet héritage. Le mariage doit demeurer dans l’union d’un homme et d’une femme.

Cath.ch: En cas de dissolution d’une communauté de vie, il faut conserver pour le règlement des questions financières le système des trois piliers que sont la communauté des acquêts, le partage de la prévoyance professionnelle et la contribution d’entretien.

C. F.: Dans l’absolu, je ne considère pas le divorce comme une option. Tout ce qui a été acquis par le couple doit être partagé équitablement. De même, ce qui a été acquis avant l’union revient à son légitime propriétaire.

Cath.ch: Pour une certaine souplesse vous décideriez de laisser un juge trancher au cas par cas?

C. F.: Oui, je pense qu’un point de vue extérieur est une bonne chose. Dans le cas de toxicomanie ou dans un cas de violence, les juges doivent pouvoir trancher.

Cath.ch: Et comment gérer la répartition de la prévoyance professionnelle (LPP) dans le cas où l’un des deux conjoints a travaillé pendant que l’autre est resté à la maison?

C. F.: Il faut en effet en tenir compte. Cela peut se faire par le biais de la pension ou d’une rétrocession d’un pourcentage de ce qui a été capitalisé. L’activité professionnelle est un choix de couple. Il est essentiel selon moi d’avoir une maman, ou un papa, à la maison et il est tout aussi essentiel que cela soit rétribué à sa juste valeur.

Cath.ch: Pensez-vous qu’il faille mettre sur un pied d’égalité les couples mariés, non mariés, hétérosexuels, homosexuels concernant l’adoption ?

C. F.: Non, c’est exclu. Les enfants doivent être adoptés, soit par des couples, soit par des personnes individuelles qui répondent aux critères. L’adoption et l’enfant ne sont pas des droits. C’est avant tout le devoir de garantir l’épanouissement des enfants dans un milieu social stable. Je ne suis pas d’accord de transformer l’enfant en une marchandise ou une espèce d’apport juridique pour satisfaire les autres unions.

Cath.ch: La pauvreté touche surtout les familles, les familles monoparentales en particulier. Etes-vous favorable à l’introduction de prestations complémentaires pour les familles qui remplaceraient l’aide sociale?

C. F.: Oui, si on remplace l’aide sociale par des prestations complémentaires dans une même proportion. On aurait, en effet, une saine gestion des charges que représentent les familles monoparentales. Les aides sont indirectes par le coût plus bas des crèches, établi en fonction du revenu. J’aimerais que ces personnes puissent jouir d’un revenu suffisant. Je me méfie du système qui consiste à introduire des prestations complémentaires qui se cumulent, au risque de voir les charges sociales exploser. L’Etat doit remplir ses caisses avant de redistribuer ses subsides. Tout ce qu’il donne d’une main, il le reprend de l’autre à travers des impôts et des taxes.

Cath.ch: Quelles solutions privilégiez-vous pour soutenir les familles de la classe moyenne : déductions fiscales, augmentation des allocations familiales, réduction des primes d’assurance maladie, bourse de de formation…?

C. F.: J’ai défendu les deux initiatives sur la famille de l’UDC, sur la déduction fiscale pour les couples gardant eux-mêmes leurs enfants, et du PDC en faveur la défiscalisation des allocations familiales. Les allocations constituent un revenu supplémentaire qui risque de faire basculer les familles dans une catégorie supérieure d’impôt. Elles doivent disposer de 100% de cette allocation et non pas de 70% comme c’est le cas aujourd’hui. Dans une famille, la question n’est pas de savoir combien on va dépenser mais quand on va le dépenser. Les 100% qui sont dépensés retombent dans l’économie réelle. Tout le monde est gagnant, Etat et société.

