Covid-19 en Grèce: Eglise et médecins pas sur la même longueur d'onde
A l’approche de la Pâque orthodoxe, dimanche 19 avril 2020, les médecins et les responsables de la santé qui luttent contre la propagation du coronavirus Covid-19 en Grèce s’opposent à la puissante Eglise orthodoxe. Cette dernière continue de célébrer des messes et surtout de donner la communion aux fidèles avec une cuillère passant de bouche en bouche, en dépit des risques de propagation du coronavirus.
S’adressant aux journalistes lors d’une discussion sur la pandémie de coronavirus, le métropolite Syméon de Fthiotida, en Grèce centrale, a déclaré: «Si je savais que le fidèle précédent était infecté par le coronavirus, je recevrais la Sainte Communion immédiatement après lui. Souvenez-vous que nous, les prêtres, ramassons avec la bouche la Sainte Communion si elle tombe par terre».
La communion ne transmettrait pas le virus ?
Le métropolite grec-orthodoxe a ajouté que «la Sainte Communion n’est pas une multi-vitamine qui fera de vous un Superman. Le Christ est la Sainte Communion. Ce n’est pas quelque chose de magique qui vous empêchera de tomber malade ou de mourir. Mais cela ne transmet pas le virus lui-même».
Syméon de Fthiotida prétend que personne ne peut affirmer qu’un virus ait été une fois transmis lors de la communion. «Quiconque prétend cela, devrait également le justifier. En fait, des témoignages et des expériences de la vie de notre Eglise prouvent exactement le contraire!» Même son de cloche chez le métropolite Ioannis de Langada, dans le nord de la Grèce: «le vin contient de l’alcool, et que l’alcool tue le virus…»
Prier dans toutes les églises
Dans une déclaration sur le coronavirus Covid-19, publiée à l’issue de sa session du 9 mars 2020, le Saint-Synode permanent de l’Eglise orthodoxe de Grèce a demandé d’intensifier les «prières au Vainqueur de la corruptibilité et de la mort, le Seigneur Jésus-Christ, afin qu’Il préserve Son peuple sain et sauf». Les métropolites doivent recommander aux recteurs des paroisses de célébrer une prière dans toutes les églises de Grèce, dimanche 15 mars 2020, deuxième du Grand Carême, pour prévenir l’extension de la maladie.
Le Saint-Synode estime que «pour les membres de l’Eglise, la participation à la divine Eucharistie et à la communion, au Calice commun de la Vie, ne peut assurément devenir la cause de la transmission de la maladie».
Les fidèles invités à communier
Pour les responsables de l’Eglise orthodoxe, «les fidèles de tous les temps savent que la participation à la divine Communion, même lors de pandémies, constitue d’une part une affirmation effective de l’abandon de soi au Dieu vivant, et d’autre part une manifestation claire de l’amour qui vainc toute crainte humaine pouvant être justifiée».
Le Saint-Synode relève que les discussions et opinions entendues ces derniers jours au sujet de toute cette question, voire même sur l’interdiction éventuelle de la sainte Eucharistie, partent d’un point de départ différent et ont une approche différente.
«Tous ceux qui s’approchent du sacrement ‘avec crainte de Dieu, foi et amour’ et ce tout à fait librement, sans aucune contrainte, communient au Corps et au Sang du Christ, qui devient un ‘remède d’immortalité’, ‘pour la rémission des péchés et la vie éternelle’ (…) Sans condamner qui que ce soit en raison de la crainte et de l’inquiétude, nous confessons que tous les fidèles, accomplissant le devoir de l’amour dans la liberté, continueront à fréquenter nos églises et à communier, ayant la certitude qu’ils communient dans la Vie et l’immortalité». (cath.ch/orthodoxie.com/be)