Covid-19 vs mondialisation: réflexion du directeur d'Action de Carême
Le coronavirus a profité du phénomène de mondialisation, qui a vu les sociétés et les économies subir un processus d’intégration poussée. Le Covid-19 se répand ainsi à grande vitesse dans tous les coins de la terre. Cette vague frappe de plein fouet les pays les plus pauvres, les plus vulnérables, constate Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême.
Le processus d’intégration des sociétés et des économies n’est pas dépourvu d’avantages, reconnaît le directeur de l’œuvre d’entraide des catholiques suisses: production à coûts réduits, accès à des produits du monde entier, contact avec d’autres cultures et communication sans limites.
Les revers de la mondialisation
«Mais la médaille a aussi ses revers, connus de longue date: conditions de travail proches de l’esclavage, libéralisation du commerce mondial sans égard pour les personnes et leur environnement, pillage des ressources naturelles au mépris des droits humains et du réchauffement planétaire».
En ce moment, le monde s’est arrêté. Un silence inhabituel a envahi presque tous nos lieux de vie et de travail. En même temps, l’inquiétude et l’angoisse pour nos proches s’emparent de nous: nous nous faisons du souci pour leur santé, pour la sécurité de notre approvisionnement et pour l’emploi. Des paradoxes se manifestent: la concentration de CO2 et de particules fines dans l’air chute dans le monde entier, ce qui sauve des vies, pendant que le coronavirus fait des victimes, poursuit Bernd Nilles.
Les bases de notre existence sont ébranlées
De nouvelles embûches entravent aussi la coopération au développement: le coronavirus infeste les 14 pays dans lesquels opèrent les partenaires d’Action de Carême, souligne son directeur. En Amazonie, ce sont les mineurs qui le propagent parmi des communautés indigènes sans défense. Partout, les gouvernements décrètent le confinement et les systèmes de santé sont au bord de la rupture.
«Les classes moyennes et supérieures accaparent la nourriture, tandis que les pauvres n’ont pas les moyens de se procurer les produits de première nécessité. Leur principal pourvoyeur d’emplois – le secteur informel avec ses microentreprises et ses stands au marché – est paralysé, ce qui les prive de leurs moyens d’existence. Quelques régimes abusent de l’état d’exception tant pour pratiquer la répression que pour restreindre les droits et libertés», déplore Bernd Nilles. La propagation de fausses nouvelles sème l’inquiétude, le chaos et la violence.
Action de Carême assure faire face à cette situation et continuer à soutenir les plus démunis. Dans la situation actuelle, il est possible que de nombreuses personnes ne pensent pas à faire un don, occupées qu’elles sont à prendre soin de leur famille.
Le Covid-19 va frapper de plein fouet les pays les plus pauvres
«Or, il est à craindre que, dans quelques semaines, lorsque nous aurons maîtrisé en Suisse la première vague du coronavirus, cette vague frappe de plein fouet les pays les plus pauvres. Des nouvelles effrayantes nous parviendront alors du monde entier. Les mesures qui seront adoptées, les mêmes que chez nous, s’avéreront moins efficaces du fait de la situation sur place: de nombreux villages n’ont pas d’eau potable, les hôpitaux sont quasi-inexistants, la population n’a pas accès à une alimentation saine et variée et l’approvisionnement en biens et services de première nécessité ne sera pas garanti».
Dans cette situation, Action de Carême compte bien tirer parti de sa longue expérience dans l’accompagnement de groupes marginalisés. «Nous ferons ainsi tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir l’approvisionnement en nourriture d’une population d’environ deux millions de personnes. Nous réaliserons des actions de sensibilisation et d’information pour protéger la population, lutter contre les fausses nouvelles et éviter les troubles. Et nous interviendrons énergiquement lorsque certains seront tentés de profiter de la crise du coronavirus pour porter atteinte aux droits humains», assure-t-il.
Action de Carême continue de soutenir les plus démunis
«L’entraide nous renforce et contribue à la cohésion de toute communauté, y compris la communauté internationale. Alors que nous craignons pour la santé des êtres qui nous sont chers et que le coronavirus engendre une situation oppressante pour nous tous, Action de Carême continue à soutenir les personnes les plus démunies dans 14 pays du Sud de la planète. Les membres de son personnel travaillent à domicile aux quatre coins de la Suisse et restent en contact par voie électronique entre eux et avec un grand nombre de partenaires dans le monde entier, afin de continuer à honorer leur mission avec leur diligence habituelle».
En soulignant que la sollicitude d’Action de Carême vaut tant pour les personnes dans le Sud mondialisé que pour les personnes en Suisse, Bernd Nilles conclut son message par un appel au soutien de tous: «la solidarité ne connaît pas de frontière et rassemble des personnes dans le monde entier». (cath.ch/be)