Cath.ch: Les bourses d’étude sont un autre moyen de soutenir les familles

C. F.: Je suis pour une bourse d’étude au mérite. L’Etat accorderait par exemple 80% de la bourse en première année d’étude et le complément serait octroyé en fonction des résultats. 100% pour des bons résultats, l’étudiant resterait en revanche à 80% pour des résultats moyens. C’est une forme d’investissement de la part de l’Etat qui attend donc un retour de cet investissement qui est l’obtention d’un diplôme.

Cath.ch: Etes-vous favorable à l’introduction d’un congé paternité pour les pères, au plan fédéral?

C. F.: Ce n’est pas nécessaire. Je comprends le raisonnement, plus de pères restant au domicile pour des raisons professionnelles puisque les femmes travaillent. Ce n’est pas un droit en soi. Je n’ai pas utilisé le congé de naissance. J’ai la chance d’avoir un métier flexible qui m’a permis d’être là le jour « J » et de compenser ensuite.

Cath.ch: Vous n’êtes pas à priori contre?

C. F.: Non, mais je ne me battrai pas pour ce congé paternité. Tous ces congés représentent une charge. Toutes ces heures de travail qui ne sont pas effectuées doivent l’être par quelqu’un d’autre. Je suis d’accord pour faciliter la vie d’un père de famille qui souhaite assister à la naissance de ses enfants, mais cela ne doit pas devenir une charge revendiquée comme un droit. J’entrerais en matière pour une semaine au maximum.

Cath.ch: La libre circulation des personnes a amené en Suisse un nombre élevé de familes étrangères. Ce qui crée des difficultés pour les collectivités en matière  d’infrastructures de ressources humaines et d’intégration. Etes-vous favorables à la mise en place de structures spéciales pour accueillir les enfants étrangers?

C. F.: Non. Je suis favorable à ce qu’on accueille les personnes nécessiteuses avec la décence nécessaire pour ensuite les intégrer à notre système éducatif. Les enfants sont placés dans nos écoles, on leur apprend à lire et à écrire, on leur enseigne notre histoire et notre culture. Il s’agit de leur donner un bagage pour qu’ils restent dans notre pays et s’y sentent bien. En réalisant des structures spéciales, cela revient à dire que notre système est en échec.

Cath.ch: Vous pensez à d’autres structures qui favoriseraient l’intégration?

C. F.: Je suis un grand défenseur de la vie associative qui est un excellent vecteur d’intégration. Je parle des clubs de sport, des scouts, des chorales ou des fanfares. L’état ne doit pas créer de ghettos à travers des structures spécifiques en marge de ce qui existe. Je suis contre les structures qui catégorisent les gens. Je souhaite que les gens s’intègrent dans ce qui existe déjà. J’y vois deux avantages : on intègre ces personnes et on pérénise les structures associatives qui ont de plus en plus mal à se maintenir, faute de bénévoles et de participants.


 

Biographie

Cyrille Fauchère est né en 1981. Il est marié et père de deux enfants. Après l’obtention d’un certificat de maturité et l’accomplissement de ses obligations militaires en 2001, il s’engage dans la Garde suisse pontificale. Il y passe quatre ans. De retour en Suisse, il reprend ses études et obtient un baccalauréat universitaire en lettres (français, histoire, italien) en 2010. Il poursuit actuellement sa carrière à l’université de Fribourg où il est assistant-doctorant en histoire.

1999 marque le début de son parcours politique sous les couleurs de l’UDC qu’il contribue à développer en Valais en créant les jeunesses UDCVR. Lors des élections de 2001 au Grand Conseil valaisan, il se place deuxième derrière Oskar Freysinger et le remplace en 2003 pour siéger jusqu’en 2005. Le candidat à ces élections 2015 est également co-président de l’UDC Valais et conseiller municipal de la ville de Sion depuis 2012. Il y préside la commission de l’aéroport et siège aux commissions scolaire, de la sécurité publique et de la jeunesse.

Cyrille Fauchere, à Bramois, le 9 septembre 2015
16 septembre 2015 | 14:13
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 7  min.
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