Covid: le Vatican demande aux gouvernements de protéger les pêcheurs
«Il est temps d’agir» pour améliorer les conditions de vie des pêcheurs, profondément touchés par la crise de la Covid-19, alerte le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral dans un communiqué publié par son dicastère le 20 novembre 2020. Le haut prélat a également appelé les autorités concernées à un dialogue sincère et ouvert, afin que les 18 pêcheurs actuellement retenus en Libye soient libérés.
Le manque d’équipement pour lutter contre le virus et l’espace confiné dans lequel les pêcheurs travaillent habituellement ont entraîné la contamination de nombreux membres d’équipage, a observé le cardinal Turkson. Dans l’impossibilité de recevoir une assistance médicale, certains ont «péri et ont été promptement immergés», souvent sans que les familles ne connaissent le sort de leurs êtres chers, s’est-il attristé.
«L’heure n’est plus aux paroles!»
En réalité, la plupart des pêcheurs de par le monde ont été exclus de la protection sociale de base fournie par les gouvernements nationaux et ont été forcés de compter sur la générosité d’organisations charitables, souligne le haut prélat. Devant cet état de fait, il appelle à «un nouvel effort des organisations internationales et des gouvernements, pour qu’ils [adoptent] des législations qui améliorent la vie et les conditions de travail» des pêcheurs. «L’heure n’est plus aux paroles. Il est temps d’agir!», ajoute le chef de dicastère.
Traite humaine et travail forcé
Cette législation doit aussi protéger les travailleurs de la mer contre le problème de la traite humaine et du travail forcé, a-t-il demandé. En effet, le virus, selon lui, a renforcé le flux de personnes susceptibles d’être trompées et contraintes par des agences de recrutement de travailler à bord des bateaux sous la menace, en raison de dettes.
En plus des problèmes liés à la pandémie, le Ghanéen a rappelé les problèmes chroniques rencontrés par les pêcheurs, à savoir la «surpêche» et la pêche illicite. Il s’agit selon lui de pratiques non-durables qui entraînent une diminution des populations de poissons et une réduction de la production à venir.
Un appel pour les pêcheurs retenus en Libye
«En cette Journée mondiale de la pêche, mes pensées vont vers les pêcheurs du monde entier qui font face à de grandes épreuves et vivent avec difficulté», conclut le haut prélat en évoquant les dix-huit pêcheurs de différentes nationalités provenant de Mazara del Vallo, en Sicile, qui sont retenus en Lybie depuis le 2 septembre, sans pouvoir communiquer. Les autorités et les gouvernements nationaux concernés doivent «résoudre cette pénible situation» et «trouver une réponse satisfaisante à travers un dialogue ouvert et sincère», a-t-il exhorté.
Le 2 septembre dernier, neuf bateaux partis de Sicile ont été arrêtés par des patrouilleurs libyens au large des côtes de ce pays. Depuis, l’ensemble de l’équipage formé de huit Italiens, six Tunisiens, deux Indonésiens et deux Sénégalais, est retenu pour «pêche illégale» à Benghazi. Le 20 octobre, le pape François avait également exprimé sa solidarité avec ces pêcheurs. (cath.ch/imedia/cg/rz)