Les musulmans s’estiment défavorisés

Côte-d’Ivoire: Le président Bédié prône le dialogue inter-religieux

Dakar, 12 janvier 1999 (APIC) Dans un pays multireligieux comme la Côte d’Ivoire, la laïcité de l’Etat reste la meilleure garantie de la paix civile, a souligné le président ivoirien, Henri Konan Bédié. Le chef de l’Etat recevait vendredi dernier les voeux des chefs des différentes religions du pays, conduits par l’archevêque d’Abidjan, Mgr Bernard Agré. Dans le même temps cependant les musulmans se plaignent d’être marginalisés et même persécutés par le pouvoir.

Le président Bédié a mis en garde contre les dérives dues à une mauvaise exploitation de la religion. Le dialogue inter-religieux, a-t-il estimé, donne à l’image de «notre laïcité une ferveur particulière». L’animisme, le christianisme et l’islam sont les principales religions de Côte d’Ivoire, mais de plus en plus de sectes y ont fait leur apparition recrutant parmi les jeunes. Le président Bédié s’est inquiété de leur prolifération: «Je partage vos préoccupations et je reste convaincu que notre laïcité, dans sa tolérance et son respect absolu de la liberté des consciences doit protéger les citoyens des entreprises de séduction des sectes nouvelles, nombreuses et pas toujours clairement identifiées».

Les musulmans frustrés ?

Les musulmans qui représenteraient environ 40% de la population se plaignent cependant d’être marginalisés et harcelés par le pouvoir. Dans un récent dossier sur «le malaise des musulmans» en Côte-d’Ivoire, l’hebdomadaire francophone, «Jeune Afrique» décrit un mécontentement généralisé des fidèles de cette religion. Il rapporte notamment des cas de brutalités de soldats ivoiriens sur des chefs musulmans. Ainsi en mai 1997, des militaires ont fait intrusion dans une mosquée où ils ont bastonné l’imam qui en garde encore les séquelles. Un mois plus tard, les forces de l’ordre ont fait irruption dans une autre mosquée d’Abidjan lors d’une grande prière de vendredi, pour précéder à un contrôle musclé de cartes de séjour. Le gouvernement a officiellement interdit ce type d’opérations. Dans les faits, elles continuent, surtout le vendredi, jour saint chez les musulmans.

En plus de ces exactions, les musulmans ivoiriens critiquent les avantages que le pouvoir a consenti aux chrétiens. Ils citent par exemple leurs démarches infructueuses auprès du gouvernement pour l’octroi de subventions à leurs écoles confessionnelles, pour l’obtention d’une fréquence radio, l’organisation du pèlerinage à la Mecque, la diffusion des programmes musulmans à la télévision à une heure de grande écoute. Sur tous ces points, estiment-ils, les chrétiens sont favorisés. «Plus on tolérera ces injustices, plus le risque de coupure entre les deux communautés musulmane et chrétienne augmentera», a déclaré à «Jeune Afrique» Babily Dembélé, dirigeant d’une organisation islamique du pays. (apic/ibc/mp)

12 janvier 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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