Le Namaqualand est l'une des régions les plus pauvres d'Afrique du Sud | © Claudia Führer/Action de Carême
Dossier

Covid-19: les pays du Sud face à la pandémie – Afrique du Sud (5)

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En Afrique du Sud, la pandémie de coronavirus inquiète, mais ne semble pas se propager à grande vitesse. Le strict confinement néanmoins mis en place est dur à vivre pour une partie de la population, rappelant à certains les heures sombres de l’Apartheid.

Les trois premiers cas de Covid-19 ont été identifiés en Afrique du Sud entre le 6 et le 12 mars 2020. En date du 23 avril, 3’6358 cas ont été confirmés et 65 personnes sont décédées de la maladie. Jusqu’à présent, 903 personnes se sont rétablies. Le gouvernement sud-africain a décrété à partir du 23 mars un strict confinement de la population. Une mesure qui n’est pas sans poser de problèmes, surtout dans les régions les plus pauvres du pays.

C’est ce que constate l’œuvre d’entraide catholique suisse Action de Carême, par l’intermédiaire de NAMKO, son organisation partenaire sur place. Elle est l’une des rares ONG encore actives dans la région du Namaqualand, dans la province du Cap Nord. La courbe d’infection au Covid-19 y est extrêmement plate, avec 16 cas signalés. Dans le reste du pays, la province de Gauteng présente le taux d’infection le plus élevé avec 1’148 cas, suivie par la province du Cap-Occidental et le Kwa Zulu Natal avec respectivement 868 et 617 cas signalés.

Brutalités policières

Comme le rapporte Quinta Titus, l’une des coordinatrices de projet au sein de NAMKO, la population du Namaqualand, une région pauvre et isolée, était convaincue que le coronavirus ne concernait que les gens riches, étant donné qu’ils sont les seuls à pouvoir voyager à l’étranger. La population pensait donc ne courir aucun danger.

Les habitants ont été d’autant plus surpris lorsque le président a annoncé l’imposition d’un confinement strict à tout le pays. Le sentiment que ces ordres ne les concernaient pas a continué à prévaloir parmi les citoyens de la région. Cependant, lorsque la police et la force de défense nationale sud-africaine ont commencé à patrouiller au sein des communautés, cela a douloureusement rappelé le régime de l’Apartheid, en particulier aux personnes âgées. La jeune génération a, quant à elle, été frustrée par les restrictions, le couvre-feu et la fermeture des petits magasins. Les mouvements de résistance contre ces mesures ont conduit à une augmentation des brutalités policières.

Les écoles sont fermées, les enfants meurent de faim

Le confinement rend impossibles les activités habituelles telles que rendre visite aux voisins, jouer au football ou encore se regrouper pour échanger des points de vue et partager des inquiétudes. Quinta Titus déclare: «Nous sommes habitués à nous emprunter des denrées alimentaires de base en cas de besoin, mais nous devons pouvoir circuler librement pour le faire. Les circonstances actuelles ne font qu’aggraver les difficultés que rencontrent notre peuple pour assurer sa survie».

Les sources de revenus de la plupart des habitants viennent des prestations de l’aide sociale ainsi que des petits travaux tels que les nettoyages, qui ne peuvent plus être effectués. Par conséquent, les membres des communautés les plus démunies se couchent souvent le ventre vide.

La fermeture des écoles a également eu un terrible impact sur les enfants. Ils avaient en effet droit à un repas gratuit par jour à l’école. Désormais, certains peuvent passer la journée sans un seul vrai repas. Les pleurs des enfants affamés du Namaqualand brisent le cœur des habitants.

Augmentation de la violence domestique

Le sentiment de frustration augmente, surtout chez les hommes, et entraîne un accroissement des violences domestiques. Les femmes et les enfants, n’ayant plus la possibilité de quitter leur foyer, sont obligés de faire face à cette situation dramatique, souvent au péril de leur vie. Les collaboratrices et collaborateurs de NAMKO tentent d’aider les femmes concernées via Facebook, mais la charge émotionnelle est immense, car ils ne sont actuellement pas en mesure de leur offrir une aide directe.

Quinta Titus présente clairement les faits : «Dans la situation actuelle, notre peuple n’a plus aucun espoir. Les programmes d’aide du gouvernement ne sont destinés qu’à un petit nombre de personnes et plusieurs éléments démontrent des cas évidents de corruption au sein du programme de distribution des colis alimentaires. Notre peuple a besoin de soutien pour survivre, aujourd’hui plus que jamais.» (cath.ch/com/rz)

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