Cuba: La «santeria», culte yoruba de Cuba, séduit les étrangers

Une Suissesse parmi les adeptes des dieux africains

La Havane, 9 octobre 2006 (Apic) Comme de plus en plus d’étrangers à Cuba, une anthropologue neuchâteloise est devenue adepte de la santéria, version cubaine du culte yoruba, proche du vaudou africain.

«Ma découverte remonte à un cours sur la religion de la transe en 1998, suivi à l’Université de Neuchâtel», a raconté au correspondant de l’agence France Presse à Cuba Géraldine Correa, 30 ans, dans une «maison-temple» du centre de La Havane.

Anthropologue, elle se penche d’abord sur ce culte comme sujet d’études avant de franchir le pas et de se «convertir», le 4 avril 2005, à la «Regla de Ocha», vrai nom de la religion des anciens esclaves venus au 16e siècle du Nigeria, le terme santeria donné par les Espagnols étant jugé péjoratif.

L’initiation (alliance avec un orisha) dure sept jours pendant lesquels l’aspirant dort sur une natte, effectue des offrandes rituelles (rhum, bananes, noix de coco, animaux sacrifiés) et écoute des «oracles» sur son destin. Le septième jour, l’adepte obligatoirement baptisé, se rend à l’église, illustration d’un certain syncrétisme avec le catholicisme. L’initié (»iyawo») est aussi présenté aux tambours sacrés (»bata») dont le battement syncopé peut l’amener à la transe. Ensuite, pendant un an, l’»iyawo» s’habille de blanc de la tête aux pieds.

Géraldine Correa a vécu cette phase «très contraignante» moitié à Cuba et moitié en Suisse: «Ici à Cuba c’était plus facile car c’est un code assimilé dans la vie quotidienne; on vous laisse la place dans le bus, les gens savent qu’on ne peut pas recevoir quelque chose de la main à la main par exemple». «Il y a de tout, beaucoup de Nord-Américains et Européens, Suisses, Espagnols, Italiens, Français, et même des Japonais. Au Venezuela, et au Mexique aussi, le culte yoruba connaît un vrai boom». Tato Quiñones, Cubain, chercheur en anthropologie et «parrain» de Géraldine, explique cet engouement par une quête de spiritualité de sociétés stressées et hyperconsommatrices.

«Pour les plus intelligents, venir ici est un voyage pour se retrouver eux-même et renouer avec la nature. Pour les autres, il ne s’agit que de superstition et de fétichisme», explique-t-il. Ce culte, supposé apporter des bénéfices immédiats (trouver un mari, se rétablir d’une maladie, etc..) implique le port de bracelets et autres amulettes, et se transforme souvent en un commerce lucratif, une initiation pouvant être «vendue» à un étranger de 700 à 3 ou 4’000 dollars, voire davantage.

«Les divinités qui vivent avec vous»

Lorsqu’elle était doctorante à l’Université de Neuchâtel, Géraldine Correa-Estrada-Morel, s’est penchée sur la construction identitaire d’une société secrète masculine à Cuba : les abakuas ou ñañigos. Son étude de cette société dans la cadre de la Havane aborde la position de la femme au sein des institutions abakuas et dans la société cubaine. En effet, loin d’être exclu, et contrairement aux discours des religieux abakuas, l’élément féminin est perçu comme structurant et indispensable. Dans le cours de son initiation, résidant en partie à Fribourg alors, même si elle était comprise de sa famille, elle a éprouvé, dit-elle «un grand sentiment de solitude».

De la santéria, ce qu’elle apprécie surtout c’est «sa grande tolérance» et le «rapport très personnel avec les divinités, qui vivent avec vous».

Selon l’Association culturelle yoruba de Cuba, citée par l’AFP, qui compte plus de 11’500 affiliés, 1’169 sont des étrangers (contre 800 en 2000), majoritairement des convertis à la santeria ou à des cultes proches (spiritisme, palo monte, société secrète abakua), (apic/ag/vb)

9 octobre 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!